Sermon ~ Réagir à la persécution
La miséricorde

Mes bien chers Frères,

Que devons-nous apporter au monde, sinon ce qu’il n’a pas ? Or, la miséricorde, fruit de la charité, lui manque cruellement, puisque la haine tend à prendre la place. C’est donc la miséricorde que nous devons lui donner. Or, nous avons été à bonne école avec le Christ.

Les œuvres de miséricorde spirituelle sont — Instruire les ignorants — Conseiller ceux qui en ont besoin. — Consoler les affligés. — Corriger les pécheurs. — Pardonner les offenses. — Supporter patiemment les défauts du prochain. — Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

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Résumé du sermon
Catéchisme du concile de Trente
Saint Thomas d’Aquin
Catéchisme de saint Pie X

Résumé du sermon

Importance de la miséricorde

C’est ce sur quoi nous serons jugés. Venez à ma droite, car j’ai eu faim, etc.

Elle est le signe de la charité envers Dieu. Saint Jean (1 Jn 4, 20) : Celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit pas et qui n’aime pas son prochain qu’il voit, est un menteur.

Catéchisme du concile de Trente : « ce sujet étant un de ceux qui demandent à être traités très fréquemment, d’une manière très étendue, »

Il faut se donner la possibilité d’exercer la miséricorde. (Cat. Concile de Trente)

Nous devons d’autant plus exercer la miséricorde que nous avons plus à nous faire pardonner : « pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Notre Seigneur affirme que Dieu utilisera envers nous la même mesure que celle que nous aurons utilisée envers le prochain, mais qu’elle sera tassée. « Personne ne quittera pour moi (ce qu’il possède), qu’il n’en reçoive cent fois autant dans cette vie, et le salut éternel dans l’autre. »

La miséricorde est d’autant plus nécessaire que la misère est plus grande. Or quelle plus grande misère que celle de notre époque ? Elle connaît non pas une, mais toutes les misères. La perte de Dieu, l’erreur, désorientation, la tristesse, le péché, l’injustice et ses conséquences.

Les sept œuvres de miséricorde spirituelle

Les sept œuvres de miséricorde spirituelle remédient aux sept misères énumérées ci-dessus. Besoin de la grâce : prier – erreur : enseigner la vérité – désorientation : conseiller – tristesse : consoler les affligés – péché : corriger les pécheurs – injustice : pardonner les offenses – conséquences : porter les faiblesses des autres.

Il faut nous donner la possibilité d’exercer la miséricorde. En tout premier, avoir de la compassion. Prier : union à Dieu – enseigner la vérité, donc la connaître, connaître l’enseignement de l’Église, savoir répondre aux objections, résister aux faux raisonnements et les démonter – conseiller nécessite une grande fidélité au Saint-Esprit, sinon nous serons désorientés nous-mêmes et nous serons des aveugles qui guident des aveugles. – consoler et donc être nous-mêmes dans la joie, d’où nécessité de la joie d’aimer Dieu, l’amour de la croix, anticiper la joie du ciel. – Corriger et donc être soi-même irréprochable. – pardonner : n’être attaché à rien – porter les faiblesses des autres et donc avoir la force que donne le Christ, et que donne le Saint-Esprit dans le don de force.

Difficultés et objections

Pardonner à celui qui demeure dans le péché est une stupidité et une injustice. Réponse : oui, c’est pourquoi il faut travailler à ce que le pécheur change de dispositions pour quitter le péché et accepter le pardon.

Enseigner la vérité suppose de la pédagogie. Même remarque : faire désirer la connaissance de Dieu et de la vérité.

La miséricorde tombe souvent dans le vide et ne sert alors à rien. Réponse : la croix de Jésus ne sert souvent à rien, lorsque le sang de Jésus coule sur des cœurs durs. Et pourtant… La miséricorde rend gloire à Dieu le Père, elle enrichit celui qui l’exerce, comme le martyre, elle est une semence qui porte du fruit au centuple.

Quelques exemples

Les pardons vendéens. Pour un verre de mon sang, je n’aurais pas voulu que tu fusses moins généreux.

La mort de La Rochejaquelein tué par celui auquel il faisait grâce. Le fruit : pas une génération sans prêtre dans chaque famille jusqu’au Concile Vatican II.

