2e mystère glorieux
L’Ascension
2e mystère glorieux
L’Ascension
Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.
I. — Jésus bénit ses disciples assemblés
1) Tous les disciples du Sauveur, en compagnie de sa bienheureuse Mère, étant arrivés au mont des Oliviers, Il leur apparut avec une douceur ravissante et un éclat incomparable. Au lieu de les embrasser comme des amis dont Il était sur le point de se séparer, Il leur permit de baiser les plaies sacrées de ses pieds et de ses mains, d’où émanait une odeur très suave qui leur réconfortait le cœur. La très pure Marie se présenta la première, et, en qualité de mère, elle colla ses lèvres sur la plaie du côté, dans lequel elle aurait souhaité entrer, pour monter au ciel avec son Fils. Mais elle était trop résignée à la volonté de Dieu pour désirer autre chose que ce qu’Il voulait. Saint Pierre, saint Jean ainsi que les autres apôtres et les disciples s’approchèrent ensuite et baisèrent avec une dévotion et une vénération singulières les cicatrices des mains et des pieds de leur divin Maître.
2) Après cette touchante cérémonie, le Sauveur, au rapport de saint Luc, leva les mains et les bénit.
D’abord, Il leva les mains pour signifier que la bénédiction qu’Il se préparait à donner à ses amis avait pour but d’attirer sur eux, non les biens de la terre, mais ceux du ciel ; biens qui sont le fruit de sa mort sur la croix à laquelle ont été attachées ses mains divines. Il les leva toutes deux, parce que toutes deux ont été élevées étendues, et clouées au bois de son supplice ; toutes deux encore, pour représenter l’abondance de ses bénédictions et pour nous montrer qu’il est prêt à verser sur nous à pleines mains les richesses de la grâce et de la gloire. Cette considération doit produire en nous des sentiments de louange et de reconnaissance, que l’on pourrait exprimer par ces paroles du grand Apôtre : Béni soit Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous a comblés de toutes les bénédictions spirituelles et célestes, par les mérites de son Fils.
Ô mon Sauveur, digne d’être béni à jamais, je vous le demande par ces mains que Vous avez levées sur la croix avec autant de douleur que d’amour, pour attirer sur moi les bénédictions d’en haut, daignez les lever encore maintenant pour bénir votre serviteur. De mon côté, je lèverai les miennes vers Vous par de ferventes prières et par des œuvres qui méritent que Vous me donniez votre bénédiction.
Ensuite Jésus bénit ses disciples, accompagnant son geste de paroles qui déclaraient la nature des biens qu’Il leur souhaitait et qu’Il demandait pour eux à son Père. On ne sait pas précisément de quels termes Il se servit, ni quelle grâce en particulier Il leur souhaita ; mais il est probable qu’Il employa quelqu’une des formules que Dieu avait dictées à Moïse et que les prêtres de l’ancienne loi devaient prononcer pour bénir les enfants d’Israël. Il leur dit donc, par exemple : Que le Seigneur vous bénisse et qu’Il veille sur vous ; que le Seigneur vous regarde d’un œil favorable et qu’Il ait pitié de vous ; que le Seigneur tourne son visage vers vous et qu’Il vous donne la paix. Peut-être aussi répéta-t-Il quelque passage de la prière qu’Il avait faite pour eux dans son discours de la Cène, où Il exprime les derniers vœux qu’Il adressa en leur faveur à son Père céleste : Père saint, conservez en votre nom ceux que Vous M’avez donnés, afin qu’ils soient un comme nous ; prenez-les sous votre puissante protection ; qu’ils Me suivent un jour dans votre royaume, pour y contempler la gloire que Je tiens de Vous, parce que Vous M’avez aimé avant la création du monde. Et comme les bénédictions du Fils de Dieu ne sont pas de simples paroles, mais des effets réels, en souhaitant à ses disciples l’abondance des biens du ciel, Il les combla lui-même de tous les dons surnaturels qu’Il demandait pour eux.
Ô mon Jésus, qui, lorsque Vous bénissiez vos premiers disciples, aviez présents à l’esprit tous ceux qui devaient croire en vous dans la suite des âges, faites-moi part de cette bénédiction, de laquelle dépend mon bonheur. Ne me rejetez pas comme Ésaü, qui ne put obtenir d’Isaac son père, une bénédiction pleine et entière. Bénissez-moi, Père infiniment bon, avant de me quitter ; mais que votre bénédiction attire sur moi les biens du ciel, non ceux de la terre puisque ce ne sont pas les biens de la terre, mais ceux du ciel qui peuvent me rendre heureux.
