Sermon ~ L’Eucharistie, ses effets

Mes bien chers Frères,

L’Eucharistie contient Jésus-Christ vivant, immolé pour nous, elle étend son influence à travers les époques et les lieux, elle nous met personnellement au pied de la Croix. Sa richesse et ses effets sont ceux de toute l’Incarnation, de toute la Rédemption, de tout l’amour du Christ.

Aimez bien le Bon Dieu qui vous a tant aimés !

Télécharger

Résumé du sermon
Saint Thomas d’Aquin
Concile de Trente

Résumé du sermon

L’Eucharistie est efficace de deux façons. 1. par le Christ présent et immolé – 2. par la réception personnelle du sacrement.

La première façon est pour tous, ceux qui s’y unissent et ceux qui ne s’y unissent pas.
La deuxième façon est uniquement pour ceux qui s’y unissent (sacramentellement ou spirituellement, nous verrons cela plus tard).

Exemples : la première messe lorsque Christophe Colomb pose le pied en Amérique. Les messes dites privées des prêtres seuls.

Enseignement de saint Thomas sur la Passion

a. 1 La passion du Christ a causé notre salut par mode de mérite. L’Eucharistie nous communique les mérites du Christ.

a. 2 La passion du Christ a causé notre salut par mode de satisfaction. Voir ci-dessous.

a. 3 La passion du Christ a causé notre salut par mode de sacrifice, c’est-à-dire d’union à Dieu. Nous le développerons en étudiant la res, c’est-à-dire la réalité ultime et profonde de l’Eucharistie

a. 4 La passion du Christ a causé notre salut par mode de rachat. Voir ci-dessous.

Q. 49 a. 1 La passion du Christ est la cause propre de la rémission des péchés de trois manières. 1° Par mode d’excitation à la charité ; S. Paul (Rm 6, 8) : “La preuve que Dieu nous aime, c’est que dans le temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous.” Or, par la charité, nous obtenons le pardon des péchés, suivant cette parole (Lc 7, 47) : “Ses nombreux péchés lui ont été remis parce qu’elle a beaucoup aimé.”
Par mode de rédemption. En effet, le Christ est notre tête. Nous sommes ses membres. C’est comme si un homme, au moyen d’une œuvre méritoire accomplie par sa main, se rachetait du péché commis par ses pieds.

Par mode d’efficience. La chair dans laquelle le Christ a souffert sa passion est l’instrument de sa divinité, et c’est en raison de sa divinité que ses souffrances et ses actions agissent dans la vertu divine, en vue de chasser le péché.

a. 2 Par la Passion, nous sommes délivrés de la puissance du démon

a. 3 Par la passion du Christ nous sommes délivrés de l’obligation du châtiment

a. 5 Par la passion du Christ, la porte du ciel nous a été ouverte

Les effets de l’Eucharistie

Elle cause la grâce – par la présence du Christ – par la passion du Christ – par mode de nourriture – par mode d’union à l’Église signifié par les grains broyés en un pain, un vin.

Elle donne la gloire. Le Christ par sa passion nous a ouvert la voie du Ciel – par la nourriture eucharistique et l’union à Dieu, qui sont encore imparfaites, mais qui deviendront parfaites au Ciel. Mais il faut d’abord que nous souffrions avec le Christ pour entrer dans la gloire avec lui.

Elle remet le péché mortel. En tant que sacrifice du Christ sur la Croix elle a la puissance de remettre tous les péchés mortels.

Par rapport à celui qui la reçoit. – Elle remet ses péchés mortels car c’est en quelque sorte elle qui donne son efficacité au baptême et à la pénitence. – Elle remet les péchés mortels dont le pécheur n’aurait pas conscience – Elle donne la contrition parfaite à celui qui aurait l’attrition ou contrition imparfaite. Application aux scrupuleux. Application à la communion spirituelle.

Elle remet le péché véniel. – Péchés véniels passés – Péchés véniels actuels.

Elle remet la peine conséquence du péché, non pz directement, mais en fonction de la charité de celui qui y participe.

