Sermon ~ La confirmation
Parfaits chrétiens et soldats de l’Église

Mes bien chers Frères,

Nous voici arrivés à l’étude du sacrement de confirmation qui nous fait entrer plus loin et plus haut dans les beautés et la réalité de la vie chrétienne.

Je vous donne ci-dessous le résumé de mon sermon, puis un texte de Dom Guéranger qui illustre bien le combat du confirmé, enfin le catéchisme de saint Pie X. Je vous donne celui-ci avant la somme théologique de saint Thomas d’Aquin, parce que l’enseignement vient avant l’étude. On commence par admettre la révélation, après quoi on peut en avoir une plus profonde intelligence. Le texte de saint Thomas, assez long, vous sera donné la semaine prochaine.

Je vous assure de mes prières et je vous associe à la messe que je célèbre chaque jour.

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Résumé du sermon
Dom Guéranger
Catéchisme de saint Pie X

Résumé du sermon

Le sacrement de confirmation est une confirmation du baptême, il est le sacrement de l’entrée dans l’âge adulte dans l’ordre surnaturel.

Analogie avec le développement de la vie naturelle.

Il nous fait 1. parfaits chrétiens, 2. soldats du Christ et de l’Église 3. Il nous donne l’abon­dance des dons du Saint-Esprit. Il s’agit de trois aspects d’une même réalité.

Parfaits chrétiens

Parfaits chrétiens, c’est-à-dire contribuant activement à la vie commune de l’Église, non pas comme l’enfant qui est dépendant, mais come l’adulte qui est autonome. La différence entre baptisé et confirmé n’est donc pas dans une orientation personnelle de la vie et de la perfection chrétienne qui serait donnée par le baptême et une orientation sociale qui serait donnée par la confirmation, car baptisés et confirmés participent à la vie de l’Église dans la communion des saints, la différence est dans le caractère autonome ou non de cette vie.

Il faut se méfier du personnalisme, et d’une fausse interprétation du principe et fondement des exercices de saint Ignace : l’homme a été créé pour sauver son âme. Le personnalisme met la société au service de la perfection individuelle, ce qui est une subversion. Une nature n’est pas épanouie en mettant la fin à son service, mais en s’orientant vers la fin jusqu’à s’y attacher. La fin de chacun est d’être uni à Dieu.

Comme cette fin est commune, on parle du bien commun. La nature de l’homme est donc de vivre en société, non pas pour en tirer avantage, mais parce qu’il a été créé pour partager le même but, le même idéal, la même espérance, que tous les hommes. Quand il s’agit de la vie surnaturelle, le baptême incorpore au Christ et, donc, à son corps mystique, c’est-à-dire à la société qu’est l’Église, et unit à la Très Sainte Trinité.

Durant l’enfance, le petit homme fait l’apprentissage de ce bien commun avec l’aide de ses parents. L’adulte, lui, est autonome dans cette participation au bien commun.

Importance de cette doctrine du bien commun et caractère subversif du personnalisme. Conséquences pratiques : – participer aux combats de l’Église, ou « tirer son épingle du jeu » sans trop de casse – chercher principalement à protéger les enfants, ou les former au combat pas seulement théorique, mais aussi pratique – traditionalistes qui cherchent seulement à être reconnus « tels que nous sommes » ou qui cherchent à faire disparaître le vice et l’hérésie modernistes –

Soldats du Christ

Il y a un lien beaucoup plus fort et complet, dans l’ordre surnaturel que dans l’ordre naturel, entre adulte et soldat.

Une société naturelle n’est ni nécessai­rement, ni toujours en guerre. La guerre est un désordre. Mais l’Église ne sera parfaite qu’au Ciel, là, il n’y aura plus de guerre, ce sera la paix. Mais, ici-bas, l’Église est militante, ce qui veut dire ‘en combat’. Elle est constamment en effort de défense contre ses ennemis, et de conquête pour étendre le règne du Christ. Le parfait chrétien est nécessairement  un soldat du Christ et de l’Église.

Certes, l’Église a déjà une paix ici-bas, car elle possède Dieu immuable dans la foi, dans la charité, dans la grâce, mais cette paix est transcendante et, concrètement, elle se réalise au milieu des combats.

Voir les sermons sur la vertu de force : la force au service de l’ÉgliseLe Saint-Esprit et la forceLa vertu de forceLa force et la magnanimitéL’acquisition de la vertu de force.