Qui as-tu volé, moi ou ton père ? Moi ? Tant mieux, ainsi tu ne te feras pas punir !

L’enseignement de la vérité : les missionnaires qui ont donné leur vie pour enseigner la foi.

La prière et la consolation. Cathelineau organise des pèlerinages dès le début des persécutions par la République. La Sainte Vierge lui rend au centuple en apparaissant.

Consoler. Saint Maximilien Kolbe transforme le bunker de la faim en un paradis où l’on chante des cantiques.

Supporter. Les missionnaires chez les Papous partagent la vermine des Papous.

Catéchisme du concile de Trente

Des œuvres de miséricorde

Le septième commandement nous impose encore une autre obligation. Il veut que nous ayons compassion des pauvres et des malheureux, et que nous sachions employer nos ressources et nos moyens pour les soulager dans leurs besoins et leur détresse. Or, ce sujet étant un de ceux qui demandent à être traités très fréquemment, d’une manière très étendue, les Pasteurs puiseront leurs développements dans les ouvrages de très saints auteurs, comme S. Cyprien, S. Jean Chrysostome, S. Grégoire de Nazianze et d’autres encore qui ont écrit de si belles pages sur l’aumône. Ainsi ils n’auront aucune peine à s’acquitter de leur devoir. Ils chercheront à enflammer les fidèles du désir et de l’ardeur de secourir ceux qui ne vivent que de la charité d’autrui. Mais surtout ils voudront leur montrer clairement combien il est pour eux nécessaire de faire l’aumône – c’est-à-dire de venir généreusement en aide aux malheureux, et par leur argent et par leurs soins – en leur rappelant cette vérité, impossible à nier, que Dieu, au jour suprême du jugement, repoussera honteusement et enverra au feu éternel de l’Enfer ceux qui auront omis et négligé le devoir de l’aumône, tandis qu’au contraire il comblera de louanges et introduira dans le ciel ceux qui auront fait du bien aux indigents. C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même qui a prononcé cette double sentence : « Venez, les bénis de mon Père, possédez le Royaume qui vous a été préparé » et « retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel ! »

En outre les prêtres auront soin de citer aux fidèles d’autres textes de la Sainte Écriture, bien faits pour les convaincre. « Donnez, et l’on vous donnera ! »

Ils insisteront sur cette autre promesse de Dieu, la plus riche et la plus magnifique qui se puisse imaginer : « Personne ne quittera pour moi (ce qu’il possède), qu’il n’en reçoive cent fois autant dans cette vie, et le salut éternel dans l’autre. »

Il ne manquera pas d’ajouter ces autres paroles du Sauveur : « Employez les richesses d’iniquité à vous acquérir des amis, afin que lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. »

Puis, en développant les différentes parties de ce devoir sacré, ils s’appliqueront à bien faire comprendre que ceux qui ne sont pas en situation de donner aux pauvres, doivent au moins leur prêter de bonne grâce, selon ce commandement du Seigneur : « Prêtez, sans rien espérer de votre prêt. » Et David a exprimé en ces termes le mérite d’une telle conduite : « Heureux celui qui a compassion des pauvres et qui leur prête ! »

Il faut se mettre en état de faire l’aumône

Si l’on n’a pas les moyens de venir en aide à ceux qui attendent leur vie de la compassion des autres, la piété chrétienne veut qu’on se mette en état de soulager leur détresse, en s’occupant pour eux, en travaillant de ses mains, s’il le faut. Ce sera en même temps un excellent moyen de fuir l’oisiveté. C’est à quoi l’Apôtre S. Paul exhorte tous les fidèles par son propre exemple, quand il écrit aux Thessaloniciens : « Vous savez bien que vous êtes obligés de nous imiter. » Et dans une autre Épître il dit encore aux mêmes : « Appliquez-vous à vivre en repos, faites ce qui est de votre devoir, et travaillez de vos propres mains, ainsi que nous vous l’avons commandé. » Et aux Éphésiens : « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus désormais, mais plutôt qu’il s’occupe en travaillant des mains à quelque ouvrage utile, afin qu’il ait de quoi soulager celui qui est dans le besoin. »

