15e dimanche après la Pentecôte

Dom Guéranger ~ Année liturgique
15e dimanche après la Pentecôte

À la Messe

L’épisode si touchant de la veuve de Naïm donne aujourd’hui son nom au quinzième Dimanche après la Pentecôte. L’Introït nous présente la forme des prières que nous devons adresser au Seigneur dans tous nos besoins. L’Homme-Dieu a promis, Dimanche dernier, d’y pourvoir toujours, à la condition d’être servi par nous fidèlement dans la recherche de son royaume. En lui adressant nos supplications, montrons-nous confiants dans sa parole, comme il est juste de l’être, et nous serons exaucés.

Introït

Inclinez votre oreille vers moi, Seigneur, et exaucez-moi ; sauvez votre serviteur qui espère en vous, mon Dieu ; Seigneur, ayez pitié de moi, parce que j’ai crié vers vous tout le jour. Ps. Remplissez de joie l’âme de votre serviteur, parce que j’ai élevé mon âme vers vous, Seigneur. Gloire au Père. Inclinez.

L’humilité de l’Église dans les supplications qu’elle adresse au Seigneur est pour nous un exemple. Si l’Épouse en use ainsi avec Dieu, quelles ne doivent pas être nos dispositions d’abaissement quand nous paraissons en présence de la souveraine Majesté ? Nous pouvons bien dire à cette tendre Mère, comme les disciples au Sauveur : Montrez-nous à prier (s. Luc 11, 1) ! Unissons-nous à elle dans la Collecte.

Collecte

Que votre miséricorde, Seigneur, purifie et protège sans fin votre Église ; et, parce qu’elle ne peut sans vous demeurer sauve, qu’elle soit toujours gouvernée par votre grâce. Par notre Seigneur.

Épître
Lecture de l’Épître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Galates. Chap. 5 et 6.

Mes Frères, si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit. Ne nous laissons point emporter par le désir de la vaine gloire, nous provoquant les uns les autres, nous jalousant les uns les autres. Mes Frères, si un homme tombe par surprise en quelque faute, vous qui êtes spirituels, relevez-le dans un esprit de douceur, chacun de vous faisant réflexion que la tentation peut aussi l’atteindre. Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. Car si quelqu’un s’estime être quelque chose, lorsqu’il n’est rien, il se trompe lui-même. Mais que chacun examine ses œuvres, et ainsi il aura sa gloire seulement en lui-même, et non dans les autres. Car chacun portera son propre fardeau. Que celui à qui l’on enseigne les choses de la foi assiste de ses biens en toute manière celui qui l’instruit. Ne vous y trompez pas : on ne se moque point de Dieu. L’homme recueillera ce qu’il aura semé : celui qui sème dans sa chair recueillera de la chair la corruption ; celui qui sème dans l’esprit, recueillera de l’esprit la vie éternelle. Ne nous lassons point de faire le bien : nous recueillerons, le temps venu, sans nous lasser. Donc, tandis que nous en avons le temps, faisons du bien à tous, mais surtout à nos frères dans la foi.

La sainte Église reprend la lecture de saint Paul où elle l’avait laissée il y a huit jours. C’est la vie spirituelle, la vie produite par l’Esprit-Saint dans nos âmes pour remplacer celle de la chair, qui continue d’être l’objet des instructions apostoliques. La chair une fois domptée, nous ne devons pas croire achevé pour cela l’édifice de notre perfection ; outre que la lutte doit continuer après la victoire, sous peine d’en voir compromettre les résultats, il faut veiller à ce que l’une ou l’autre des têtes de la triple concupiscence ne profite point du moment où l’effort de l’âme est porté ailleurs, pour se redresser, et faire des blessures d’autant plus dangereuses souvent qu’on songerait moins à s’en préserver. La vaine gloire principalement, toujours prête à infecter de son venin subtil jusqu’aux actes eux-mêmes de l’humilité et de la pénitence, demande à l’homme qui veut servir Dieu, et non se plaire à lui-même dans sa vertu, une surveillance des plus actives.