La place de la femme dans le combat

Dans l’ordre naturel, la femme est mère, elle forme l’enfant, ce qui suppose un climat de paix, c’est pourquoi une femme soldat est une monstruosité. Sa fonction s’élève jusqu’à soutenir l’homme, à l’encourager dans le combat, mais elle ne prend pas les armes.

Dans l’ordre surnaturel, toutes les jeunes filles  sont des vierges guerrières, toutes les femmes sont engagées dans la lutte. Saint Jean Chrysostome enseigne que « dans les combats pour le ciel, le stade est ouvert à tous sans distinction de personne, d’âge ou de sexe ». Et ailleurs : « Devant Dieu, même le sexe féminin livre bataille ; beaucoup de femmes ont combattu avec un courage viril dans la milice spirituelle. Et dans la lutte du martyre, certaines ont égalé les hommes par la force de l’homme intérieur ; certaines même ont été plus courageuses que les hommes. » L’Écriture sainte nous donne l’exemple des Judith, des Esther, et le Saint-Esprit a suscité sainte Jeanne d’Arc dont le combat était essentiel­lement surnaturel. C’est pourquoi elle encouragea les hommes au combat sans se batte elle-même, et elle tenait à son habit d’homme pour montrer que, dans son combat, spirituel, il n’y avait pas de différence entre les sexes.

Il en va de même des enfants dont on ne saurait faire des guerriers dans l’ordre naturel, mais qui sont appelés à des combats d’adultes dans l’ordre surnaturel. C’est le cas des enfants martyrs, mais aussi des enfants de Fatima, de saint Dominique Savio…

C’est pourquoi il faut donner le sacrement de confirmation aux femmes, aux enfants et aux vieillards.

Mus par le Saint-Esprit avec l’abondance de ses dons

Il n’est pas possible de développer ce point de doctrine dans le présent sermon. Mais, en lien avec ce que nous venons d’exposer, il faut remarquer que c’est dans la plénitude du Saint-Esprit que se réalisent les deux premiers effets de la confirmation : la perfection du chrétien, sa participation au bien commun, ainsi que son combat chrétien.

 Le Saint-Esprit est l’âme de l’Église, c’est lui qui donne leur force aux martyrs, qui mène l’Église dans ses luttes.

Dom Guéranger

« Quand le pasteur se change en loup, c’est au troupeau à se défendre tout d’abord. Régulièrement sans doute la doctrine descend des évêques au peuple fidèle, et les sujets, dans l’ordre de la foi, n’ont point à juger leurs chefs. Mais il est dans le trésor de la révélation des points essentiels, dont tout chrétien, par le fait même de son titre de chrétien, a la connaissance nécessaire et la garde obligée. Le principe ne change pas, qu’il s’agisse de croyance ou de conduite, de morale ou de dogme. Les trahisons pareilles à celle de Nestorius sont rares dans l’Église ; mais il peut arriver que des pasteurs restent silencieux, pour une cause ou pour l’autre, en certaines circonstances où la religion même serait engagée. Les vrais fidèles sont les hommes qui puisent dans leur seul baptême, en de telles conjonctures, l’inspiration d’une ligne de conduite ; non les pusillanimes qui, sous le prétexte spécieux de la soumission aux pouvoirs établis, attendent pour courir à l’ennemi, ou s’opposer à ses entreprises, un programme qui n’est pas nécessaire et qu’on ne doit point leur donner. » Dom Guéranger, L’Année liturgique, Saint Cyrille d’Alexandrie, au 9 février.

Ce texte fait référence au baptême plus qu’à la confirmation, mais il montre bien une des conséquences de la participation au bien commun.

Catéchisme de saint Pie X

Qu’est-ce que le sacrement de Confirmation ?

La Confirmation est un sacrement qui nous donne le Saint-Esprit, imprime dans notre âme le caractère de soldats du Christ et nous rend parfaits chrétiens.

Comment le sacrement de Confirmation nous rend-il parfaits chrétiens ?

La Confirmation nous rend parfaits chrétiens parce qu’elle nous confirme dans la foi et perfectionne les autres vertus et les dons que nous avons reçus dans le saint Baptême : et c’est de là que lui vient son nom de Confirmation.

Quels sont les dons du Saint-Esprit, qu’on reçoit dans la Confirmation ?

Les dons du Saint-Esprit qu’on reçoit dans la Confirmation sont les sept suivants : la Sagesse, l’Intelligence, le Conseil, la Force, la Science, la Piété et la Crainte de Dieu.

