Sermon sur Dieu ~ 2 Les rapports entre la raison et la foi, entre la science et la foi

Mes bien chers Frères,

Je tiens tout d’abord à vous remercier de vos prières pour notre retraite sacerdotale qui fut excellente. Le prédicateur nous a remis en lumière la lutte entre les deux cités avec l’héritage de Mgr Lefebvre et de tant d’autres prêtres, avec des considérations profondes dans leur simplicité, nous montrant cette lutte comme Dieu la voit et, surtout, comme il la mène. Nous prîmes le temps d’une visite tous ensemble à Notre Dame de Lourdes, au sanctuaire de Betharram et d’une promenade fraternelle. Deo gratias !

Le sermon d’aujourd’hui traite d’une question primordiale pour la solidité de la doctrine chrétienne. Sans les certitudes que l’Église nous rappelle et que je ne fais que vous exposer, l’édifice de notre foi ne peut que se lézarder et finir en ruine. Nous sommes là au cœur du monde moderne dans son audace pour chasser Dieu scientifiquement.

Notre Dame, trône de la sagesse, priez pour nous !

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Résumé du sermon
Concile Vatican I
Saint Thomas d’Aquin

Résumé du sermon

C’est à bon droit que les vérités inaccessibles à la raison sont proposées aux hommes comme objets de foi

Saint Thomas d’Aquin dit que la révélation est nécessaire principalement à cause de la destinée éternelle de l’homme. ¡ éternelle, c’est-à-dire la possession de Dieu, non pas seulement spirituelle, c’est-à-dire relevant de l’esprit !

Cela va contre les rationalistes du XVIIIe qui prétendaient que l’homme ne doit s’occuper que de l’homme, ou que ce qui est en dehors de la raison doit être considéré comme n’existant pas.

La cause du rationalisme est évidemment l’orgueil : si Dieu s’est révélé, il demande nécessai­rement acceptation, soumission, mise en pratique. Si on affirme qu’on ne peut connaître autre chose que ce que connaît la raison, on s’émancipe totalement. Cette émancipation par rapport à la sainte Trinité, entraîne nécessai­rement une émancipation par rapport à tout le réel créé par Dieu. C’est ainsi que les rationalistes « créent » ou plutôt imaginent une nouveau monde à leur idée.

Ce n’est pas légèreté que de donner son assentiment aux choses de la foi, bien qu’elles dépassent la raison

Certes, les vérités de la foi ne peuvent être découvertes ni prouvées par la raison humaine, mais Dieu a donné de nombreux signe pour montrer qu’il est raisonnable que la raison se soumette à ces vérités qui la dépassent.

Œuvres très au-dessus des possibilités de la nature : résurrection de morts, guérisons dépassant les moyens naturels, prodiges dans les corps célestes,
et, ce qui est plus admirable, inspiration de l’esprit des hommes telle que des ignorants et des simples, remplis du don du Saint Esprit, ont acquis en un instant la plus haute sagesse et la plus haute éloquence.
fidélité des chrétiens sous les pires persécutions, mépris des biens d’ici-bas,
les prophéties montrent que ces miracles ne sont pas le fruit du hasard.

Les fondateurs de sectes ont procédé de manière inverse. Mahomet : promesses de voluptés charnelles, vérités de bas étage, mélangées de fables et de contradictions, s’impose par la force des armes des armes, preuves qui ne font point défaut aux brigands et aux tyrans. Pas de prophéties.

Certes, les miracles ne suffisent pas à donner la foi qui adhère à Dieu, il faut l’intervention du Saint-Esprit, mais ils suffisent à montrer le caractère raisonnable de la révélation et, donc, de l’adhésion de la foi.

La vérité de la foi chrétienne ne contredit pas la vérité de la raison

Dieu est l’auteur de la nature et de la grâce, il ne peut se contredire.

Aujourd’hui, les hommes n’opposent pas seulement les vérités de la raison à celles de la foi, mais même les vérités de ce qu’ils appellent la science et qui n’est qu’une observation de ce qu’il y a de plus matériel dans la nature. C’est dire le degré de régression de l’esprit humain…

Les modernistes prétendent à deux ordres de vérités indépendantes : les connaissances humaines et la foi. Cela revient à nier le caractère divin de la révélation, ainsi que l’origine divine de la création.