Saint Thomas d’Aquin

Les effets de l’Eucharistie. q. 78, a. 3 Effets exprimés par la forme. Les premières paroles : « Ceci est le calice de mon sang » signifient précisément la conversion du vin au sang, de la manière qu’on a dite à propos de la consécration du pain ;

et les paroles qui suivent désignent la vertu du sang répandu dans la passion, vertu qui opère dans ce sacrement. Cette vertu a un triple effet.
Premièrement et principalement elle nous fait obtenir l’héritage éternel, selon l’épître aux Hébreux (10, 19) : “Nous avons un accès assuré au sanctuaire par son sang.” Et pour désigner cela on dit : “de la nouvelle et éternelle alliance”.
Deuxièmement elle nous fait obtenir la justification gratuite, qui est le fruit de la foi (Rm 3, 25) : “Dieu l’a destiné à être, par son propre sang, moyen de propitiation grâce à la foi, afin qu’il soit juste et cause de justice pour qui a la foi en Jésus Christ.” Et à cet égard on ajoute : “mystère de la foi”.
Troisièmement, cette vertu du sang écarte les obstacles à l’héritage éternel et à la justification, qui sont les péchés, selon l’épître aux Hébreux (9, 14) : “Le sang du Christ purifiera nos consciences des œuvres mortes”, c’est-à-dire des péchés. Et à cet égard on ajoute : “qui pour vous et pour beaucoup sera répandu en rémission des péchés”.

L’Eucharistie cause la grâce
question 79

L’effet de ce sacrement doit être considéré : 1° et à titre de principe à partir de ce qui est contenu dans ce sacrement, et qui est le Christ. Celui-ci, venant visiblement dans le monde, a apporté au monde la vie de la grâce (Jn 1, 17) : “La grâce et la vérité a été faite par Jésus-Christ.” Et de même, venant sacramentellement dans l’homme, il produit la vie de la grâce, selon cette parole (Jn 6, 58) : “Celui qui me mange vivra par moi.” Ce qui fait dire à S. Cyrille : “Le Verbe de Dieu vivifiant, s’unissant à la chair qui lui est propre, la rend vivifiante à son tour. Il convenait donc qu’il s’unisse d’une certaine façon à nos corps par sa chair sacrée et son sang précieux, que nous recevons pour une bénédiction vivifiante, dans le pain et le vin.”

2° On considère l’effet de ce sacrement à partir de ce qui est représenté par ce sacrement, et c’est, comme on l’a vu, la passion du Christ. Et c’est pourquoi ce sacrement opère dans l’homme l’effet que la passion du Christ a opéré dans le monde.

D’où cette parole de Chrysostome commentant S. Jean (19, 34) : “Aussitôt il jaillit du sang et de l’eau” : « Puisque c’est de là que les saints mystères tirent leur principe, lorsque tu t’approches du calice redoutable, c’est comme si tu t’approchais du côté du Christ pour y boire. » D’où cette parole du Seigneur lui-même, en S. Matthieu (26, 28) : “Ceci est mon sang, qui sera répandu pour vous, en rémission des péchés.”

3° On considère l’effet de ce sacrement à partir du mode selon lequel ce sacrement nous est donné ; or il est donné par mode de nourriture et de boisson. Aussi tout l’effet que la nourriture et la boisson matérielle produisent à l’égard de la vie matérielle – sustenter, accroître, réparer et délecter – tout cela, ce sacrement le fait à l’égard de la vie spirituelle. Ainsi S. Ambroise : “Ceci est le pain de la vie éternelle, qui fortifie la substance de notre âme.” Et Chrysostome, commentant S. Jean : “Il se présente à nous, qui désirons le toucher, le manger et l’embrasser.” Si bien que le Seigneur dit lui-même (Jn 6, 56) : “Ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment boisson.”

4° On considère l’effet de ce sacrement à partir des espèces sous lesquelles ce sacrement est donné. D’où cette parole de S. Augustin : “Notre Seigneur a présenté son corps et son sang dans ces éléments qui, à partir d’une multitude, sont réduits à l’unité car l’un”, le pain, “est une seule masse faite de multiples grains ; l’autre”, le vin, “est un seul liquide fait de multiples grappes”. Et il dit ailleurs : “Ô mystère de bonté, ô signe d’unité, ô lien de charité !”.

Et puisque le Christ et sa passion sont cause de la grâce, et que la réfection spirituelle et la charité ne peuvent exister sans la grâce : de tout ce qu’on vient de dire il apparaît avec évidence que ce sacrement confère la grâce.

L’Eucharistie donne la gloire

On peut considérer dans ce sacrement d’une part ce dont il tient son effet, c’est-à-dire le Christ en personne, qu’il contient, et sa passion, qu’il représente. Et d’autre part ce par quoi il produit son effet, c’est-à-dire l’usage du sacrement et les espèces sacramentelles. Et à ce double point de vue, il revient à ce sacrement de causer l’obtention de la vie éternelle.

