24e et dernier dimanche après la Pentecôte

Dom Guéranger ~ L’Année liturgique
24e et dernier dimanche après la Pentecôte

Le nombre des dimanches après la Pentecôte peut dépasser vingt-quatre et s’élever jusqu’à vingt-huit, selon que la Pâque s’est rap­prochée plus ou moins, dans les diverses années, de l’équinoxe du printemps. Mais la messe qui suit est toujours réservée pour la dernière ; on remplit l’intervalle avec celles, plus ou moins nom­breuses, des dimanches après l’Épiphanie, qui, dans ce cas, n’ont point eu leur emploi au commencement de l’année [1]. Ceci toute­fois doit s’entendre exclusivement des oraisons, épîtres et évan­giles ; car, ainsi que nous l’avons dit, les introït, graduel, offertoire et communion restent jusqu’à la fin les mêmes qu’au vingt-troi­sième dimanche .

On a vu que cette messe du vingt-troisième dimanche  était véri­tablement considérée par nos pères comme la dernière du Cycle. L’Abbé Rupert nous a révélé le sens profond de ses diverses parties. Selon la doctrine que nous avions eu l’occasion de médi­ter précédemment [2], la réconciliation de Juda nous y est apparue comme le terme, dans le temps, des intentions divines ; les dernières notes de la sainte liturgie sont venues s’y confondre avec le dernier mot pour Dieu de l’histoire du monde. Le but cherché dans la création par l’éternelle Sagesse, et miséricor­dieu­sement poursuivi dans la rédemption après la chute, est en effet pleinement atteint désormais ; car ce but n’était autre que l’union divine avec l’humanité rassemblée dans l’unité d’un seul corps [3]. Maintenant que les deux peuples ennemis, gentil et juif, sont réunis en un seul homme nouveau dans Jésus-Christ leur chef [4], les deux Testaments, qui marquèrent si profondément au milieu des siècles la distinction des temps anciens et nouveaux, s’effa­cent d’eux-mêmes pour faire place aux splendeurs de l’alliance éternelle.

L’Église arrêtait donc ici, autrefois, la marche de sa liturgie. Elle était satisfaite d’avoir amené ses fils, non seulement à pénétrer en cette manière le développement complet de la pensée divine, mais encore et surtout à s’unir ainsi d’une union véritable au Seigneur, par une communauté réelle de vues, d’intérêts et d’amour. Aussi ne revenait-elle même pas sur l’annonce du second avènement de l’Homme-Dieu et du jugement final, qui avait fait, au temps de l’avent, l’objet de leurs méditations dans les débuts de la vie pur­gative. C’est depuis quelques siècles seulement que, dans la pen­sée de donner au cycle une conclusion plus précise et plus appré­hensible aux chrétiens de nos jours, elle le termine par le récit prophétique de la redoutable arrivée du Seigneur, qui clôt les temps et inaugure l’éternité. Saint Luc se trouvant de temps im­mémorial chargé d’annoncer dans les jours de l’avent cet avène­ment terrible (1er dimanche  de l’avent), l’évangile de saint Matthieu fut choisi pour le décrire de nouveau, et plus longue­ment, au dernier dimanche  après la Pentecôte.

À la Messe

L’introït comme 23e dimanche  après la Pentecôte.

L’exercice des bonnes oeuvres avec l’aide de la grâce nous fait obtenir une grâce plus grande. Demandons avec l’Église, dans la Collecte, une action efficace de ce moteur divin sur nos volontés.

Collecte

Nous vous en supplions, Seigneur, animez les volontés de vos fidèles, afin que, produisant avec plus d’ardeur les fruits des œuvres célestes, ils reçoivent par votre bonté des secours plus grands. Par Jésus-Christ.