Quelle folie ne serait-ce pas à un condamné racheté par la flagellation de la peine capitale qu’il avait méritée, de se glorifier des coups marqués dans sa chair par le fouet à châtier les esclaves ? Que cette folie ne soit jamais la nôtre ! Il paraît bien cependant qu’elle pourrait l’être, puisque l’Apôtre fait suivre immédiatement ses avis sur la mortification des passions de la recommandation d’éviter la vaine gloire. Et en effet, nous ne serons assurés pleinement de ce côté, qu’autant que l’humiliation physique infligée au corps aura chez nous pour principe l’humiliation réfléchie de l’âme devant sa misère. Les anciens philosophes avaient, eux aussi, des maximes sur la répression des sens ; et la pratique de ces maximes célèbres était le marchepied dont s’aidait leur orgueil pour s’élever jusqu’aux cieux. C’est qu’ils étaient loin en cela des sentiments de nos pères dans la foi, lesquels, sous le cilice et prosternés en terre (1 Par. 21, 16 ; etc.), s’écriaient du fond de l’humaine bassesse, dans l’intime de leur cœur : « Ayez pitié de moi, ô Dieu, selon votre grande miséricorde ; car j’ai été conçu dans l’iniquité et mon péché est toujours devant moi (Psalm. 50). »

Imposer des souffrances au corps pour en tirer vanité, qu’est-ce autre chose que ce que saint Paul appelle aujourd’hui semer dans la chair, pour récolter au temps venu, c’est-à-dire au jour où seront manifestées les pensées des cœurs (1 Cor. 4, 5), non la gloire et la vie, mais la confusion et la honte éternelle ? Parmi les œuvres de la chair énumérées dans l’Épître précédente se trouvent, en effet, non seulement les actes impurs, mais encore les contentions, les dissensions, les jalousies (Gal. 5, 19-21), qui naissent trop souvent de cette vaine gloire sur laquelle l’Apôtre appelle en ce moment notre attention. La production de ces fruits détestables serait un signe trop certain que la sève de la grâce aurait fait place à la fermentation du péché dans nos âmes, que, redevenus esclaves, il nous faudrait compter avec la loi et ses sanctions terribles. On ne se moque pas de Dieu ; et la confiance que donne justement à quiconque vit de l’Esprit la fidélité surabondante de l’amour, ne serait plus, dans ces conditions, qu’une contrefaçon hypocrite de la liberté sainte des fils du Très-Haut. Car ceux-là seuls sont ses enfants que l’Esprit-Saint conduit (Rom. 8, 14) dans la charité (Gal. 4, 13) ; les autres sont dans la chair, et ne peuvent plaire à Dieu (Rom. 8, 8).

Si nous voulons au contraire un signe non moins certain sous les obscurités de la foi que l’union divine est notre partage, au lieu de prendre occasion, pour nous enfler vainement, des défauts et des fautes de nos frères, soyons indulgents pour eux dans la considération de notre propre misère ; tendons-leur, quand ils tombent, une main secourable et discrète ; portons mutuellement nos fardeaux dans le chemin de la vie : et alors, ayant ainsi rempli la loi du Christ, nous saurons (1 s. Jean 4, 13) que nous demeurons en lui et lui en nous. Car ces ineffables paroles employées par Jésus pour marquer son intimité future avec quiconque mangerait la chair du fils de l’homme et boirait son sang au banquet divin (s. Jean 6, 57), saint Jean qui les avait rapportées les reprend mot pour mot, dans ses Épîtres, afin d’en faire l’application à quiconque observe dans l’Esprit-Saint le commandement de l’amour des frères (1 s. Jean 3, 23-24 ; 4, 12‑13).

Oh ! puisse-t-elle donc résonner sans cesse à nos oreilles cette parole de l’Apôtre : Tandis que nous en avons le temps, faisons du bien à tous ! Car un jour viendra, qui n’est plus éloigné, où l’ange portant le livre mystérieux, un pied sur la terre et l’autre sur la mer, fera retentir dans les espaces sa voix puissante comme celle du lion, et, la main levée au ciel, jurera par Celui qui vit dans les siècles sans fin que le temps n’est plus (Apoc. 10, 1-6) ! C’est alors que l’homme recueillera dans l’allégresse ce qu’il avait semé dans les larmes (Psalm. 125, 5) ; il ne s’était point lassé de faire le bien dans les ténébreuses régions de l’exil, il se lassera moins encore de récolter sans fin dans la vivante lumière du jour éternel.

Pensons, en chantant le Graduel, que si la louange agrée au Seigneur, c’est à la condition de s’élever d’une âme où règne l’harmonie des vertus. La vie chrétienne, réglée sur les dix commandements, est le psaltérion à dix cordes (Psalm. 143, 9) d’où le doigt de Dieu, qui est l’Esprit-Saint (Cf. s. Luc 11, 20 ; s. Matth. 12, 28), fait monter vers l’Époux des accords qui ravissent son cœur.