Comportement de la raison humaine devant la vérité de foi :

Une fois que la raison humaine a admis l’autorité de Dieu qui révèle, elle peut entrer dans le mystère de Dieu et approfondir cette connaissance par le moyen de l’analogie et par les vérités révélées qui s’éclairent mutuellement.

Conclusion, importance de ces vérités préalables

Saint Thomas d’Aquin et le concile Vatican I insistent sur ces vérités préalables fondamentales car comme la sainte Trinité dépasse infiniment la créature, le pas à faire pour monter de la raison à la foi n’est pas évident. Mais une fois qu’on a pris la peine de résoudre ce problème, alors, tout coule de source à partir de la lumière de la sagesse divine.

Ce problème ne se pose pas trop aux hommes humbles, ni aux hommes simples. C’est ainsi que les Papous reçurent la révélation sans avoir besoin de miracles, du seul fait de l’autorité de l’enseignement des missionnaires et de la beauté, de la sagesse de la révélation divine.

Mais notre époque est pleine d’orgueil et il faut lui montrer que la raison en qui elle met toute sa confiance n’est rien sans la lumière et la sagesse de Dieu. On ne compte plus le nombre d’étudiants qui ont perdu la foi par leurs études scientifiques. Se méfier du culte des sciences. La science humaine n’est qu’une servante, quand elle se fait maîtresse, elle détruit toute autorité qui ne vient pas d’elle, donc celle de la révélation, celle de Dieu même.

Concile Vatican I (extraits)

II. La Révélation

2. Si quelqu’un dit qu’il ne peut pas se faire, ou qu’il ne convient pas que l’homme soit instruit par la révélation divine sur Dieu et sur le culte qui doit lui être rendu ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu’un dit que l’homme ne peut pas être divinement élevé à une connaissance et à une perfection qui dépasse sa nature, mais qu’il peut et doit arriver de lui-même à la possession de toute vérité et de tout bien par un progrès continu ; qu’il soit anathème.

III. La Foi

1. Si quelqu’un dit que la raison humaine est indépendante, de telle sorte que la foi ne peut pas lui être commandée par Dieu ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu’un dit que la foi divine ne se distingue pas de la science naturelle de Dieu et des choses morales, et que, par conséquent, il n’est pas requis pour la foi divine que la vérité révélée soit crue à cause de l’autorité de Dieu qui en a fait la révélation ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu’un dit que la révélation divine ne peut devenir crédible par des signes extérieurs, et que, par conséquent, les hommes ne peuvent être amenés à la foi que par la seule expérience intérieure de chacun d’eux, ou par l’inspiration privée ; qu’il soit anathème.

4. Si quelqu’un dit qu’il ne peut y avoir de miracles, et, par conséquent, que tous les récits de miracles, même ceux que contient l’Écriture sainte, doivent être relégués parmi les fables ou les mythes ; ou que les miracles ne peuvent jamais être connus avec certitude, et que l’origine divine de la religion chrétienne n’est pas valablement prouvée par eux ; qu’il soit anathème.

5. Si quelqu’un dit que l’assentiment à la foi chrétienne n’est pas libre, mais qu’il est produit nécessairement par les arguments de la raison humaine ; ou que la grâce de Dieu n’est nécessaire que pour la foi vivante, qui opère par la charité ; qu’il soit anathème.

6. Si quelqu’un dit que les fidèles et ceux qui ne sont pas encore parvenus à la foi uniquement vraie sont dans une même situation, de telle sorte que les catholiques puissent avoir de justes motifs de mettre en doute la foi qu’ils ont reçue sous le magistère de l’Église, en suspendant leur assentiment jusqu’à ce qu’ils aient obtenu la démonstration scientifique de la crédibilité et de la vérité de leur foi ; qu’il soit anathème.