Épître

Lecture de l’épître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Colossiens. Chap. 1

Mes Frères, nous ne cessons point de prier pour vous et de demander que vous soyez remplis de la connaissance de la volonté de Dieu en toute sagesse et intelligence spirituelle, afin que vous marchiez d’une manière digne de Dieu, lui plai­sant en toutes choses, portant des fruits en toute sorte de bonnes œuvres, et croissant dans la science de Dieu, remplis de force en tout par la puissance de sa gloire, patients en toutes rencontres et d’une longanimité accompagnée de joie, rendant grâces à Dieu le Père qui nous a rendus dignes d’avoir part à l’héritage des saints en nous éclairant de sa lumière, qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres et transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé par le sang duquel nous avons reçu la rédemption et la rémission des péchés.

Action de grâces et prière : c’est le résumé de notre épître et la digne conclusion des instructions de l’Apôtre, comme du cycle entier de la sainte liturgie. Le Docteur des nations n’a point défailli dans la tâche que lui avait confiée la Mère commune ; il ne tient pas à lui que les âmes dont il avait pris la conduite au len­demain de la descente de l’Esprit d’amour, ne soient toutes par­venues aux sommets de perfection qu’il rêvait pour elles toutes. Et de fait, les chrétiens fidèles à marcher sans faiblir dans la voie ouverte, il y a un an, devant eux par la sainte Église, savent maintenant, pour en avoir acquis la bienheureuse expérience, que cette carrière de salut aboutissait sûrement à la vie d’union où règne en souveraine la divine charité ! En quel homme, du reste, pour peu que cet homme ait laissé prendre son intelligence et son cœur à l’intérêt que présente le développement des saisons litur­giques, en quel homme ne s’est pas développée du même coup la lumière ? Or la lumière est l’indispensable élément qui nous arrache à l’empire des ténèbres et nous transfère, par le secours du Dieu très-haut, dans le royaume de son Fils bien‑aimé. L’œuvre de la rédemption que ce Fils de son amour est venu accomplir ici-bas à sa gloire, n’a donc pu qu’avancer dans tous ceux qui se sont associés d’une façon quelconque aux pensées de l’Église, depuis les semaines de l’Avent jusqu’en ces derniers jours du Cycle. Tous dès lors, qui que nous soyons, nous devons rendre grâces à ce Père des lumières [5], qui nous a rendus dignes d’avoir une part, si minime soit-elle, à l’héritage des saints.

Mais tous aussi, quelle qu’en soit la mesure, nous avons à prier pour que le don excellent [6] déposé dans nos cœurs, se prête au développement que doit lui apporter le nouveau cycle à la veille de s’ouvrir. Le juste ne peut rester stationnaire ici-bas : il faut qu’il descende ou qu’il monte ; et quelle que soit la hauteur où l’a déjà porté la grâce, il doit toujours, tant qu’il est en cette vie, monter davantage [7]. Les Colossiens, auxquels s’adressait l’Apôtre, avaient pleinement reçu l’évangile ; la parole de vérité semée en eux y fructifiait merveilleusement dans la foi, l’espérance et l’amour [8] : or, loin d’en prendre occasion de relâcher sa sollicitude à leur égard, leurs progrès sont précisément la raison pour laquelle [9] saint Paul, qui priait déjà, ne cesse plus de le faire. Prions donc nous aussi. Demandons à Dieu qu’il nous remplisse encore et toujours de sa divine Sagesse et de l’Esprit d’intelli­gence. Nous en avons besoin pour répondre à ses intentions misé­ricordieuses. L’année qui va commencer réserve à notre fidélité des ascensions nouvelles, laborieuses peut-être ; mais elles seront récompensées par des aspects nouveaux dans les jardins de l’Époux, et la production de fruits plus nombreux et plus suaves. Marchons donc d’une façon digne de Dieu, joyeux et forts sous le regard de son amour, dans la voie montante qui nous conduit au repos sans fin de la vision bienheureuse.

Le graduel comme au 23e dimanche  après la Pentecôte.