Graduel

Il est bon de louer le Seigneur, et de chanter des psaumes à votre Nom, ô Très-Haut. V/. Pour publier le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit. Alléluia, alléluia. V/. Parce que le Seigneur est le grand Dieu et le grand Roi qui domine sur la terre entière. Alléluia.

Évangile
La suite du saint Évangile selon saint Luc. Chap. 7.

En ce temps-là, Jésus allait vers une ville appelée Naïm ; et ses disciples allaient avec lui, et une foule nombreuse. Comme il approchait de la porte de la ville, voilà qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère ; et celle-ci était veuve, et beaucoup de personnes de la ville l’accompagnaient. Le Seigneur l’ayant vue, il fut touché de compassion pour elle, et lui dit : Ne pleurez pas. Et il s’approcha, et toucha le cercueil : ceux qui le portaient s’arrêtèrent. Et il dit : Jeune homme, je te le commande, lève-toi. Et le mort se leva, et commença de parler ; et Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, disant : Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple.

C’est la seconde fois que la sainte Église présente l’Évangile qu’on vient d’entendre à nos méditations, et nous ne devons pas nous en étonner ; car les Pères choisis par elle pour en donner l’interprétation (Ambr. in Luc 5 ; Aug. Serm. 44, de verb. Dom.) nous apprennent, dans les deux circonstances, que cette mère désolée qui suit en pleurs le convoi de son fils est l’Église même.

Nous la vîmes une première fois apparaître à nos yeux, sous ce touchant symbole, dans les jours consacrés à la pénitence quadragésimale (Fér. 5 post Dom. 4 Quadr.), lorsqu’elle préparait par ses jeûnes, unis aux souffrances de l’Époux, la résurrection de ceux de nos frères qui étaient morts et que nous pûmes voir ensuite s’asseoir près de nous pleins de vie au banquet de la Pâque. Quelles ne furent pas, en ce grand jour, les joies maternelles s’unissant dans son cœur aux allégresses de l’Épouse ! Car, du même coup, Jésus, doublement vainqueur de la mort, mettait fin à son veuvage en sortant du tombeau et lui rendait ses fils. Et les disciples de Jésus qui le suivent de plus près en s’attachant à sa personne dans la voie des conseils, et toute la foule accompagnant l’Église chantaient à l’envi ces étonnants prodiges et célébraient la visite de Dieu à son peuple.

La Mère ne pleurait plus. Mais, depuis, l’Époux a disparu de nouveau, remontant vers son Père ; l’Épouse a repris les sentiers du veuvage, et les souffrances de son exil s’accroissent chaque jour immensément. Car des pertes nombreuses n’ont point tardé de se produire parmi les fils ingrats qu’elle avait engendrés, une seconde fois (Gal. 4, 19), dans la douleur et les larmes. Ces soins multipliés naguère autour des pécheurs, cet enfantement nouveau sous l’œil de son Époux expirant avaient fait de chacun d’eux, dans la grande semaine, comme l’enfant unique de l’Église. Combien, après la communion de tels mystères, dit saint Jean Chrysostome, n’est-il pas douloureux pour sa tendresse de les voir retourner d’eux-mêmes au péché qui les tue ! « Épargnez-moi, » a-t-elle bien droit de dire selon la parole que le saint Docteur met en la bouche de l’Apôtre : « quel autre enfant, une fois au monde, vient imposer derechef de telles douleurs au sein maternel ? » Car les chutes des fidèles, pour être réparées, ne lui causent pas un moindre travail que l’enfantement de ceux qui n’ont pas cru encore (Chrys. De pœnit. Hom. 1).

