3e mystère glorieux
La Pentecôte


3e mystère glorieux
La Pentecôte

Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.

Changement subit opéré dans les disciples par le Saint-Esprit

Et tous furent remplis du Saint-Esprit.

1) Considérons la bonté et la libéralité des trois personnes divines : du Père et du Fils qui envoient le Saint-Esprit ; du Saint-Esprit qui veut bien se donner Lui-même. Parmi les disciples réunis dans le cénacle, il y a inégalité de rang et de mérites ; cet Esprit divin les remplit tous de ses dons, les comble tous de joie et se donne tout entier à chacun d’eux, en sorte que tous sont vraiment pleins du Saint-Esprit, tous contents et satisfaits, sans désirer pour lors autre chose que Dieu. Il remplit principalement les puissances de leur âme et n’en laisse aucune vide. Il imprime dans leur mémoire les saintes Écritures afin qu’ils s’en souviennent toutes les fois qu’ils en auront besoin ; Il éclaire leur intelligence afin qu’ils comprennent tous les mystères qui y sont cachés ; Il grave en un instant dans leur cœur la loi de la charité en traits si profonds que, quand il n’y aurait au monde ni Loi écrite, ni Évangile, ils seraient eux-mêmes une loi vivante et l’Esprit qui les enseigne intérieurement la leur ferait observer dans toute sa perfection. En un mot, Il exerce à l’égard de chacun des disciples tous les offices qui Lui sont propres. Comme un vent rafraîchissant, Il les récrée avec suavité ; comme un soleil, Il les inonde de lumière ; comme un feu, Il les pénètre d’une chaleur céleste ; comme médecin, Il les guérit de tous leurs maux ; comme maître, Il leur apprend toutes choses et fait d’eux les maîtres des nations. De timides, Il les rend courageux ; de faibles, forts ; d’ignorants, savants ; d’envieux, charitables ; d’ambitieux, humbles ; d’imparfaits, consommés en toutes les vertus. Ô changement prodigieux ! Ô miracle de la droite du Très-Hauts ! Ô puissance infinie de l’Esprit de Dieu ! Ce que Jésus, durant trois ans, n’a fait ni par ses prédications, ni par ses exemples, ni par ses miracles, l’Esprit de Jésus, qui est la vertu d’en haut, l’opère en un moment, sans peine et sans travail.

Ô mon Sauveur, envoyez-moi ce divin Esprit afin qu’Il me change en un homme nouveau, entièrement selon votre cœur. Venez, Esprit sanctificateur ; remplissez-moi de vos dons afin que je vive non plus d’une vie terrestre, mais d’une vie céleste ; détachez-moi des biens passagers de ce monde et faites que je ne cherche ni ne désire rien hors de Vous, puisque je trouve et possède tout en Vous.

2) Tous les disciples, il est vrai, furent remplis du Saint-Esprit ; tous cependant ne le reçurent pas avec une égale plénitude. On remplit d’eau deux vases d’une grandeur inégale ; celui qui a plus de capacité en reçoit plus que celui dont la capacité est moindre. C’est ainsi que, parmi les disciples, ceux qui étaient le mieux disposés eurent une part plus abondante aux dons de l’Esprit-Saint. D’où il suit que la très sainte Vierge reçut, elle seule, plus de grâces que tous les autres ensemble, les apôtres plus que le reste des disciples, tous heureux, tous louant et remerciant le Seigneur de la faveur insigne qu’Il venait de leur accorder. Réjouissons-nous nous-même du bonheur qui leur est commun ; mais félicitons surtout la Reine du ciel des grâces extraordinaires dont elle est comblée et de la joie qu’elle ressent de voir tous les apôtres et tous les disciples remplis de l’Esprit de Dieu, selon la promesse de son divin Fils.

3) Puisqu’il est certain que le Saint-Esprit se communique avec plus de profusion aux âmes qu’Il trouve mieux disposées, excitons en nous un vif désir de préparer la nôtre avec toute la ferveur possible de Le recevoir. Quatre vertus contribueront à cette préparation. La première est la pureté de conscience ; nous l’obtiendrons en nettoyant avec soin le vase où l’Esprit-Saint doit verser ses dons. La seconde est la pureté de cœur ; nous viderons le nôtre de lui-même et de tout esprit contraire à celui de Dieu. La troisième est la confiance en Dieu ; cette vertu élargit et dilate le cœur de l’homme, non selon la mesure des mérites de l’homme-même, mais selon celle des mérites de Jésus-Christ et de sa bonté infinie. La quatrième est une oraison fervente ; elle attire le Saint-Esprit en lui demandant que, dans la distribution de ses grâces, Il ait plus égard à ce qu’Il est qu’à ce que je suis, à sa grandeur qu’à ma bassesse. Plus je m’efforcerai de pratiquer ces quatre vertus, plus j’acquerrai de dispositions pour recevoir l’Esprit-Saint avec l’abondance de ses richesses.

Ô Dieu tout-puissant, qui avez dit à votre peuple : Ouvrez votre bouche, dilatez votre cœur, et je le remplirai, voici que j’ouvre ma bouche pour attirer votre divin Esprits ; je ne souhaite rien tant que d’avoir une âme assez grande pour contenir tous ses trésors. Remplissez mon cœur tel qu’il est et étendez-le toujours davantage par votre miséricorde afin que, s’agrandissant de plus en plus, rien ne l’empêche de recevoir sans cesse de nouvelles faveurs.

4) Considérons que la plénitude avec laquelle les disciples reçurent le Saint-Esprit, fut en rapport non seulement avec leurs dispositions personnelles, mais encore avec leurs différents ministères. Car Dieu notre Seigneur ne manque jamais de donner à chaque homme en particulier la grâce qui lui est nécessaire pour s’acquitter des fonctions qu’Il lui confie et pour satisfaire aux obligations de l’état auquel Il l’appelle. C’est ainsi qu’Il remplit de grâces la glorieuse Vierge, saint Jean-Baptiste et les apôtres, proportionnant ses dons à leur dignité et à leur emploi. Il en use de même aujourd’hui à l’égard de ceux qu’Il destine à quelque état ou à quelque ministère dans l’Église.