Évangile

La suite du saint évangile selon saint Matthieu. Chap. 24

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation prédite par le prophète Daniel établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne) : alors que ceux qui sont dans la Judée fuient aux montagnes ; que celui qui sera sur le toit n’en descende point pour prendre quelque chose en sa maison ; que celui qui sera dans le champ ne retourne point prendre sa tunique. Mais malheur aux femmes qui seront enceintes ou allaiteront en ces jours-là ! Priez pour que votre fuite n’arrive point en hiver ou le jour du Sabbat. Car la tribulation d’alors sera si grande, qu’il n’y en a point eu de pareille depuis le commencement du monde, et qu’il n’y en aura point. Et si ces jours n’étaient pas abrégés, aucune chair ne serait sauvée ; mais ces jours seront abrégés à cause des élus. Si alors quelqu’un vous dit : Voici que le Christ est ici, ou il est là, ne le croyez point. Car il s’élèvera beaucoup de faux christs et de faux prophètes, et ils feront des choses étonnantes et de grands prodiges, au point de tromper, s’il était possible, les élus eux-mêmes. Je vous en préviens. Si donc ils vous disent : Le voici dans le désert, ne sortez point ; Le voici dans le lieu le plus retiré de la maison, ne le croyez point. Comme l’éclair en effet sort de l’Orient et parait jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. Partout où sera le corps, les aigles s’y rassemble­ront. Mais aussitôt après ces jours de tribulation, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, les vertus des cieux seront ébranlées. Et alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme, et alors se lamenteront toutes les tribus de la terre, et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec une grande puissance et une grande majesté. Il enverra ses anges avec la trompette, et d’une voix éclatante ils rassembleront ses élus des quatre vents, d’une extrémité à l’autre du ciel. Prenez une comparaison du figuier : quand ses branches sont déjà ten­dres et que ses feuilles poussent, vous savez que l’été est proche ; de même donc, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est tout près et à la porte. En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera point que toutes ces choses ne s’accomplissent. Le ciel et la terre passe­ront, mais mes paroles ne passeront point.

Bien des fois, dans les semaines de l’avent, les circonstances qui accompagneront le dernier avènement du Seigneur ont fait l’objet de nos méditations ; sous peu de jours, les mêmes enseignements vont revenir pénétrer nos âmes d’une terreur salutaire. Qu’il nous soit permis aujourd’hui de nous retourner, dans le désir et la louange, vers le Chef adoré dont l’heure solennelle du jugement doit consommer l’œuvre et marquer le triomphe.

Ô Jésus, qui viendrez alors délivrer votre Église et venger Dieu d’insultes prolongées si longtemps, elle sera en effet terrible au pécheur cette heure de votre arrivée ! Il comprendra clairement alors que le Seigneur a tout fait pour lui-même, tout jusqu’à l’impie, réservé pour glorifier sa justice au jour mauvais [10]. L’univers, conjuré pour la perte des méchants [11], se dédommagera enfin de la servitude de péché qui lui fut imposée [12]. Vainement les insensés crieront aux montagnes de les écraser, afin d’échapper au regard de celui qui siégera sur le trône [13] : l’abîme refusera de les engloutir ; obéissant à celui qui tient les clefs de la mort et de l’enfer [14], il vomira jusqu’au dernier ses tristes habi­tants au pied du redoutable tribunal.

