Sermon ~ La pénitence 3
La contrition

Mes bien chers Frères,

Ce sermon vous arrive tard et je vous prie de m’en excuser. Profitez du carême pour bien découvrir et pratiquer ces réalités essentielles et pourtant bien négligées que sont la contrition et la réparation.

Je prie pour vous,

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Résumé du sermon
Catéchisme du concile de Trente

Résumé du sermon

L’amitié donnait l’explication de la vertu de pénitence et de ses effets de retour de la grâce et des vertus. Ce qui explique la contrition, c’est la justice. La justice envers Dieu offensé.

La contrition est une œuvre de justice que le pénitent présente à Dieu. Et Dieu, par sa miséricorde et son pardon, donne l’achèvement.

« L’essence de la contrition ne consiste pas seulement à cesser de pécher, à prendre la résolution de mener une vie nouvelle, ou même commencer déjà ce nouveau genre de vie, mais encore et surtout à détester et à expier le mal de la vie passée. » (Catéchisme du Concile de Trente)

Les modernistes, omettent la justice et ne veulent voir que la miséricorde. Mais Aristote avait déjà très bien vu et enseignait que la justice précède nécessairement l’amitié. L’amitié injuste est un non-sens. La charité sans justice envers Dieu, de même.

Définition

« La contrition est une douleur voulue de nos péchés jointe à la résolution de nous confesser et de donner satisfaction” (Saint Thomas d’Aquin)

Contrition = broyé. Se qui se dit de quelque chose de dur réduit en miettes. Saint Thomas retient ce double élément comme essentiel.

La dureté est dans l’orgueil. La contrition arrache à sa volonté propre et réduit en miettes la volonté attachée au péché et humilie devant Dieu.

Ce qui est broyé, c’est la volonté, pas la sensibilité. La douleur est dans le déplaisir du péché commis.

La douleur sensible – par exemple les larmes – n’est pas  la contrition, mais un signe de la contrition. Elle contribue donc au sacrement en tant que signe. Elle contribue seulement, car il y a d’autres signes sinon de la douleur, du moins de l’humiliation.

Elle peut être aussi une conséquence de la contrition en tant qu’elle est volontairement excitée ou provoquée en expiation des péchés. Ce sont les œuvres de pénitence. Cette douleur sensible voulue est nécessaire en justice pour réparer.

Objet de la contrition

Rien que les péchés, mais tous les péchés et de chaque péché mortel en particulier.

Péchés oubliés : on doit s’efforcer de raviver la mémoire pour se repentir précisément du péché. Si le souvenir reste confus, on doit se repentir du péché et de l’oubli, car l’oubli démontre une négligence. Si le souvenir a complètement disparu, la contrition générale suffit.

Chaque péché doit être regretté, c’est justice. Mais la charité qui vivifie la pénitence parfaite, efface tous les péchés, même ceux oubliés, car elle sort le pénitent du domaine du péché et l’établit dans le domaine de Dieu.

Péchés futurs, on ne peut en avoir la contrition, mais on doit se mettre en garde.
ne pas dire « je retomberai nécessai­rement » car c’est une méfiance envers la grâce
se mettre en garde et prendre les moyens pour ne plus retomber (notamment sacrement de pénitence reçu fréquemment)
implorer le secours de la grâce.

Intensité de la contrition

La contrition est la plus grande douleur qui puisse exister dans la volonté, car elle porte sur la perte du plus grand bien, la béatitude éternelle. De plus, le péché a quelque chose d’infini en raison de l’infinie majesté de la personne offensée.

Mais, dans la sensibilité, plus un mal est élevé et spirituel, moins il a de retentissement dans la sensibilité.

La joie que le pénitent a de sa contrition augmente celle-ci.

La douleur de la contrition ne peut pas être excessive, pas plus que l’amour de Dieu. Mais la douleur sensible ou les pénitences extérieures peuvent être excessives quand elles empêchent l’accomplissement des devoirs.

La durée de la contrition

Tant celle de la volonté que celle – convenable – de la sensibilité doivent durer toute la vie. Dans la volonté, car on doit regretter les obstacles. C’est ainsi qu’un coureur regrette d’avoir gâché son entraînement.

S. Paul : « Portons toujours en nos corps la mortification de Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée en nous. »

Dans la sensibilité, car la peine éternelle a été commuée en peine temporelle.
Mgr Lefebvre aux carmélites : « Le purgatoire, mes sœurs ? Mais sur la terre qu’il faut l’accomplir ! »

La douleur du péché dans la volonté ne peut pas être trop grande, ni trop longue. Il faudra donc pleurer ses péchés continuellement et ne s’arrêter que lorsqu’il faut produire d’autres actes de vertu.