Enfin il faut vivre avec frugalité, et faire en sorte d’épargner le bien d’autrui, afin de n’être pas à charge, ni insupportable aux autres. Cette vertu, qui est la tempérance, brille d’une manière admirable dans la personne de tous les Apôtres, mais elle éclate surtout dans S. Paul, qui a le droit d’écrire en ces termes aux Thessaloniciens : « Vous vous souvenez, mes Frères, des peines et des fatigues que nous avons essuyées en travaillant jour et nuit, pour n’être à charge à aucun de vous pendant que nous vous annoncions l’Évangile de Dieu », et qui répète dans un autre endroit : « Nous avons été accablé de travail le jour et la nuit pour n’être à charge à personne. »

Au surplus, afin d’accoutumer les chrétiens à exercer envers les pauvres et les malheureux tous les offices de libéralité et de bienfaisance qui se rapportent à cette seconde partie du septième commandement, les Pasteurs ne manqueront pas de faire briller à leurs yeux les splendides récompenses que Dieu réserve en cette vie et en l’autre à ceux qui se seront montrés bons et charitables envers les pauvres.

Saint Thomas d’Aquin

Pareillement, on subvient aux déficiences spirituelles par des actes spirituels de deux façons. D’abord en implorant le secours de Dieu, à quoi correspond la prière ; en second lieu, par l’octroi d’un secours humain qui, lui-même, peut viser trois choses : un défaut de l’intelligence, auquel on remédie par l’enseignement s’il s’agit d’un défaut de l’intellect spéculatif, et par le conseil quand le défaut concerne l’intellect pratique ; – un défaut affectant la puissance appétitive : le plus grand est ici la tristesse, à laquelle on porte remède par la consolation : – un défaut tenant à un acte déréglé, lequel peut lui-même être considéré au triple point de vue : 1° de celui qui pèche, pour autant que l’acte procède de sa volonté déréglée ; le remède approprié est alors la correction ; 2° de celui contre qui on pèche ; s’il s’agit de nous, nous y portons remède en pardonnant l’offense ; mais s’il s’agit de Dieu et du prochain, “il ne nous appartient pas de pardonner”, dit S. Jérôme dans son Commentaire sur S. Matthieu ; 3° des conséquences de l’acte déréglé, qui, même sans que les pécheurs l’aient voulu, affectent péniblement ceux qui vivent avec eux ; le remède consiste alors dans le support de celui qui pèche par faiblesse, selon cette parole de S. Paul (Rm 15, 1) : “Nous devons, nous qui sommes forts, porter les faiblesses des autres.” Et il faut le faire, non seulement selon qu’ils sont faibles, ou difficiles à cause de leurs actes déréglés, mais encore pour tout ce qu’il peut y avoir chez eux de pénible à supporter, selon cette autre parole de l’Apôtre (Ga 6, 2) : “Portez les fardeaux les uns des autres.”

Prier – enseigner la vérité – conseiller – consoler les affligés – corriger les pécheurs – pardonner les offenses – porter les faiblesses des autres

Catéchisme de saint Pie X

Quelles sont les bonnes œuvres dont il nous sera demandé un compte particulier au jour du jugement ?

Les bonnes œuvres dont il nous sera demandé un compte particulier au jour du jugement sont les œuvres de miséricorde.

Qu’entend-on par œuvre de miséricorde ?

L’œuvre de miséricorde est celle par laquelle on secourt les besoins spirituels ou corporels du prochain.

Quelles sont les œuvres de miséricorde corporelle ?

Les œuvres de miséricorde corporelle sont : 1° Donner à manger à ceux qui ont faim. 2° Donner à boire à ceux qui ont soif. 3° Vêtir ceux qui sont nus. 4° Abriter les étrangers. 5° Visiter les infirmes. 6° Visiter les prisonniers. 7° Ensevelir les morts.

Quelles sont les œuvres de miséricorde spirituelle ?

Les œuvres de miséricorde spirituelle sont 1° Conseiller ceux qui en ont besoin. 2° Instruire les ignorants. 3° Exhorter (ou corriger) les pécheurs. 4° Consoler les affligés. 5° Pardonner les offenses. 6° Supporter patiemment les personnes ennuyeuses. 7° Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.