En effet le Christ en personne, par sa passion, nous a ouvert l’accès de la vie éternelle : “Il est médiateur de la nouvelle alliance pour que, par l’intermédiaire de sa mort, ceux qui sont appelés reçoivent l’éternel héritage promis” (He 9, 15). C’est pourquoi on dit, dans la forme de ce sacrement : « Ceci est le calice de mon sang, de la nouvelle et éternelle alliance. »

De même encore, la réfection produite par la nourriture spirituelle, et l’unité signifiée par les espèces du pain et du vin, sont bien possédées présentement, mais de manière imparfaite, alors qu’elles seront possédées de manière parfaite dans l’état de gloire. Aussi S. Augustin dit-il, sur le texte de S. Jean (6, 56) : “Ma chair est vraiment une nourriture” : “Puisque les hommes demandent à la nourriture et à la boisson de n’avoir plus faim ni soif, en vérité cela n’est accordé que par cette nourriture et cette boisson qui rendent ceux qui les consomment immortels et incorruptibles dans la société des saints, où il y aura la paix, et une unité complète et parfaite.”

ad 1. La passion du Christ, en vertu de quoi ce sacrement opère, est bien cause suffisante de la gloire, mais non pas à ce point que par elle nous soyons introduits aussitôt dans la gloire : il faut d’abord “que nous souffrions avec lui”, pour ensuite “être glorifiés avec lui” (Rm 8, 17). De la même façon ce sacrement ne nous introduit pas aussitôt dans la gloire, mais il nous donne la force de parvenir à la gloire.

Comment l’Eucharistie remet le péché mortel

On peut considérer le sacrement en lui-même. À ce point de vue, ce sacrement a la vertu qu’il faut pour remettre n’importe quels péchés, en vertu de la passion du Christ, qui est la source et la cause de la rémission des péchés.

Mais on peut considérer ce sacrement par rapport à celui qui le reçoit, selon qu’on trouve en lui, ou non, obstacle à percevoir l’effet de ce sacrement. Or quiconque a conscience d’un péché mortel possède en lui-même un obstacle à percevoir l’effet de ce sacrement, parce qu’il n’est pas un sujet adapté à ce sacrement ; d’une part, parce que spirituellement il n’a pas la vie, et ainsi il ne doit pas prendre une nourriture spirituelle, ce qui n’appartient qu’à un vivant ; d’autre part, parce qu’il ne peut pas s’unir au Christ, – ce que réalise ce sacrement –, aussi longtemps qu’il est attaché au péché mortel. C’est pourquoi il est dit, au livre des Croyances ecclésiastiques : “Si l’âme est attachée au péché, la réception de l’eucharistie la charge plus qu’elle ne la purifie.” Par conséquent, chez celui qui reçoit l’eucharistie avec la conscience d’un péché mortel, ce sacrement n’opère pas la rémission du péché.

Ce sacrement peut toutefois opérer la rémission du péché de deux façons.
D’abord lorsqu’il n’est pas reçu effectivement, mais par vœu : c’est le cas de l’homme qui reçoit la justification première de son péché.
Ensuite, lorsqu’il est reçu par un homme en péché mortel, mais qui n’a pas conscience de son péché et n’y est pas attaché. Peut-être en effet que, tout d’abord, il n’avait pas été suffisamment contrit ; mais, venant avec dévotion et respect, il obtiendra par ce sacrement la grâce de la charité, qui rendra parfaites sa contrition et la rémission de son péchés.

L’eucharistie remet le péché véniel

On peut considérer deux choses dans ce sacrement : le sacrement lui-même, et la “réalité” du sacrement. Et des deux côtés on voit que ce sacrement possède une vertu pour la rémission des péchés véniels.

Car ce sacrement se prend sous l’aspect d’un aliment nourrissant. Or la nutrition procurée par l’aliment est nécessaire au corps pour restaurer ce que perd quotidiennement par l’action de la chaleur naturelle. Et, sur le plan spirituel, il se produit en nous, quotidiennement, une déperdition due à l’ardeur de la convoitise, par les péchés véniels qui diminuent la ferveur de la charité, comme on l’a montré dans la deuxième Partie. C’est pourquoi il appartient à ce sacrement de remettre les péchés véniels. Aussi S. Ambroise dit-il qu’on mange ce pain quotidien “pour remédier à la faiblesse quotidienne”.

Quant à la “réalité” de ce sacrement, c’est la charité, dont ce sacrement excite non seulement l’habitus, mais l’acte : c’est par là que les péchés véniels sont effacés. Il est donc évident que les péchés véniels sont remis par la vertu de ce sacrement.

Toute la peine du péché est-elle remise par ce sacrement ?

Ce sacrement est tout ensemble sacrifice et sacrement. Mais il a raison de sacrifice en tant qu’il est offert ; et il a raison de sacrement en tant qu’il est mangé. Et c’est pourquoi il produit l’effet du sacrement en celui qui mange, tandis qu’il produit l’effet du sacrifice en celui qui offre, ou en ceux pour qui il est offert.