II. — Jésus quitte la terre
Le Seigneur, ayant béni ses disciples, se sépara d’eux, et ils Le virent s’élever peu à peu de la terre vers le ciel. Il y monta, non comme le prophète Élie, sur un char de feu, mais par sa propre vertu ; sa divinité, semblable à la flamme la plus pure et la plus ardente, Le transportant par un mouvement naturel au plus haut des cieux. Il s’élevait ainsi, accompagné de toutes les âmes des justes et d’un grand nombre d’esprits célestes qui étaient venus au-devant de lui. Les disciples suivaient des yeux le corps de leur. Maître, et sentaient leurs cœurs partagés par trois sentiments.
Le premier était un sentiment d’admiration. Quoi de plus nouveau que de voir un homme s’élever de lui-même dans les airs, sans difficulté et sans efforts, avec des marques illustres de puissance et de grandeur !
Le second, un sentiment de joie inexprimable. Ils se réjouissaient de voir que leur Maître était dans l’allégresse et commençait à faire éclater sa divinité. Ils n’eurent garde de déchirer leurs vêtements, comme Élisée déchira les siens lorsque Élie fut enlevé au ciel. Loin de là, ils furent ravis de voir leur Seigneur monter dans sa gloire avec tant de majesté.
Enfin, le troisième sentiment était un désir extrême de suivre celui qu’ils aimaient uniquement. Leurs cœurs du moins ne consentirent point à se séparer de Lui ; et c’est alors que s’accomplit à la lettre cette prophétie de David : En s’élevant vers le ciel, Il entraîna après Lui la captivité captive. Il emmena en effet deux sortes de captifs. Les uns, à savoir, tous les justes qu’Il avait retirés des Limbes, Le suivirent véritablement et en personne ; les autres, comme sa Mère et ses disciples, Le suivaient de toutes les affections de leurs cœurs, que l’amour avait attachés et inséparablement unis au sien.
Oh ! Que n’ai-je été du nombre de ces heureux captifs ! – Ô mon Jésus, captivez mon cœur et emmenez-le au ciel, afin qu’il y soit toujours en votre compagnie. Quelle joie je ressens de Vous voir au milieu des airs, comme un aigle qui excite ses petits à prendre leur essor et à voler après lui. Donnez-moi, Seigneur, les ailes de l’aigle, afin que je Vous suive partout. Que toute mon ambition soit de m’élever avec Vous au-dessus des choses terrestres. Hors de Vous, je ne veux rien sur la terre, et je n’ai d’autre désir que de jouir de votre présence dans le ciel.
2e mystère glorieux
L’Ascension
Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.
I. — Jésus bénit ses disciples assemblés
1) Tous les disciples du Sauveur, en compagnie de sa bienheureuse Mère, étant arrivés au mont des Oliviers, Il leur apparut avec une douceur ravissante et un éclat incomparable. Au lieu de les embrasser comme des amis dont Il était sur le point de se séparer, Il leur permit de baiser les plaies sacrées de ses pieds et de ses mains, d’où émanait une odeur très suave qui leur réconfortait le cœur. La très pure Marie se présenta la première, et, en qualité de mère, elle colla ses lèvres sur la plaie du côté, dans lequel elle aurait souhaité entrer, pour monter au ciel avec son Fils. Mais elle était trop résignée à la volonté de Dieu pour désirer autre chose que ce qu’Il voulait. Saint Pierre, saint Jean ainsi que les autres apôtres et les disciples s’approchèrent ensuite et baisèrent avec une dévotion et une vénération singulières les cicatrices des mains et des pieds de leur divin Maître.
2) Après cette touchante cérémonie, le Sauveur, au rapport de saint Luc, leva les mains et les bénit.
D’abord, Il leva les mains pour signifier que la bénédiction qu’Il se préparait à donner à ses amis avait pour but d’attirer sur eux, non les biens de la terre, mais ceux du ciel ; biens qui sont le fruit de sa mort sur la croix à laquelle ont été attachées ses mains divines. Il les leva toutes deux, parce que toutes deux ont été élevées étendues, et clouées au bois de son supplice ; toutes deux encore, pour représenter l’abondance de ses bénédictions et pour nous montrer qu’il est prêt à verser sur nous à pleines mains les richesses de la grâce et de la gloire. Cette considération doit produire en nous des sentiments de louange et de reconnaissance, que l’on pourrait exprimer par ces paroles du grand Apôtre : Béni soit Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous a comblés de toutes les bénédictions spirituelles et célestes, par les mérites de son Fils.
Ô mon Sauveur, digne d’être béni à jamais, je vous le demande par ces mains que Vous avez levées sur la croix avec autant de douleur que d’amour, pour attirer sur moi les bénédictions d’en haut, daignez les lever encore maintenant pour bénir votre serviteur. De mon côté, je lèverai les miennes vers Vous par de ferventes prières et par des œuvres qui méritent que Vous me donniez votre bénédiction.