Ô Jésus, ô Fils de l’homme, combien grande apparaîtra votre puissance, entouré que vous serez d’autre part des célestes pha­langes [15] formant votre cour brillante, et rassemblant vos élus des quatre coins de l’univers ! Car nous aussi, nous vos rachetés, devenus vos membres en devenant ceux de votre Église bien-aimée, nous serons là en ce jour ; et notre place, ineffable mystère sera celle que l’Époux réserve à l’Épouse : votre trône [16], où, sié­geant avec vous, nous jugerons les anges mêmes [17]. Dès mainte­nant tous les bénis du Père [18], ces élus dont la jeunesse s’est tant de fois renouvelée comme celle de l’aigle au contact de votre sang précieux [19], n’ont-ils pas leurs yeux préparés pour fixer sans fai­blir, quand il se montrera au ciel, le Soleil de justice ? Dans leur faim accrue des lenteurs de l’exil, qui donc pourrait arrêter leur vol, quand paraîtra la proie sacrée de votre divin corps ? quelle force romprait l’impétuosité de l’amour [20] qui les rassemblera au banquet de la Pâque éternelle ? Car c’est la vie et non la mort, la destruction de l’antique ennemie [21], la rédemption s’étendant jusqu’aux corps [22], le plein passage à la vraie terre promise, la Pâque en un mot, cette fois réelle pour tous et sans couchant, que proclamera la trompette de l’Ange sur les tombeaux des justes. Quelle ne sera pas l’allégresse de ce vrai jour du Seigneur [23], pour tous ceux qui par la foi ont vécu du Christ, qui l’ont aimé sans le voir [24] ! S’identifiant à vous, ô Jésus, malgré l’infirmité de leur chair fragile, ils ont continué ici-bas votre vie de souffrances et d’humiliations ; quel triomphe, quand, délivrés à jamais du péché, revêtus de leurs corps immortels, ils seront transportés au-devant de vous pour être avec vous toujours [25] !

Mais leur joie immense sera surtout d’assister, en ce grand jour, à la glorification de leur Chef bien-aimé par la manifestation de la puissance qui lui fut donnée sur toute chair [26]. C’est alors, ô notre Emmanuel, que, brisant la tête des rois et réduisant vos ennemis à vous servir de marchepied [27], vous apparaîtrez comme le seul prince des nations [28]. C’est alors que le ciel, la terre et l’enfer réunis, fléchiront les genoux [29] devant ce Fils de l’homme venu autrefois dans la forme d’esclave, jugé, condamné, mis à mort entre des scélérats ; alors vous jugerez, ô Jésus, les juges iniques auxquels vous annonciez, du sein de vos humiliations, cette venue sur les nuées du ciel [30]. Et lorsque, la redoutable sentence une fois prononcée, les réprouvés iront au supplice éternel et les justes à la vie sans fin [31], votre Apôtre nous apprend que, pleinement vain­queur de vos ennemis, roi sans conteste, vous remettrez au Père souverain ce royaume conquis sur la mort, comme l’hommage parfait du Chef et des membres [32]. Dieu sera tout en tous. Ce sera l’accomplissement de la prière sublime que vous apprîtes aux hommes [33], et qui s’élève plus fervente chaque jour du cœur de vos fidèles, lorsque s’adressant à leur Père qui est aux cieux, ils lui demandent sans se lasser, au milieu de la défection générale, que son Nom soit sanctifié, que son règne arrive, que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Incomparable sérénité de ce jour où cessera le blasphème ; où, purifiée par le feu de la fange du péché, la terre sera un nouveau paradis ! Quel chrétien donc ne tressaillirait, dans l’attente de ce dernier des jours qui ouvrira l’éternité ? qui ne compterait pour bien peu les angoisses de la dernière heure, à la pensée que ces souffrances ne signifient rien autre chose sinon, comme le dit l’Évangile, que le Fils de l’homme est tout près et à la porte?