En tant que sacrement, il a un double effet : l’un directement, en vertu du sacrement ; l’autre en vertu d’une certaine concomitance, comme on l’a dit au sujet de ce qui est contenu dans le sacrement.
Directement cet effet pour lequel il a été institué. Or, il n’a pas été institué en vue de satisfaire, mais pour produire une nutrition spirituelle par union au Christ et à ses membres, de même que la nourriture s’unit à celui qui est nourri.
Mais, parce que cette unité se fait par la charité, dont la ferveur nous obtient la rémission non seulement de la faute, mais encore de la peine, il s’ensuit que, par voie de conséquence, grâce à une certaine concomitance qui accompagne l’effet principal, on obtient rémission de la peine ; non sans doute de la peine entière, mais selon la mesure de sa dévotion et de sa ferveur.

En tant qu’elle est sacrifice, au contraire, l’eucharistie a une puissance satisfactoire. Mais dans la satisfaction on considère davantage le sentiment de l’offrant que la quantité de l’oblation. Aussi le Seigneur dit-il en S. Luc (21, 4), au sujet de la veuve qui avait offert deux piécettes, qu’elle “a donné plus que tout le monde”. Aussi, bien que cette oblation de l’eucharistie, quant à sa quantité, suffise à satisfaire pour toute la peine, cependant elle a valeur satisfactoire à l’égard de ceux pour qui elle est offerte, ou même à l’égard de ceux qui l’offrent, selon la quantité de leur dévotion, et non pour toute la peine.

Préserve des péchés futurs

Le péché est comme la mort spirituelle de l’âme. On est donc préservé du péché futur à la manière dont le corps est préservé de la mort future. Cela se fait de deux façons. D’abord en ce que la nature de l’homme est fortifiée intérieurement contre les forces intérieures de destruction ; c’est ainsi qu’on est préservé de la mort par la nourriture et les remèdes. Ensuite parce qu’on est protégé contre les attaques extérieures ; et c’est ainsi qu’on est préservé par les armes dont on protège son corps.

Notre sacrement préserve du péché de ces deux façons. Car d’abord, du fait qu’il unit au Christ par la grâce, il fortifie la vie spirituelle de l’homme à la manière d’un aliment spirituel et d’un remède spirituel, selon cette parole du Psaume (104, 15) : “Le pain fortifie le cœur de l’homme.” Et S. Augustin dit : “Approche sans crainte, c’est du pain, non du poison.”

Puis, en tant que ce sacrement est un signe de la passion du Christ, par quoi les démons ont été vaincus, il repousse toute attaque des démons. D’où cette parole de saint Chrysostome : “Nous quittons cette table comme des lions, en soufflant le feu, devenus redoutables au démon.”

Ce sacrement profite à d’autres qu’à ceux qui le consomment

Sacrement, et sacrifice. Car en tant que, dans ce sacrement, la passion du Christ est rendue présente, par laquelle le Christ “s’est offert à Dieu en victime” (Ep 5, 2), il a raison de sacrifice. Mais en tant que, dans ce sacrement, la grâce est invisiblement donnée sous une apparence visible, il a raison de sacrement.

Ainsi donc, ce sacrement profite à ceux qui le consomment et par mode de sacrement, et par mode de sacrifice, car il est offert pour tous ceux qui le consomment ; en effet on dit dans le canon de la messe : “Quand nous recevrons, en communiant ici à l’autel, le Corps et le Sang infiniment saints de ton Fils, puissions-nous tous être comblés des grâces et des bénédictions du ciel” (Nous verrons plus loin qu’il y a deux manières de le consommer : sacramentelle et spirituelle.)

Mais aux autres, qui ne le consomment pas, il profite par mode de sacrifice, en tant qu’il est offert pour leur salut ; aussi dit-on, au canon de la messe : “Souviens-toi, Seigneur, de tes serviteurs et de tes servantes … pour qui nous t’offrons, ou qui t’offrent eux-mêmes ce sacrifice de louange pour eux et pour tous les leurs, afin d’obtenir leur propre rédemption, la sécurité et le salut dont ils ont l’espérance.”

Et le Seigneur a manifesté ce double profit lorsqu’il a dit en S. Matthieu (26, 28) : “qui pour vous” qui le consommez, “et pour beaucoup” d’autres, “sera répandu en rémission des péchés”.

Le péché véniel fait-il obstacle à l’effet de l’Eucharistie ?

On peut prendre les péchés véniels à deux points de vue : selon qu’ils sont passés, ou selon qu’ils sont actuellement commis.