Ensuite Jésus bénit ses disciples, accompagnant son geste de paroles qui déclaraient la nature des biens qu’Il leur souhaitait et qu’Il demandait pour eux à son Père. On ne sait pas précisément de quels termes Il se servit, ni quelle grâce en particulier Il leur souhaita ; mais il est probable qu’Il employa quelqu’une des formules que Dieu avait dictées à Moïse et que les prêtres de l’ancienne loi devaient prononcer pour bénir les enfants d’Israël. Il leur dit donc, par exemple : Que le Seigneur vous bénisse et qu’Il veille sur vous ; que le Seigneur vous regarde d’un œil favorable et qu’Il ait pitié de vous ; que le Seigneur tourne son visage vers vous et qu’Il vous donne la paix. Peut-être aussi répéta-t-Il quelque passage de la prière qu’Il avait faite pour eux dans son discours de la Cène, où Il exprime les derniers vœux qu’Il adressa en leur faveur à son Père céleste : Père saint, conservez en votre nom ceux que Vous M’avez donnés, afin qu’ils soient un comme nous ; prenez-les sous votre puissante protection ; qu’ils Me suivent un jour dans votre royaume, pour y contempler la gloire que Je tiens de Vous, parce que Vous M’avez aimé avant la création du monde. Et comme les bénédictions du Fils de Dieu ne sont pas de simples paroles, mais des effets réels, en souhaitant à ses disciples l’abondance des biens du ciel, Il les combla lui-même de tous les dons surnaturels qu’Il demandait pour eux.
Ô mon Jésus, qui, lorsque Vous bénissiez vos premiers disciples, aviez présents à l’esprit tous ceux qui devaient croire en vous dans la suite des âges, faites-moi part de cette bénédiction, de laquelle dépend mon bonheur. Ne me rejetez pas comme Ésaü, qui ne put obtenir d’Isaac son père, une bénédiction pleine et entière. Bénissez-moi, Père infiniment bon, avant de me quitter ; mais que votre bénédiction attire sur moi les biens du ciel, non ceux de la terre puisque ce ne sont pas les biens de la terre, mais ceux du ciel qui peuvent me rendre heureux.
II. — Jésus quitte la terre
Le Seigneur, ayant béni ses disciples, se sépara d’eux, et ils Le virent s’élever peu à peu de la terre vers le ciel. Il y monta, non comme le prophète Élie, sur un char de feu, mais par sa propre vertu ; sa divinité, semblable à la flamme la plus pure et la plus ardente, Le transportant par un mouvement naturel au plus haut des cieux. Il s’élevait ainsi, accompagné de toutes les âmes des justes et d’un grand nombre d’esprits célestes qui étaient venus au-devant de lui. Les disciples suivaient des yeux le corps de leur. Maître, et sentaient leurs cœurs partagés par trois sentiments.
Le premier était un sentiment d’admiration. Quoi de plus nouveau que de voir un homme s’élever de lui-même dans les airs, sans difficulté et sans efforts, avec des marques illustres de puissance et de grandeur !
Le second, un sentiment de joie inexprimable. Ils se réjouissaient de voir que leur Maître était dans l’allégresse et commençait à faire éclater sa divinité. Ils n’eurent garde de déchirer leurs vêtements, comme Élisée déchira les siens lorsque Élie fut enlevé au ciel. Loin de là, ils furent ravis de voir leur Seigneur monter dans sa gloire avec tant de majesté.
Enfin, le troisième sentiment était un désir extrême de suivre celui qu’ils aimaient uniquement. Leurs cœurs du moins ne consentirent point à se séparer de Lui ; et c’est alors que s’accomplit à la lettre cette prophétie de David : En s’élevant vers le ciel, Il entraîna après Lui la captivité captive. Il emmena en effet deux sortes de captifs. Les uns, à savoir, tous les justes qu’Il avait retirés des Limbes, Le suivirent véritablement et en personne ; les autres, comme sa Mère et ses disciples, Le suivaient de toutes les affections de leurs cœurs, que l’amour avait attachés et inséparablement unis au sien.
Oh ! Que n’ai-je été du nombre de ces heureux captifs ! – Ô mon Jésus, captivez mon cœur et emmenez-le au ciel, afin qu’il y soit toujours en votre compagnie. Quelle joie je ressens de Vous voir au milieu des airs, comme un aigle qui excite ses petits à prendre leur essor et à voler après lui. Donnez-moi, Seigneur, les ailes de l’aigle, afin que je Vous suive partout. Que toute mon ambition soit de m’élever avec Vous au-dessus des choses terrestres. Hors de Vous, je ne veux rien sur la terre, et je n’ai d’autre désir que de jouir de votre présence dans le ciel.