O Jésus, détachez-nous toujours plus de ce monde dont la figure passe  [34] avec ses vains travaux, ses gloires contrefaites et ses faux plaisirs. Ainsi que vous nous l’aviez annoncé, comme aux jours de Noé, comme à Sodome, les hommes continuent de manger et de boire, de s’absorber dans le trafic et la jouissance ; sans plus songer à la proximité de votre avènement que leurs devanciers ne se préoccupèrent du feu du ciel et du déluge, jusqu’à l’instant qui les perdit tous [35]. Laissons-les se réjouir et s’envoyer des présents, comme le dit votre Apocalypse, à la pensée que c’en est fait du Christ et de son Église [36]. Tandis qu’ils oppriment en mille maniè­res votre cité sainte, et lui imposent des épreuves qu’elle n’avait point connues, ils ne se doutent pas que ce sont les noces de l’éternité qu’ils avancent ; il ne manquait plus à l’Épouse que les joyaux de ces épreuves nouvelles, et la pourpre éclatante dont l’orneront ses derniers martyrs. Pour nous, prêtant l’oreille aux échos de la patrie, nous entendons déjà sortir du trône la voix qui crie, au bruit des tonnerres qu’entendit le prophète de Pathmos : « Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, vous tous qui le crai­gnez, petits et grands. Alléluia ! car il règne notre Seigneur tout‑puissant. Réjouissons-nous et tressaillons, rendons-lui gloire ; car le temps des noces de l’Agneau est arrivé, et son Épouse s’est préparée [37] ! » Encore un peu de temps, afin que se complète le nombre de nos frères [38] ; et, avec l’Esprit et l’Épouse, nous vous dirons dans l’ardeur de nos âmes trop longtemps alté­rées : « Venez, ô Jésus [39] ! venez nous consommer dans l’amour par l’union éternelle, à la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit, dans les siècles sans fin ! »

L’Offertoire comme au 23e dimanche  après la Pentecôte.

Demandons au Seigneur, dans la secrète, qu’à l’approche du der­nier jugement il tourne vers lui tous les cœurs, et qu’il daigne remplacer en nous les appétits de la terre par les désirs et les goûts du ciel.

Secrète

Soyez propice, Seigneur, à nos supplications, et, recevant les dons et les prières de votre peuple, tournez vers vous tous nos cœurs ; faites que, délivrés des appétits de la terre, nous pas­sions aux désirs du ciel. Par Jésus-Christ.

La communion comme au 23e dimanche  après la Pentecôte.

Communion

Puisse le divin Sacrement, comme l’Église le demande dans la Postcommunion, guérir pleinement, par sa vertu, ce qu’il peut à la fin de cette année rester encore de vicieux dans nos âmes !

Postcommunion

Accordez-nous selon notre demande, Seigneur, en considé­ration du sacrement que nous venons de recevoir, que tout ce qui est vicieux dans notre âme soit réformé par sa vertu gué­rissante. Par Jésus-Christ.

À Vêpres

Antienne de Magnificat

En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera point que toutes ces choses ne s’accomplissent. Le ciel et la terre passe­ront, mais mes paroles ne passeront point, dit le Seigneur.

Autres liturgies

Les considérations que nous a inspirées l’évangile, trouveront leur expression liturgique dans cette belle préface du sacramentaire gallican.

Contestatio dominicalis

C’est une chose vraiment digne et juste, Dieu tout-puissant, de vous glorifier, de chanter vos louanges qui dépassent toute mesure, avec crainte et tremblement, ô notre Dieu qui avez résolu de juger le genre humain par votre Fils notre Seigneur. Ô combien grande et profonde est cette disposition de la Sagesse de remettre le jugement à ce même Jésus-Christ notre Seigneur si grand et si beau, que le très cruel peuple Juif osa percer de blessures ! Celui-là vient juger qui fut condamné, celui-là vient juger qui porta la croix, celui-là vient juger dont le cœur fut blessé par la perfidie des Juifs. Il vient, et les mains qu’il étendra pour le jugement sont celles où furent fixés les clous et qui en gardent à jamais la marque, ainsi qu’il est écrit : Ils verront celui qu’ils ont transpercé, et toutes les nations de la terre pousseront des lamentations. Jour de tribulation pour les impies qui s’y verront condam­nés ; jour de triomphe et d’allégresse pour les justes, en même temps que de honte pour les impies ; les justes y seront inondés de grâces, et le peuple Juif plongé dans la confusion. Ô combien dur et difficile sera ce jour, combien effrayant et terrible ! jour de colère, de tribulation et d’angoisse, jour de malheur et de misère, jour de ténèbres et de nuit, d’orage et de tourbillons, où sonnera la trompette, où le ciel tremblera comme la terre, où tous les justes eux‑mêmes seront dans le trouble et l’effroi ; alors toute cause sera discutée, et l’on donnera à chacun selon ses œuvres.