Et si nous comparons nos temps à cet âge où la bouche des pasteurs faisait entendre par tout l’univers ses accents respectés, est-il un seul des enfants restés fidèles à l’Église, qu’un tel rapprochement ne pousse à se serrer davantage autour d’une Mère si outrageusement délaissée ? « Resplendissante alors de tout l’éclat des joyaux spirituels dont l’Époux l’avait ornée au jour de ses noces, dit saint Laurent Justinien, elle tressaillait de l’accroissement de ses fils en vertu comme en nombre, les appelant à monter plus haut toujours, les offrant à son Dieu, les portant dans ses bras jusqu’aux cieux. Obéie d’eux, elle était bien la mère du bel amour et de la crainte (Eccli. 24, 24), belle comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille (Cant. 6, 9). Comme le térébinthe elle étendait ses rameaux (Eccli. 24, 22), et, sous leur ombre, protégeait ceux qu’elle avait engendrés contre la chaleur du jour, la tempête et la pluie. Tant qu’elle put donc elle travailla, nourrissant dans son sein tous ceux qu’elle parvenait à rassembler. Mais son zèle, tout incessant qu’il fût, a redoublé depuis qu’elle en a vu plusieurs, et des multitudes, abandonner la ferveur première. Depuis nombre d’années, elle gémit en voyant s’étendre chaque jour l’offense de son Créateur, ses propres pertes et la mort de ses fils. Celle qui se revêtait de pourpre a pris la robe de deuil, et ses parfums n’exhalent plus leur odeur ; une corde a remplacé sa ceinture d’or, on ne voit plus sa brillante chevelure, et le cilice tient lieu d’ornement sur son sein (Isaï. 3, 24). Aussi ne peut-elle arrêter maintenant ses lamentations et ses pleurs. Sans cesse elle prie, cherchant si par quelque manière elle n’arrivera point à retrouver dans le présent sa beauté passée, quoiqu’elle défaille presque en sa supplication, regardant comme impossible de redevenir ce qu’elle était. La parole prophétique s’est accomplie pour elle : Tous ils se sont détournés de la voie, ensemble ils sont devenus inutiles ; il n’y en a point qui fassent le bien, il n’y en a pas même un seul (Psalm. 13, 3) !… Les œuvres multipliées par les enfants de l’Église contre les préceptes divins montrent bien, dans ceux qui les font, des membres pourris et étrangers au corps du Christ. L’Église, cependant, se souvient de les avoir engendrés dans le bain du salut ; elle se souvient des promesses par lesquelles ils s’étaient engagés à renoncer au démon, aux pompes du siècle et à tous les crimes. Elle pleure donc leur chute, comme étant leur vraie mère, et elle espère toujours obtenir leur résurrection par ses larmes. O quelle pluie de larmes est répandue ainsi tous les jours en présence du Seigneur ! que de prières ferventes cette vierge très pure envoie, par le ministère des saints anges, au Christ salut des pécheurs ! Elle crie dans le secret des cœurs, dans les retraites isolées, comme dans ses temples au grand jour, afin que la divine miséricorde rappelle à la vie ceux qui sont ensevelis dans le bourbier des vices. Qui dira son intime allégresse, quand elle reçoit vivants ceux qu’elle pleurait comme morts ? Si la conversion des pécheurs réjouit tellement le ciel (s. Luc 15, 7), combien aussi la Mère ! Selon la mesure de la douleur qu’elle avait conçue de leur perte (Psalm. 93, 19), la consolation déborde alors en son cœur (Laur. Just. De compunct. et planctu christ. perfect.). »

Chrétiens préservés de la défection par la miséricorde du Seigneur, il nous appartient de compatir aux angoisses de l’Église, et d’aider en tout les démarches de son zèle pour sauver nos frères. Il ne peut nous suffire de n’être point de ces fils insensés qui sont la douleur de leur mère (Prov. 17, 25) et méprisent le sein qui les a portés (Ibid. 30, 17). Quand nous ne saurions pas de l’Esprit-Saint lui-même que c’est thésauriser que d’honorer sa mère (Eccli. 3, 5) le souvenir de ce que lui a coûté notre naissance (Tob. 4, 4) nous porterait assez à ne manquer aucune occasion de sécher ses pleurs. Elle est l’Épouse du Verbe, aux noces duquel prétendent aussi nos âmes ; s’il est vrai que cette union soit la nôtre également, prouvons-le comme l’Église, en manifestant dans nos œuvres l’unique pensée, l’unique amour que communique l’Époux dans ses intimités, parce qu’il n’en est point d’autre en son cœur : la pensée de la gloire de son Père à restaurer dans le monde, l’amour des pécheurs à sauver.

Chantons avec l’Église, dans l’Offertoire, ses espérances réalisées ; que notre bouche ne reste jamais muette devant les bienfaits du Seigneur.

Offertoire

J’ai attendu patiemment le Seigneur, et il m’a regardé ; il a exaucé ma prière, et il m’a mis dans la bouche un cantique nouveau de louange à notre Dieu.

Confions-nous, dans la Secrète, à la garde toute-puissante des divins Mystères.

Secrète

Que vos Mystères soient notre garde, Seigneur ; qu’ils nous protègent toujours contre les attaques des démons. Par Jésus-Christ.

La parole de Jésus rappela du trépas le fils de la veuve de Naïm ; sa chair est la vie du monde dans le pain sacré que chante l’Antienne de la Communion.

Communion

Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde.