La contrition dure-t-elle après cette vie ? Non chez les élus, car la joie de la vision de Dieu exclut toute douleur. Non chez les damnés, car leur douleur ne procède  ni de la charité ni de la grâce.

Les effets de la contrition

Elle remet les péchés. Dans le sacrement où elle est un instrument. En dehors du sacrement comme fruit de l’aide de Dieu qui donne la contrition pour achever l’œuvre en donnant la grâce et la charité.

Elle remet plus ou moins la peine selon son intensité. Contrition dans la volonté liée à la charité, or une grande charité mérite une grande remise de peine. Voir ce que nous avons dit sur les effets de la pénitence, fruits de l’amitié divine.
du côté de la douleur sensible qu’excite la volonté dans la contrition, et cette douleur étant elle-même une peine, elle peut être si grande qu’elle suffise à effacer à la fois la faute et sa dette de peine.

Même lorsque la contrition a remis les péchés avant la confession, le pénitent demeure tenu de se confesser, car le désir du sacrement est inclus dans la contrition (c’est lui qui lui donne vie).

Catéchisme du concile de Trente

l’essence de la contrition ne consiste pas seulement à cesser de pécher, à prendre la résolution de mener une vie nouvelle, ou même commencer déjà ce nouveau genre de vie, mais encore et surtout à détester et à expier le mal de la vie passée. C’est ce que prouvent parfaitement ces gémissements des saints que nous retrouvons si souvent dans nos saintes Lettres. « Je m’épuise à gémir, dit David, je baigne toutes les nuits mon lit de mes larmes. Et encore Le Seigneur a écouté la voix de mes pleurs. » Isaïe s’écrie à son tour : « Je repasserai en votre présence, Seigneur, toutes mes années dans l’amertume de mon âme. »

douleur : « la contrition est une douleur, il faut avertir les fidèles de ne point s’imaginer qu’il est ici question d’une douleur extérieure et sensible. La contrition est un acte de la volonté. Et S. Augustin nous avertit que « la douleur accompagne le repentir, mais qu’elle n’est pas le repentir.) » Les Pères du Concile se sont servi du mot douleur pour exprimer la haine et la détestation du péché, soit parce que la sainte Écriture s’en sert elle-même : « Jusques à quand, s’écrie David, mon âme sera-t-elle agitée de pensées diverses, et mon cœur en proie à la douleur durant le jour entier »soit aussi parce que la contrition engendre la douleur dans cette partie inférieure de l’âme qui est le siège de la concupiscence. Ce n’est donc pas à tort qu’on a défini la contrition une douleur, puisqu’elle produit précisément de la douleur, et que les pénitents, pour exprimer plus sensiblement celle qu’ils ressentent, ont coutume de changer même leurs vêtements ; ainsi qu’on le voit par ces paroles de Notre-Seigneur dans S. Matthieu : « Malheur à toi Corozaïn ! Malheur à toi Bethsaïde ! parce que si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, avaient été accomplis à Tyr et à Sidon, ces villes auraient fait pénitence sous le cilice et la cendre. »

Qualités de la contrition

– La douleur d’avoir offensé Dieu par le péché doit être souveraine, et telle que l’on ne puisse en concevoir de plus grande ; il est facile de démontrer cette vérité par les considérations suivantes

Puisque la vraie contrition est un acte de charité qui procède de la crainte filiale, il est évident que la contrition ne doit point avoir d’autre mesure que la charité elle-même. Et comme la charité par laquelle nous aimons Dieu est l’amour le plus grand, il s’en suit que la contrition doit emporter avec elle la douleur de l’âme la plus vive.

– [elle doit être universelle] haïr et de détester tous les péchés que nous avons eu le malheur de commettre. Si nous n’éprouvions de repentir que pour quelques-uns seulement, notre pénitence ne serait point salutaire.

       Il sera bon d’apprendre aux fidèles et de les exhorter de la manière la plus pressante à former un acte particulier de contrition pour chaque péché mortel.

– Qu’elle soit si vive et si profonde, qu’elle exclue toute négligence et toute paresse.

– Que notre contrition renferme la volonté de nous confesser et de satisfaire : deux points dont nous parlerons tout à l’heure.

– Que le pénitent prenne la résolution ferme et sincère de réformer sa conduite.

– Faire satisfaction pour les dommages.

Exciter la contrition

On peut abuser des autres vertus, on ne le peut de la contrition.

Examen de conscience

Implorer le secours divin et de la Très Sainte Vierge pour avoir la contrition et ne plus retomber