Nous ne saurions mieux terminer dans l’esprit de ce jour nos em­prunts aux diverses liturgies, qu’en faisant suivre l’illation donnée dimanche des deux formules qui lui servent de complément au missel mozarabe.

Après le Sanctus

Dieu vraiment bon, Seigneur Dieu véritablement miséricor­dieux, à vous seul convient la gloire. Pour nous vous avez voulu vous offrir vous-même à vous-même, lorsque le Christ, l’unique héritier, Fils de Dieu avant les siècles et fils de l’homme sur la fin des siècles, s’est présenté sur l’autel de la croix à Dieu le Père en expiation de nos péchés ; en même temps vous instruisiez notre reconnaissance à célébrer la so­lennité de ce mystère dans une foi pleine d’amour et la prati­que des vertus. Octroyez-nous qu’en cette chute du jour, en ce déclin du monde, en cette dissolution de notre être, votre amour console sans fin nos pertes et nous conduise à la parti­cipation de l’éternelle allégresse : ô Christ Seigneur, Rédempteur éternel !

Après « Pridie »

Les mystères de notre rédemption et de votre grâce sont accomplis. Nous vous rendons grâces, nous vous bénissons, Seigneur Jésus-Christ Fils du Dieu vivant : vous qui guérissez les blessures de nos péchés ; vous qui restaurez pour la vie le déclin de nos jours ; vous qui, comme gage consolant du bonheur espéré, nous avez donné l’Esprit-Saint ; vous qui nous donnerez l’éternelle douceur en la terre des vivants. Maintenant donc que l’imminence de la résurrection nous rapproche de cette félicité, daignez nous consoler en ce jour d’ici-bas ; ne nous laissez pas périr à la peine et dans la souillure du péché ; que le passage de cette vie à l’autre nous introduise en la douceur de votre amour, pour demeurer avec vous sans fin dans la bénédiction et la louange. Amen.

[1] – On trouvera ci-après ces dimanches, qui sont les 3e, 4e, 5e et 6e après l’Épiphanie. Dans les années où l’on compte vingt‑cinq dimanches après la Pentecôte, c’est ce dernier qui prend place après le vingt-troisième ; si le nombre de ces dimanches est de vingt-six, le cinquième après l’Épiphanie devient le vingt-quatrième après la Pentecôte. Si ce nombre atteint le chiffre de vingt-sept, on commence à suppléer par le quatrième après l’Épiphanie, s’il s’élève à vingt-huit, par le troisième.

[2] – 13e dim. ap. la Pentec..

[3] – Éph. 2, 16.

[4]Ibid. 15.

[5] – s. Jac. 1, 17.

[6]Ibid.

[7] – Psalm. 83, 6.

[8] – Col. 1, 4-6.

[9]Ibid 9.

[10] – Prov. 16, 4.

[11] – Sap. 5, 21.

[12] – Rom. 8, 21.

[13] – Apoc. 6, 16.

[14]Ibid. 1, 18.

[15]Ibid. 19, 14.

[16]Ibid. 3, 21.

[17] – 1 Cor. 6, 3.

[18] – s. Matth. 25, 3.

[19] – Psalm. 102, 5.

[20] – Cant. 8, 6.

[21] – 1 Cor. 15, 2.

[22] – Rom. 8, 23.

[23] – Psalm. 117, 24.

[24] – 1 s. Pierre 1, 8.

[25] – 1 Thess. 4, 6.

[26] – s. Jean 17, 2.

[27] – Psalm. 109.

[28] – Psalm. 2.

[29] – Philip. 2, 10.

[30] – s. Matth. 26, 64.

[31]Ibid. 25, 46.

[32] – 1 Cor. 15, 24‑28.

[33] – s. Matth. 6, 9.

[34] – 1 Cor. 7, 31.

[35] – s. Luc 17, 26-30.

[36] – Apoc. 11, 10.

[37]Ibid. 19, 5-7.

[38]Ibid. 6, 11.

[39]Ibid. 22, 17.