Quelle est la matière de ce sacrement ?

La matière de ce sacrement, outre l’imposition des mains de l’Évêque, est l’onction faite sur le front du baptisé avec le saint Chrême : c’est pour cela qu’on l’appelle aussi Onction.

Qu’est-ce que le saint Chrême ?

Le saint Chrême est de l’huile d’olive mêlée avec du baume et consacrée par l’Évêque le Jeudi-Saint.

Que signifient l’huile et le baume dans ce sacrement ?

Dans ce sacrement l’huile qui s’étend et fortifie, signifie l’abondance de la grâce qui se répand dans l’âme du chrétien pour le confirmer dans la foi ; et le baume, qui est odorant et préserve de la corruption, signifie que le chrétien, fortifié par cette grâce, est capable de répandre la bonne odeur, des vertus chrétiennes et de se préserver de la corruption des vices.

Quelle est la forme du sacrement de Confirmation ?

La forme du sacrement de Confirmation est celle-ci : « Je te signe du signe de la Croix et te confirme avec le Chrême du salut, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. »

Quel est le ministre du sacrement de Confirmation ?

Le ministre ordinaire du sacrement de Confirmation est l’Évêque seul. (Note : le ministre extraordinaire est le prêtre. Dans les pays de mission et en temps de persécution, les prêtres reçoivent de larges pouvoir de confirmer. Note abbé FP)

Avec quelles cérémonies l’Évêque administre-t-il la Confirmation ?

L’Évêque, pour administrer le sacrement de Confirmation, étend d’abord les mains sur les confirmands en invoquant sur eux le Saint-Esprit ; puis il fait une onction en forme de croix avec le saint Chrême sur le front de chacun, en disant les paroles de la forme ; ensuite, de la main droite, il donne un léger soufflet sur la joue du confirmé en lui disant : « La paix soit avec toi » ; enfin il bénit solennellement tous les confirmés.

Pourquoi l’onction est-elle faite sur le front ?

L’onction est faite sur le front, où apparaissent les signes de la crainte et de la honte, afin que le confirmé comprenne qu’il ne doit pas rougir du nom et de la profession de chrétien, ni avoir peur des ennemis de la foi.

Pourquoi l’Évêque donne-t-il un léger soufflet au confirmé ?

L’Évêque donne un léger soufflet au confirmé pour qu’il sache qu’il doit être prêt à souffrir toute sorte d’affront et de peine pour la foi de Jésus-Christ.

Tout le monde doit-il faire en sorte de recevoir le sacrement de Confirmation ?

Oui, chacun doit faire en sorte de recevoir le sacrement de Confirmation et de le faire recevoir à ceux qui dépendent de lui.

A quel âge est-il bon de recevoir le sacrement de Confirmation ?

L’âge où il est bon de recevoir le sacrement de Confirmation est celui de sept ans environ ; parce qu’alors commencent habituellement les tentations et qu’on peut connaître suffisamment la grâce de ce sacrement et se rappeler qu’on l’a reçu.

Quelles dispositions faut-il pour recevoir le sacrement de Confirmation ?

Pour recevoir dignement le sacrement de Confirmation, il faut être en état de grâce, savoir les principaux mystères de notre sainte foi, et s’en approcher avec respect et dévotion.

Celui qui recevrait la Confirmation une seconde fois pécherait-il ?

Il commettrait un sacrilège, parce que la Confirmation est un de ces sacrements qui impriment un caractère dans l’âme et que, par suite, on ne peut recevoir qu’une fois.

Que doit faire le chrétien pour conserver la grâce de la Confirmation ?

Pour conserver la grâce de la Confirmation, le chrétien doit prier souvent, faire de bonnes œuvres, et vivre selon la loi de Jésus-Christ, sans respect humain.

Pourquoi y a-t-il aussi des parrains et des marraines dans la confirmation ?

Afin que, par leurs paroles et leurs exemples, ils guident le confirmé dans la voie du salut et qu’ils le soutiennent dans le combat spirituel.

Quelles conditions sont requises dans le parrain ?

Le parrain doit être d’âge convenable, catholique, confirmé, instruit des choses les plus nécessaires de la religion, et de bonnes mœurs.

Le parrain de la Confirmation ne contracte-t-il aucune parenté avec le confirmé et ses parents ?

Le parrain de la Confirmation contracte la même parenté spirituelle que celui du Baptême.