IV. La Foi et la raison

1. Si quelqu’un dit que, dans la révélation divine, il n’y a aucun mystère vrai et proprement dit, mais que tous les dogmes de la foi peuvent être compris et démontrés par la raison convenablement cultivée, au moyen des principes naturels ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu’un dit que les sciences humaines doivent être traitées avec une telle liberté que l’on puisse tenir pour vraies leurs assertions, quand même elles seraient contraires à la doctrine révélée ; et que l’Église ne peut les proscrire ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu’un dit qu’il peut se faire qu’on doive quelquefois, selon le progrès de la science, attribuer aux dogmes proposés par l’Église un autre sens que celui qu’a entendu et qu’entend l’Église ; qu’il soit anathème.

Saint Thomas d’Aquin
Somme contre les gentils (extraits)

C’EST A BON DROIT QUE LES VÉRITÉS INACCESSIBLES À LA RAISON SONT PROPOSÉES AUX HOMMES COMME OBJETS DE FOI

D’aucuns, peut-être, pensent qu’on ne devrait pas proposer à l’homme comme objet de foi ce que sa raison ne peut découvrir ; la divine sagesse ne pourvoit-elle pas aux besoins de chacun selon la capacité de sa nature ? Aussi nous faut-il montrer qu’il est nécessaire à l’homme de se voir proposer par Dieu comme objet de foi cela même qui dépasse sa raison.

Personne ne tend vers quelque chose par le désir et par l’étude si cette chose ne lui est déjà connue. Parce que la divine providence, comme nous l’étudierons plus loin, destine les hommes à un bien plus grand que ne peut en faire l’expérience, en cette vie présente, la fragilité humaine, il fallait que l’esprit fût attiré à un niveau plus haut que ne peut l’atteindre ici-bas notre raison, pour qu’il apprenne ce qu’il fallait désirer et s’applique à tendre vers ce qui dépasse totalement l’état de la vie présente.

La proposition aux hommes d’une telle vérité comme objet de foi est encore nécessaire pour une connaissance plus vraie de Dieu. Nous ne connaissons vraiment Dieu, en effet, que si nous le croyons au-dessus de tout ce que l’homme peut en concevoir, puisque la substance de Dieu, nous l’avons vu, dépasse notre connaissance naturelle. Du fait que l’homme se voit proposer sur Dieu des vérités qui dépassent sa raison, cela confirme son opinion que Dieu est supérieur à tout ce qu’il peut penser, s’en trouve confirmée.

Une autre conséquence utile est la régression de cette présomption qui est mère de l’erreur. Certains hommes en effet s’appuient tellement sur leurs capacités qu’ils se font fort de mesurer avec leur intelligence la nature tout entière, estimant vrai tout ce qu’ils voient, et faux tout ce qu’ils ne voient pas. Pour que l’esprit de l’homme, libéré d’une telle présomption, pût s’enquérir de la vérité avec modestie, il était donc nécessaire que Dieu proposât certaines vérités totalement inaccessibles à son intelligence.

Au Xe Livre de l’Éthique, le Philosophe manifeste une autre utilité. À l’encontre d’un certain Simonide qui voulait convaincre les hommes de renoncer à connaître Dieu pour appliquer leur esprit aux réalités humaines, disant que l’homme devait goûter les choses humaines et le mortel les réalités mortelles, le Philosophe affirme que l’homme, autant qu’il le peut, doit se hausser jusqu’aux réalités immortelles et divines. Aussi, au XIe Livre des Animaux, dit-il que quelque limitée que soit notre perception des substances supérieures, ce peu est plus aimé et plus désiré que toute la connaissance que l’on peut avoir des substances inférieures. Tout cela montre qu’une connaissance si imparfaite qu’elle soit des réalités les plus nobles confère à l’âme une très haute perfection. Quand bien même la raison humaine ne peut saisir pleinement les vérités au-dessus de la raison, elle en reçoit pourtant une grande perfection, pour peu qu’elle les tienne par la foi. C’est pourquoi il est écrit au Livre de l’Ecclésiastique : Beaucoup de choses qui dépassent l’esprit de l’homme t’ont été montrées ; et dans la 1ère Épître aux Corinthiens : Nul ne connaît les secrets de Dieu, sinon l’Esprit de Dieu : or Dieu nous les a révélés par son Esprit.

