Sermon ~ Les souffrances de Jésus-Christ dans sa passion

Mes bien chers Frères,

Nous avons vu il y a quinze jour pourquoi le Christ avait voulu souffrir. Il est temps de contempler ses souffrances, surtout les souffrances intérieures et de nous y associer.

Je vous donne ci-dessous les notes qui m’ont servi pour ce sermon.

Télécharger

Souffrances du Christ – 3e dimanche de carême

A-t-il souffert toutes les souffrances ?

Oui, non selon leur espèce, mais selon leur genre, le Christ les a endurées toutes, sous un triple rapport.

De la part des hommes qui les lui ont infligées. Il a souffert de la part des païens et des juifs, des hommes et des femmes, comme on le voit avec les servantes qui accusaient Pierre. Il a encore souffert de la part des chefs et de leurs serviteurs, et aussi de la part du peuple, comme l’avait annoncé le psalmiste (2, 1) : ” Pourquoi ce tumulte des nations, ce vain murmure des peuples ? Les rois de la terre se soulèvent, les grands se liguent entre eux contre le Seigneur et son Christ. “Il a aussi été affligé par tous ceux qui vivaient dans son entourage et sa familiarité, puisque Judas l’a trahi et que Pierre l’a renié.

Dans tout ce qui peut faire souffrir un homme. Le Christ a souffert dans ses amis qui l’ont abandonné ; dans sa réputation par les blasphèmes proférés contre lui ; dans son honneur et dans sa gloire par les moqueries et les affronts qu’il dut supporter ; dans ses biens lorsqu’il fut dépouillé de ses vêtements ; dans son âme par la tristesse, le dégoût et la peur ; dans son corps par les blessures et les coups.

Dans tous les membres de son corps. Le Christ a enduré : à la tête les blessures de la couronne d’épines ; aux mains et aux pieds le percement des clous ; au visage les soufflets, les crachats et, sur tout le corps, la flagellation. De plus il a souffert par tous ses sens corporels : par le toucher quand il a été flagellé et cloué à la croix ; par le goût quand on lui a présenté du fiel et du vinaigre ; par l’odorat quand il fut suspendu au gibet en ce lieu, appelé Calvaire, rendu fétide par les cadavres des suppliciés ; par l’ouïe, lorsque ses oreilles furent assaillies de blasphèmes et de railleries ; et enfin par la vue, quand il vit pleurer sa mère et le disciple qu’il aimait.

La douleur que le Christ a endurée dans sa passion fut-elle la plus grande ?

1° causes de la douleur. La douleur corporelle atteignit au paroxysme, soit en raison de tous les genres de souffrances dont il a été parlé à l’article précédent, soit aussi en raison du mode de la passion ; car la mort des crucifiés est la plus cruelle : cloués à des endroits très innervés et extrêmement sensibles, les mains et les pieds. De plus le poids du corps augmente continuellement cette douleur ; et à tout cela s’ajoute la longue durée du supplice, car les crucifiés ne meurent pas immédiatement, comme ceux qui périssent par le glaive. – Quant à la douleur intérieure du cœur, elle avait plusieurs causes ; en premier lieu, tous les péchés du genre humain pour lesquels il satisfaisait en souffrant, si bien qu’il les prend à son compte en parlant dans le Psaume (22, 2) du” cri de mes péchés ». Puis, particulièrement, la chute des juifs et de ceux qui lui infligèrent la mort, et surtout des disciples qui tombèrent pendant sa Passion. Enfin, la perte de la vie corporelle, qui par nature fait horreur à la nature humaine.

2° On peut mesurer l’intensité de la douleur à la sensibilité de celui qui souffre, dans son âme et dans son corps. Or le corps du Christ était d’une complexion parfaite, puisqu’il avait été formé miraculeusement par l’Esprit Saint. Rien n’est plus parfait que ce qui est produit par miracle ; S. Jean Chrysostome le remarque au sujet du vin en lequel le Christ avait changé l’eau des noces de Cana. Et c’est ainsi que, chez le Christ, le sens du toucher, dont les perceptions produisent la douleur, était extrêmement délicat. Son âme aussi percevait avec la plus grande acuité, dans ses puissances intérieures, toutes les causes de tristesse.

3° L’intensité de la douleur du Christ peut ainsi s’apprécier par la pureté de sa douleur et de sa tristesse. Car chez d’autres êtres souffrants la tristesse intérieure, et même la douleur extérieure sont tempérées par la raison, en vertu de la dérivation ou rejaillissement des puissances supé­rieures sur les puissances inférieures. Or, chez le Christ souffrant, cela ne s’est pas produit, puisque, à chacune de ses puissances « il permit d’agir selon sa loi propre », dit S. Jean Damascène.

4° On peut enfin évaluer l’intensité de la douleur du Christ d’après le fait que sa souffrance et sa douleur furent assumées volontairement en vue de cette fin : libérer l’homme du péché. Et c’est pourquoi il a assumé toute la charge de douleur qui était proportionnée à la grandeur ou fruit de sa passion.

Cajetan : les quatre raisons données par S. Thomas : les causes des souffrances du Christ, la nature du Christ qui souffre, la pureté de sa douleur et la grandeur de ses souffrances proportionnée au but à atteindre.        
la pureté de sa douleur et la grandeur de ses souffrances ne se réalisent que dans le Christ. Acuité extraordinaire dans toutes les souffrance, met le Christ à part dans la série des êtres qui ont souffert.                 
Parmi les causes de souffrance énumérées par la première raison, deux sont particulières au Christ : la tristesse dans laquelle l’ont jeté tous les péchés du genre humain, et la perte de la vie corporelle qui appartenait à une personne divine et à une âme si parfaite (Cajetan, comm.)

Toute l’âme du Christ a-t-elle souffert dans sa passion ?

Souffrance dans corps – se communique à l’âme et, par elle, à toutes les puissances de l’âme. – tristesse – raison inférieure (raison en tant que nature) qui apprécie la nocivité de la Passion et s’en afflige – souffrance dans son amour des hommes :

En vertu de l’amour, qui de deux êtres n’en fait pour ainsi dire qu’un, on ressent de la tristesse non seulement de ce que l’on considère comme nuisible pour sa propre personne, mais aussi de ce que l’on envisage comme nocif pour ceux que l’on aime ; sous ce rapport, le Christ a ressenti de la tristesse, de ce fait qu’il savait qu’un péril de faute ou de peine menaçait ceux qu’il aimait de charité. Aussi le Christ a-t-il souffert non seulement du mal qui l’atteignait, mais aussi du mal que subissaient les autres.

le Christ se réjouissait, dans sa raison supérieure, des mêmes choses dont il souffrait, dans ses sens, son imagination et sa raison inférieure ; il s’en réjouissait en tant qu’il les référait à l’ordre de la divine Sagesse.

La raison supérieure (raison en tant que raison) contemple Dieu dans son essence et en éprouve une joie bienheureuse ; de même elle éprouve une grande joie en considérant le rapport des souffrances au bien que Dieu en tire.

La prière du Christ « s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi, mais que votre volonté se fasse » exprime ces deux désirs.

Nous associer aux souffrances du Christ

Principalement aux souffrances intérieures.

Souffrir de l’état des pécheurs, de l’état de l’Église, de notre pauvre pape, de voir que Jésus n’est pas aimé. Accomplir les demandes ne Notre Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs et pour la réparation des offenses contre Dieu et contre la Très Sainte Vierge.