Sermon ~ L’ordre 2 ~ Les pouvoirs du prêtre, ordre et juridiction

Mes bien chers Frères,

L’Église, par le catéchisme du concile de Trente, demande que l’on expose au fidèles ce qu’est le sacrement de l’ordre qui les concerne, bien que les fidèles ne soient pas prêtres, mais parce qu’ils reçoivent un grand nombre des richesses divines par le prêtre.

Nous entrons donc cette fois-ci dans une étude plus détaillée des pouvoirs du prêtre, ce qui est vraiment nécessaire pour comprendre l’exercice du sacerdoce, particulièrement au milieu des épreuves de l’Église, ce qui sera l’objet du sermon suivant.

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Résumé du sermon
Catéchisme du concile de Trente

Résumé du sermon

Les trois pouvoirs du prêtre

Notre Seigneur Jésus-Christ à ses apôtres : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations ; baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ; enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle. » (S. Mt 28, 18)

Au centre et au sommet des pouvoirs du prêtre : l’union au Christ par les sacrements

Le pouvoir central est la sanctification, par les sacrements dont le premier est le baptême et dont le sommet est l’Eucharistie.

Se rappeler tout ce que nous avons enseigné sur l’union à Dieu par Jésus-Christ, sur l’Eucharistie sommet des sacrements parce que sacrement de l’union à Dieu.

L’enseignement

Dans l’Eucharistie, nous nous donnons à Dieu qui nous saisit

Encore faut-il la foi. Primauté de l’enseignement de la foi pour arriver à la communion.

L’homme est d’abord une intelligence.

Le gouvernement des chrétiens

C’est la conséquence. Celui qui est uni à Dieu doit diriger sa vie vers Dieu. Cela aussi s’apprend.

Formation à la liberté des enfants de Dieu. Importance aujourd’hui.

La soumission du prêtre à l’évêque

Ce que nous venons d’exposer montre qu’il y a deux pouvoirs chez le prêtre : celui d’ordre qui est le pouvoir essentiel, qui est le pouvoir sur le corps physique du Christ. C’est la définition du prêtre.

Et pouvoir sur le corps mystique, c’est le pouvoir de juridiction qui comprend l’enseignement et le gouvernement.

En soi, le pouvoir d’ordre n’est pas dans la dépendance de l’évêque. Dès que le prêtre est prêtre, il célèbre validement la messe, c’est-à-dire que sa messe est vraiment le sacrifice eucharistique.

Mais son pouvoir d’ordre est inapplicable aux individus sans la juridiction, c’est-à-dire sans un pouvoir sur le corps mystique, pouvoir qui lui est conféré non par l’ordination, mais par une délégation de l’évêque. Car le prêtre reçoit par l’ordination le pouvoir de consacrer le sacrifice eucharistique, mais il ne reçoit pas de troupeau, pas de responsabilité directe sur les âmes.

C’est l’évêque dont la fonction première est d’être pasteur. Son sacre a pour objet premier de lui confier un troupeau.

Les deux pouvoirs sont liés : le pouvoir de juridiction est au service du pouvoir d’ordre, au service du sacrifice du Christ qui fait la société. Voilà pourquoi l’évêque est aussi prêtre.

Et le prêtre participe au gouvernement de l’évêque sur la part du troupeau qui lui est confiée, par l’enseignement et en transmettant aux fidèles la direction donnée par l’évêque.

Sans cela, ses sacrements seraient illicites.

Les pouvoirs du prêtre dans la crise

Importance de ne pas suivre n’importe quel prêtre ou n’importe quel évêque, à cause de l’enseignement et de la direction donnée, même si le pouvoir d’ordre n’est pas en question. Et donc même si les sacrements sont valides.

Nous développerons ce sujet la prochaine fois et nous lui accorderons tout un sermon en raison de son importance aujourd’hui.

Catéchisme du concile de Trente
Du sacrement de l’Ordre

Si l’on veut examiner avec attention la nature et l’essence des autres sacrements, on reconnaîtra aisément qu’ils dépendent tous du sacrement de l’Ordre ; puisque sans lui, les uns ne pourraient jamais ni exister, ni être administrés, et que les autres demeureraient privés de toutes cérémonies solennelles, ainsi que d’un certain culte et de certains rites religieux. C’est donc un devoir pour les Pasteurs, lorsqu’ils traitent la matière des sacrements, d’expliquer avec le plus grand soin tout ce qui concerne le sacrement de l’Ordre.