CE N’EST PAS LÉGÈRETÉ QUE DE DONNER SON ASSENTIMENT AUX CHOSES DE LA FOI, BIEN QU’ELLES DÉPASSENT LA RAISON

Ceux qui ajoutent foi à une telle vérité, dont la raison humaine ne peut faire l’expérience, ne croient pas à la légère, comme s’ils suivaient des fables sophistiquées, pour reprendre le mot de la 2e Épître de Pierre. Ces secrets de la Sagesse divine, la Sagesse divine elle-même, qui connaît parfaitement toutes choses, a daigné les révéler aux hommes.

Elle a manifesté sa présence, la vérité de son enseignement et de son inspiration par les preuves qui convenaient, en accomplissant de manière très visible, pour confirmer ce qui dépasse la connaissance naturelle, des œuvres  très au-dessus des possibilités de la nature tout entière : guérison merveilleuse des malades, résurrection des morts, changement étonnant des corps célestes et, ce qui est plus admirable, inspiration de l’esprit des hommes telle que des ignorants et des simples, remplis du don du Saint Esprit, ont acquis en un instant la plus haute sagesse et la plus haute éloquence. Devant de telles choses, mue par l’efficace d’une telle preuve, non point par la violence des armes, ni par la promesse de plaisirs grossiers et, ce qui est plus étonnant encore, sous la tyrannie des persécuteurs, une foule innombrable, non seulement de simples, mais d’hommes très savants, est venue s’enrôler dans la foi chrétienne, cette foi qui prêche des vérités inaccessibles à l’intelligence humaine, réprime les voluptés de la chair, et enseigne à mépriser tous les biens de ce monde. Que les esprits des mortels donnent leur assentiment à tout cela et qu’au mépris des réalités visibles seuls soient désirés les biens invisibles, voilà certes le plus grand des miracles et l’œuvre manifeste de l’inspiration de Dieu.

Que tout cela ne se soit pas fait d’un seul coup et par hasard, mais suivant une disposition divine, il y a, pour le manifester, le fait que Dieu, longtemps à l’avance, l’a prédit par la bouche des prophètes, dont les livres sont par nous tenus en vénération parce qu’ils apportent un témoignage à notre foi. L’Épître aux Hébreux fait allusion à ce genre de confirmation : Celui-ci, le salut de l’homme, inauguré par la prédication du Seigneur, nous a été garanti par ceux qui l’ont entendu. Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et par diverses communications de l’Esprit-Saint. Cette si admirable conversion du monde à la foi du Christ est une preuve très certaine en faveur des miracles anciens, telle qu’il n’est pas nécessaire de les voir se renouveler puisqu’ils transparaissent avec évidence dans leurs effets. Ce serait certes un miracle plus étonnant que tous les autres que le monde ait été appelé, sans signes dignes d’admiration, par des hommes simples et de basse naissance, à croire des vérités si hautes, à faire des œuvres si difficiles, à espérer des biens si élevés. Encore que Dieu, même de nos jours, ne cesse de confirmer notre foi par les miracles de ses saints.

Les fondateurs de sectes ont procédé de manière inverse. C’est le cas évidemment de Mahomet qui a séduit les peuples par des promesses de voluptés charnelles au désir desquelles pousse la concupiscence de la chair. Lâchant la bride à la volupté, il a donné des commandements conformes à ses promesses, auxquels les hommes charnels peuvent obéir facilement. En fait de vérités, il n’en a avancé que de faciles à saisir par n’importe quel esprit médiocrement ouvert. Par contre, il a entremêlé les vérités de son enseignement de beaucoup de fables et de doctrines des plus fausses. Il n’a pas apporté de preuves surnaturelles, les seules à témoigner comme il convient en faveur de l’inspiration divine, quand une œuvre visible qui ne peut être que l’œuvre de Dieu prouve que le docteur de vérité est invisiblement inspiré. Il a prétendu au contraire qu’il était envoyé dans la puissance des armes, preuves qui ne font point défaut aux brigands et aux tyrans. D’ailleurs, ceux qui dès le début crurent en lui ne furent point des sages instruits des sciences divines et humaines, mais des hommes sauvages, habitants des déserts, complètement ignorants de toute science de Dieu, dont le grand nombre l’aida, par la violence des armes, à imposer sa loi à d’autres peuples. Aucune prophétie divine ne témoigne en sa faveur ; bien au contraire il déforme les enseignements de l’Ancien et du Nouveau Testament par des récits légendaires, comme c’est évident pour qui étudie sa loi. Aussi bien, par une mesure pleine d’astuces, il interdit à ses disciples de lire les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament qui pourraient le convaincre de fausseté. C’est donc chose évidente que ceux qui ajoutent foi à sa parole, croient à la légère.

