Sermon ~ La conscience est-elle le vrai guide de nos actions ?

Mes bien chers Frères,

Vous vous êtes bien rendu compte, je pense, que le monde moderne cherche à imposer partout la liberté de conscience. L’Église moderne aussi, hélas ! Alors, notre conscience est-elle, oui ou non, le guide de nos actions ?

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Résumé du sermon
Saint Thomas d’Aquin
Magistère de l’Église

Résumé du sermon

La conscience, en vérité, est le dernier acte de la soumission à la sagesse de Dieu

Le processus de toute intellection, que ce soit pour la simple connaissance, pour l’action ou même pour l’art, est de monter jusqu’aux principes de la sagesse de Dieu sur les choses, puis de les appliquer aux situations pratiques.

Les trois actes de la conscience : 1. Lorsque nous reconnaissons que nous avons accompli ou non telle action. Comme dit l’Ecclésiaste (7, 22 Vg) : “Ta conscience sait que tu as souvent maudit les autres.” Et dans ce sens on dit que la conscience atteste. – 2. Cette application se fait encore, quand, par notre conscience, nous jugeons qu’il faut accomplir ou ne pas accomplir une action. On dit alors que la conscience incite ou oblige. – 3. Lorsque nous jugeons par la conscience que ce qui a été fait, a été bien fait, ou non. Et alors on dit que la conscience excuse, accuse ou reproche.

Le jugement de conscience n’est donc pas une activité autonome, mais l’accomplissement de notre dépendance envers Dieu.

L’œuvre du démon : embrouiller, souiller

Embrouiller l’intelligence pour qu’elle ne saisisse plus le rapport à Dieu. Le trouble et les fausses raisons des règles du discernement des esprits de saint Ignace La chaire de feu et de fumée dont parle saint Ignace.

Le meilleur moyen de couper l’intelligence de la sagesse de Dieu : rendre le jugement de la conscience indépendant de Dieu, ne le rendre dépendant que de nous. Chacun porte alors le jugement de conscience selon ce qui l’intéresse : son ressenti, c’est-à-dire ses passions, son utilité et non plus le bien commun, la paix qu’il recherche, etc.

Souiller : le démon remet la décision à celui qu’il veut détacher de Dieu. Or, c’est un principe de psychologie que la dissension cognitive : on a toujours tendance à justifier ce qu’on a fait, et il est difficile de s’accuser. C’est déjà vrai dans le cas des péchés de faiblesse (ivrogne ou adultère, par exemple, ce l’est encore plus dans les péchés d’aveuglement, ce qui est bien le cas de celui qui coupe sa conscience de sa référence naturelle à Dieu.

Une fois le feu allumé, le démon souffle sur l’incendie

Les faux philosophes du XVIIIe  siècle : la raison est incapable de monter jusqu’à la sagesse Dieu, donc inutile de se donner ce mal. Bien plus, se référer à la sagesse de Dieu, c’est brimer la conscience des autres.

Le triomphe de la conscience fausse par le modernisme.

La liberté de conscience sanctionnée par Vatican II. (Sanctionner signifie “déclarer sacré”. Utiliser ce mot au sens de “punir” est un contresens.)

La liberté de conscience condamnée par le magistère traditionnel de l’Église.

Grégoire XVI : « Ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l’Église et de l’État, va se répandant de toutes parts, et que certains hommes, par un excès d’impudence, ne craignent pas de représenter comme avantageuse à la religion. Eh ! « quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l’erreur ! » disait saint Augustin (S. Aug. Ep. 166). »

Condamnation du modernisme par saint Pie X

Comme la conscience fausse s’érige en juge, elle remplace la raison, elle devient une faculté à elle toute seule. Les condamnations des papes sur le naturalisme sont en réalité aussi des condamnations de la liberté de conscience.

Léon XIII, condamnation des Francs-Maçons : « le premier principe des naturalis­tes, c’est qu’en toutes choses, la nature ou la raison humaine doit être maî­tresse et souveraine. Cela posé, s’il s’agit des devoirs envers Dieu, ou bien ils en font peu de cas, ou ils en altère l’essence par des opinions vagues et des sentiments erronés. »

Saint Thomas d’Aquin

Corpus. À proprement parler, la conscience n’est pas une puissance [une faculté], mais un acte [un jugement]. C’est évident d’après le nom même, et d’après les opérations qu’on lui attribue dans le langage usuel. D’après le nom d’abord, conscience marque le rapport d’une science avec quelque chose. En effet conscientia signifie cum alio scientia (connaissance avec autre chose). Or l’application d’une connaissance à quelque autre chose se réalise au moyen d’un acte [un jugement]. Donc, d’après l’étymologie même, il est évident que la conscience est un acte.