§ I. – Il est utile d’expliquer aux fidèles le sacrement de l’ordre

Cette explication leur sera très utile à eux-mêmes d’abord, puis aux autres ecclésiastiques, et même aux simples fidèles : à eux-mêmes, parce qu’en traitant cette matière ils seront plus portés à réveiller en eux la grâce qu’ils ont reçue dans ce sacrement : aux autres ecclésiastiques appelés comme eux à l’héritage du Seigneur, parce qu’ils se sentiront animés du même zèle, et qu’en même temps ils pourront acquérir la connaissance des choses qui leur sont nécessaires pour s’élever plus facilement aux Ordres supérieurs : enfin aux simples fidèles, d’abord parce qu’ils comprendront combien ils doivent respecter les ministres de la religion, et ensuite parce que cette explication pourra souvent être entendue de personnes qui ont l’intention ou le désir de faire entrer leurs enfants dans l’état ecclésiastique, ou d’embrasser eux-mêmes ce genre de vie de leur propre mouvement. Or il ne serait pas convenable de laisser ces personnes dans l’ignorance des choses qui regardent particulièrement cette vocation.

En premier lieu, il faut enseigner aux fidèles quelle est l’excellence et la dignité de ce sacrement, considéré dans son degré le plus élevé, c’est-à-dire dans le sacerdoce. En effet si nous admettons – et il le faut bien – que les Évêques et les prêtres sont comme les interprètes et les ambassadeurs de Dieu, chargés de nous enseigner en son Nom la loi divine et les règles de notre conduite, en un mot de tenir sur la terre la place de Dieu lui-même, il est évident qu’on ne saurait imaginer des fonctions plus nobles que les leurs. Ainsi l’Écriture leur donne-t-elle quelquefois, et à juste titre, les noms d’anges et même de dieux, parce qu’ils exercent en quelque sorte au milieu de nous la Puissance même du Dieu immortel.

Dans tous les temps le sacerdoce a été entouré des plus grands honneurs ; mais les prêtres du Nouveau Testament l’emportent infiniment sur tous ceux qui les ont précédés.

Le pouvoir qu’ils ont de consacrer et d’offrir le Corps et le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et celui de remettre les péchés, dépasse toutes nos conceptions humaines.

On ne peut rien trouver de comparable sur la terre. Enfin, comme notre Sauveur a été envoyé par son Père, comme les Apôtres et les disciples à leur tour ont été envoyés par Jésus-Christ dans le monde entier ; ainsi tous les jours les prêtres sont envoyés avec les mêmes pouvoirs, pour travailler à la perfection des saints, à l’œuvre du Ministère, à l’édification du Corps de Notre-Seigneur. ([1])

On ne doit donc imposer témérairement à personne le fardeau de fonctions si augustes. Ceux-là seuls doivent en être revêtus qui peuvent le soutenir par la sainteté de leur vie, par leur science, leur foi et leur prudence. « Que nul ne vienne (donc) s’attribuer à lui-même cet honneur s’il n’y est appelé de Dieu nomme Aaron » ([2]) c’est-à-dire s’il n’y a été appelé par les ministres légitimes de l’Église. Quant aux téméraires qui osent s’ingérer et s’introduire d’eux-mêmes dans ce ministère, il ne faut pas manquer de faire observer que Dieu les avait en vue, quand il disait : ([3]) « Je n’envoyais point ces Prophètes, et ils couraient. » Il n’y a rien tout à la fois de plus pitoyable et de plus misérable que ces intrus, ni de plus funeste à l’Église.

§ II. – De la puissance ecclésiastique

La puissance ecclésiastique est double ; elle se partage 1° en pouvoir d’ordre, 2° en pouvoir de juridiction.

Le pouvoir d’ordre a pour objet le Corps adorable de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie. Le pouvoir de juridiction s’exerce tout entier sur son Corps mystique. C’est à lui qu’il appartient de gouverner le peuple chrétien, de le conduire et de le diriger dans la voie de la céleste et éternelle félicité.

Le pouvoir d’ordre n’a pas seulement la vertu et la propriété de consacrer l’Eucharistie ; il prépare encore les cœurs à recevoir ce sacrement, il les en rend dignes, et, en général, il s’étend à tout ce qui peut avoir quelque rapport avec l’Eucharistie.