L’union divine ne sera parfaite en nous, qu’autant que le Mystère d’amour dominera tellement nos âmes et nos corps qu’ils en soient possédés pleinement, ne trouvant plus leur direction qu’en lui, non dans la nature. C’est ce qu’explique et demande la Postcommunion.

Postcommunion

Que la vertu du don céleste, nous vous en supplions, Seigneur, possède nos âmes et nos corps, afin que ce ne soit pas notre propre sens, mais l’effet de ce Sacrement qui nous dirige en tout. Par notre Seigneur.

Autres liturgies

L’Office du Temps au Bréviaire romain nous donnera cette Antienne.

Antienne

Observe, ô mon fils, les préceptes de ton père, et n’abandonne pas la loi de ta mère, mais garde-la toujours en ton cœur.

Nous emprunterons ensuite à l’Église syrienne maronite un de ses chants du Dimanche.

Dimanche, à l’office du matin

En ce jour où la lumière se levant repoussa les ténèbres et la nuit, le ciel et la terre à la fois vous adorent, ô Seigneur, et rendent à vous la louange.

Du Père de lumière a brillé sur nous la clarté ravissante et splendide, chassant les ombres de cette terre, donnant à tout, éclat et vie.

Illuminez nos cœurs de la lumière de vos préceptes, ô miséricordieux ; éloignez des âmes de ceux qui vous servent les ténèbres de l’ignorance, faites que nous soyons agréables à votre gloire.

En ce même jour le Seigneur s’est levé du tombeau dans la vertu, la puissance et la force ; en ce jour aussi l’Église sainte a été parée des prêtres, ses ministres.

Qu’ils sont beaux les chœurs des fils de l’Église debout dans la prière ! de leurs rangs montent de suaves et joyeuses mélodies comme celles des Anges.

Prophètes qui avez révélé les mystères, Apôtres annonçant l’Évangile, Martyrs qui savez mourir, amis du Christ, dans votre sang, aux quatre coins du monde, l’Église sainte a été bâtie. Intercédez pour ses enfants qui chantent votre gloire, afin de trouver grâce.

Ajoutons quelques traits de la très antique formule en l’honneur du Dimanche, que nous a conservée le Livre 7ème des Constitutions apostoliques.

Prière eucharistique du dimanche

Seigneur tout-puissant, qui avez créé le monde par Jésus‑Christ, vous avez consacré le samedi en mémoire de cette œuvre. C’était le jour où vous vous étiez reposé du travail ; vous nous le donniez pour méditer vos lois, pour faire fête dans la joie de nos âmes, à l’honneur de la Sagesse par vous engendrée ; c’est elle aussi qui pour nous voulut naître d’une femme, vivre avec nous, se manifester au baptême : homme et Dieu, souffrant pour nous par votre permission, mort et ressuscité par votre puissance. Célébrant donc la fête de la résurrection, nous donnons le Dimanche à la joie, à cause de celui qui a vaincu la mort, donné la lumière de vie et d’immortalité ; par lui vous avez réuni les nations pour en faire votre peuple acquis, un autre Israël, cher à Dieu et voyant Dieu. Si donc le samedi est le repos après la création, l’achèvement du monde, l’étude des commande­ments, la louange reconnaissante rendue à Dieu pour ses largesses aux hommes : plus haut que tout cela s’élève le Dimanche qui nous révèle ce médiateur, notre législateur et notre guide, auteur de la résurrection, premier‑né de toute créature, Dieu Verbe et homme, seul né de Marie sans concours humain, saint en tout dans sa vie, crucifié pour nous sous Ponce Pilate, mort et ressuscité des morts. C’est pourquoi le jour du Dimanche nous excite, ô Seigneur, à une action de grâces universelle ; car la grâce qui nous y fut donnée a couvert tout autre bienfait de son immensité. O vous qui avez ainsi rempli les promesses des Prophètes, qui avez eu pitié de Sion et de Jérusalem, Seigneur Dieu, maintenant encore recevez la prière que formulent les lèvres de votre peuple rassemblé de toutes les nations qui vous invoquent dans la vérité.

Terminons par cette belle prière du Bréviaire mozarabe.

Oraison

Enfants des hommes espérant à l’ombre de vos ailes, protégez-nous, Seigneur, et couvrez nous toujours ; comme des poussins qui se préparent au vol des cieux, élevez-nous à votre douce chaleur ; que nous ne soyons victimes d’aucune déprédation ni embûche ; que nous ne nous envolions pas du nid de votre Église ; mais que sous votre conduite paternelle, fortifiés de votre aide, nous arrivions à l’abondance de votre maison.