La même conclusion s’impose si l’on se réfère aux opérations attribuées à la conscience. On dit que la conscience atteste, oblige, incite, et encore accuse, donne du remords ou qu’elle reproche. Or tout cela procède de l’application d’une certaine science ou connaissance qui est en nous, à ce que nous faisons. Ce qui se réalise de trois manières : 1. Lorsque nous reconnaissons que nous avons accompli ou non telle action. Comme dit l’Ecclésiaste (7, 22 Vg) : “Ta conscience sait que tu as souvent maudit les autres.” Et dans ce sens on dit que la conscience atteste. – 2. Cette application se fait encore, quand, par notre conscience, nous jugeons qu’il faut accomplir ou ne pas accomplir une action. On dit alors que la conscience incite ou oblige. – 3. Lorsque nous jugeons par la conscience que ce qui a été fait, a été bien fait, ou non. Et alors on dit que la conscience excuse, accuse ou reproche. Il est clair que tout cela découle de l’application actuelle de notre connaissance à notre action. Aussi, à proprement parler, la conscience désigne-t-elle un acte.

Mais du fait que l’habitus [la faculté] est le principe de l’acte, on attribue parfois le nom de conscience au premier habitus naturel, c’est-à-dire à la syndérèse [c’est-à-dire à à la raison qui juge le bien et le mal]. Ainsi fait S. Jérôme. S. Basile l’appelle “pouvoir naturel de juger”. S. Jean Damascène dit que c’est “la loi de notre intelligence”. On a coutume en effet de nommer la cause et l’effet l’un par l’autre.

ad 1. La conscience est appelée esprit, lorsqu’on emploie esprit dans le sens d’âme intelligente (mens). La conscience est en effet une sorte de décret de celle-ci.

2. On dit que la souillure est dans la conscience, non pas comme dans son sujet, mais comme le connu est dans la connaissance ; c’est-à-dire lorsque l’on sait qu’on est souillé.

Magistère de l’Église

Grégoire XVI Mirari vos : « De cette source empoisonnée de l’indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l’Église et de l’État, va se répandant de toutes parts, et que certains hommes, par un excès d’impudence, ne craignent pas de représenter comme avantageuse à la religion. Eh ! « quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l’erreur ! » disait saint Augustin (S. Aug. Ep. 166). En voyant ôter ainsi aux hommes tout frein capable de les retenir dans les sentiers de la vérité, entraînés qu’ils sont déjà à leur perte par un naturel enclin au mal, c’est en vérité que nous disons qu’il est ouvert ce « puits de l’abîme » (Apoc. IX, 3), d’où saint Jean vit monter une fumée qui obscurcissait le soleil, et des sauterelles sortir pour la dévastation de la terre. De là, en effet, le peu de stabilité des esprits ; de là, la corruption toujours croissante des jeunes gens ; de là, dans le peuple, le mépris des droits sacrés, des choses et des lois les plus saintes ; de là, en un mot, le fléau le plus funeste qui puisse ravager les États ; car l’expérience nous l’atteste et l’antiquité la plus reculée nous l’apprend : pour amener la destruction des États les plus riches, les plus puissants, les plus glorieux, les plus florissants, il n’a fallu que cette liberté sans frein des opinions, cette licence des discours publics, cette ardeur pour les innovations.

À cela se rattache la liberté de la presse, liberté la plus funeste, liberté exécrable, pour laquelle on n’aura jamais assez d’horreur et que certains hommes osent avec tant de bruit et tant d’insistance, demander et étendre partout. Nous frémissons, vénérables Frères, en considérant de quels monstres de doctrines, ou plutôt de quels prodiges d’erreurs nous sommes accablés ; erreurs disséminées au loin et de tous côtés par une multitude immense de livres, de brochures, et d’autres écrits, petits il est vrai en volume, mais énormes en perversité, d’où sort la malédiction qui couvre la face de la terre et fait couler nos larmes. Il est cependant, ô douleur ! des hommes emportés par un tel excès d’impudence, qu’ils ne craignent pas de soutenir opiniâtrement que le déluge d’erreurs qui découle de là est assez abondamment compensé par la publication de quelque livre imprimé pour défendre, au milieu de cet amas d’iniquités, la vérité et la religion. Mais c’est un crime assurément, et un crime réprouvé par toute espèce de droit, de commettre de dessein prémédité un mal certain et très grand, dans l’espérance que peut-être il en résultera quelque bien ; et quel homme sensé osera jamais dire qu’il est permis de répandre des poisons, de les vendre publiquement, de les colporter, bien plus, de les prendre avec avidité, sous prétexte qu’il existe quelque remède qui a parfois arraché à la mort ceux qui s’en sont servis ?