Nos saints Livres parlent de ce pouvoir en beaucoup d’endroits. Mais nulle part il n’est exprimé plus clairement, ni d’une manière plus expresse, que dans S. Matthieu et dans S. Jean ([4]). « Comme mon Père m’a envoyé, dit Notre-Seigneur, ainsi je vous envoie : recevez le Saint-Esprit : les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. »

Ailleurs, il disait : ([5]) « En vérité Je vous le dis ; tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Ces deux textes pourront jeter une lumière très grande sur la Vérité que nous exposons, si les Pasteurs ont soin de les expliquer d’après la doctrine et l’autorité des saints Pères.

C’est pour exercer ce pouvoir que des ministres particuliers ont été institués et consacrés avec des cérémonies solennelles. Cette consécration a reçu le nom de sacrement de l’Ordre ou de sainte ordination. Et si les saints Pères ont cru devoir employer cette expression dont la signification est très étendue, c’est que précisément ils voulaient faire mieux apprécier la dignité et l’excellence des ministres de Dieu.

L’Ordre en effet, à prendre ce mot dans sa force et dans son acception propre, est un arrangement de choses supérieures et de choses inférieures, disposées entre elles de telle sorte que l’une se rattache à l’autre. Par conséquent, puisque dans ce ministère il y a plusieurs degrés et plusieurs fonctions différentes, et que tout est distribué et arrangé selon un ordre déterminé, le non d’ordrelui a été très bien et très justement appliqué.

§ III. – L’ordre est un vrai sacrement

Que l’Ordre, ou l’ordination sacrée, soit un véritable sacrement de l’Église, le saint Concile de Trente le prouve par ce raisonnement que nous avons déjà employé plusieurs fois : le sacrement est le signe d’une chose sacrée ; or ce qui se fait extérieurement dans cette Consécration signifie la grâce et la puissance qui sont accordées à celui que l’on ordonne. Il est donc bien évident d’après cela que l’Ordre est un vrai sacrement dans toute la rigueur du terme. Aussi quand l’Évêque ordonne un prêtre, il lui présente le calice avec le vin et l’eau, et la patène avec le pain en disant : Recevez le pouvoir d’offrir le sacrifice, etc. Car l’Église a toujours enseigné que ces paroles, jointes à la matière, confèrent réellement le pouvoir de consacrer l’Eucharistie, et qu’elles impriment dans l’âme un caractère qui porte avec lui la grâce nécessaire pour s’acquitter dignement et légitimement de cette fonction. Ainsi le déclare l’Apôtre lui-même ([6]) : « Je vous avertis, dit-il à Timothée, de ressusciter la grâce de Dieu qui est en vous par l’imposition de mes mains ; car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse. »

Ainsi, pour nous servir des expressions du saint Concile, l’exercice d’un sacerdoce si sublime étant une chose toute divine, il était de toute convenance, pour y attacher plus de dignité et lui attirer plus de vénération, qu’il y eût dans l’Église plusieurs sortes de ministres de rangs différents, et destinés à assister les prêtres, chacun selon ses fonctions propres. Voilà pourquoi ces fonctions sont distribuées de telle sorte que ceux qui ont reçu la tonsure cléricale, sont élevés ensuite aux Ordres supérieurs, en passant par les Ordres inférieurs.

Il faudra donc enseigner, et l’Église catholique l’a toujours fait, que ces Ordres sont au nombre de sept, désignés sous les noms de portier, de lecteur, d’exorciste, d’acolyte, de sous-diacre, de diacre et de prêtre. Et c’est avec une grande sagesse que ces Ordres ont été établis en pareil nombre. Il est facile de le prouver par les différents ministères qui sont nécessaires pour célébrer le Saint sacrifice de la messe, et pour administrer la Sainte Eucharistie. Car c’est pour ces deux fins qu’ils ont été spécialement institués.

Ces Ordres se divisent en majeurs, et en mineurs. Les Ordres majeurs, qu’on appelle aussi ordres sacrés, sont la prêtrise, le diaconat et le sous-diaconat. Les Ordres mineurs sont ceux d’acolyte, d’exorciste, de lecteur et de portier. Nous allons dire un mot de chacun d’eux, afin que les Pasteurs puissent les expliquer, surtout à ceux qui, selon eux, seraient appelés à les recevoir.


[1] – Eph., 4, 12.

[2] – Heb., 5, 4.

[3] – Jer., 23, 21.

[4] – Joan., 20, 21.

[5] – Matth., 18, 18.

[6] – Timoth., II, 1, 7.