LA VÉRITÉ DE LA FOI CHRÉTIENNE NE CONTREDIT PAS LA VÉRITÉ DE LA RAISON

Si la vérité de la foi chrétienne dépasse les capacités de la raison humaine, les principes innés naturellement à la raison ne peuvent contredire cependant cette vérité. Ces principes naturellement innés à la raison sont absolument vrais, c’est un fait, tellement vrais qu’il est impossible de penser qu’ils soient faux. Il n’est pas davantage permis de croire faux ce qui est tenu par la foi et que Dieu a confirmé d’une manière si évidente. Seul le faux étant le contraire du vrai, comme il ressort clairement de leur définition, il est impossible que la vérité de foi soit contraire aux principes que la raison connaît naturellement. Ce que le maître inculque à l’esprit de son disciple, la science du maître l’inclut, à moins que cet enseignement ne soit entaché d’hypocrisie, ce qui ne saurait s’appliquer à Dieu. Or, la connaissance des principes qui nous sont naturellement connus nous est donnée par Dieu, puisque Dieu est l’auteur de notre nature. Ces principes sont donc inclus également dans la sagesse divine. Donc, tout ce qui contredit ces principes contredit la sagesse divine. Or, cela ne peut pas se réaliser en Dieu. Rien de ce que la révélation divine nous demande de croire ne peut donc être contraire à la connaissance naturelle.

Des arguments contraires lient notre intelligence, l’empêchent d’arriver à la connaissance du vrai. Si donc Dieu infusait en nous des connaissances contraires, notre intelligence serait empêchée par là de connaître la vérité. Cela, Dieu ne peut pas le faire. Les propriétés naturelles ne peuvent changer, tant que demeure la nature. Or, des opinions contraires ne peuvent coexister dans le même sujet. Dieu n’infuse donc pas à l’homme des opinions ou une foi qui aillent contre la connaissance naturelle. C’est ce qui fait dire à l’Apôtre, dans l’Épître aux Romains : La parole est tout près de toi, dans ton cœur et sur tes lèvres, c’est la parole de foi, que nous prêchons.

Mais parce qu’elle dépasse la raison, certains prétendent qu’elle lui est pour ainsi dire contraire. Cela ne peut pas être. L’autorité de saint Augustin le confirme également. Au IIe Livre du De Genesi ad litteram, il dit ceci : Ce que la vérité découvrira ne peut aller à l’encontre des livres saints, soit de l’Ancien soit du Nouveau Testament. On en conclura nettement que quels que soient les arguments que l’on avance contre l’enseignement de la foi, ils ne procèdent pas droitement des premiers principes innés à la nature, et connus par soi. Ils n’ont donc pas valeur de démonstration ; ils ne sont que des raisons probables ou sophistiques. Il y a place ainsi pour les réfuter.

COMPORTEMENT DE LA RAISON HUMAINE DEVANT LA VÉRITÉ DE FOI

Saint Hilaire dans son livre sur la Trinité s’exprime ainsi : Dans ta foi, entreprends, progresse, acharne-toi. Sans doute, tu n’arriveras pas au terme, je le sais, mais je me féliciterai de ton progrès. Qui poursuit avec ferveur l’infini, avance toujours, même si d’aventure il n’aboutit pas. Mais garde-toi de prétendre pénétrer le mystère, garde-toi de plonger dans le secret d’une nature sans contours, en t’imaginant saisir le tout de l’intelligence. Comprends que cette vérité passe toute compréhension.