Les péchés véniels passés n’empêchent aucunement l’effet de ce sacrement. Car il peut arriver que quelqu’un, après avoir commis de nombreux péchés véniels, s’approche avec dévotion de ce sacrement et en obtienne pleinement l’effet.

Les péchés véniels actuels n’empêchent pas totalement, mais partiellement, l’effet de ce sacrement. Car, nous l’avons dit, l’effet de ce sacrement n’est pas seulement l’obtention de la grâce habituelle ou de la charité, mais aussi une certaine réfection actuelle de douceur spirituelle. Or celle-ci est empêchée si quelqu’un s’approche de ce sacrement avec une âme distraite par les péchés véniels. Mais cela n’empêche pas l’accroissement de la grâce habituelle ou de la charité.

Question 48 et suivantes sur la passion du Christ

a. 1 La passion du Christ a causé notre salut par mode de mérite

a. 2 La passion du Christ a causé notre salut par mode de satisfaction

a. 3 La passion du Christ a causé notre salut par mode de sacrifice

a. 4 La passion du Christ a causé notre salut par mode de rachat

Q. 49 a. 1 La passion du Christ est la cause propre de la rémission des péchés de trois manières.

1° Par mode d’excitation à la charité ; car selon S. Paul (Rm 6, 8) : “La preuve que Dieu nous aime, c’est que dans le temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous.” Or, par la charité, nous obtenons le pardon des péchés, suivant cette parole (Lc 7, 47) : “Ses nombreux péchés lui ont été remis parce qu’elle a beaucoup aimé.”

2° Par mode de rédemption. En effet, le Christ est notre tête. Par la passion qu’il a subie en vertu de son obéissance et de son amour, il nous a délivrés de nos péchés, nous qui sommes ses membres, comme si sa passion était le prix de notre rachat. C’est comme si un homme, au moyen d’une œuvre méritoire accomplie par sa main, se rachetait du péché commis par ses pieds. Car, de même que le corps naturel est un, alors qu’il consiste en membres divers, l’Église tout entière, corps mystique du Christ, est comptée pour une seule personne avec sa tête, qui est le Christ.

3° Par mode d’efficience. La chair dans laquelle le Christ a souffert sa passion est l’instrument de sa divinité, et c’est en raison de sa divinité que ses souffrances et ses actions agissent dans la vertu divine, en vue de chasser le péché.

a. 2 Par la Passion, nous sommes délivrés de la puissance du démon

a. 3 Par la passion du Christ nous sommes délivrés de l’obligation du châtiment

a. 5 Par la passion du Christ, la porte du ciel nous a été ouverte

Concile de Trente
Exposition de la doctrine touchant le sacrifice de la Messe

22e SESSION

(Nous avons publié le chapitre 1 la semaine dernière.)

Chapitre 2 : Que le sacrifice visible de la messe est propitiatoire pour les vivants et pour les morts

Et parce que le même Jésus-Christ qui s’est offert une fois lui-même sur l’autel de la croix avec effusion de son sang, est contenu et immolé sans effusion de sang dans ce divin sacrifice, qui s’accomplit à la messe : dit et déclare le saint concile que ce sacrifice est véritablement propitiatoire, et que par lui nous obtenons miséricorde et trouvons grâce et secours au besoin, si nous approchons de Dieu, contrits et pénitents, avec un cœur sincère, une foi droite, et dans un esprit de crainte et de respect. Car notre Seigneur, apaisé par cette offrande, et accordant la grâce et le don de pénitence, remet les crimes et les péchés, même les plus grands, puisque c’est la même et l’unique hostie, et que c’est le même qui s’offrit autrefois sur la croix qui s’offre encore à présent par le ministère des prêtres, n’y ayant de différence qu’en la manière d’offrir ; et c’est même par le moyen de cette oblation non sanglante que l’on reçoit avec abondance le fruit de celle qui s’est faite avec effusion de sang ; tant s’en faut que par elle on déroge en aucune façon à la première. C’est pourquoi, conformément à la tradition des apôtres, elle est offerte, non seulement pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres nécessités des fidèles qui sont encore vivants, mais aussi pour ceux qui sont morts en Jésus-Christ, et qui ne sont pas encore entièrement purifiés.

Chapitre 6 : Des messes auxquelles le prêtre seul communie

Le saint concile souhaiterait à la vérité qu’à chaque messe tous les fidèles qui y assisteraient communiassent non seulement spirituellement et par un sentiment intérieur de dévotion, mais aussi par la réception sacramentelle de l’Eucharistie, afin qu’ils participassent plus abondamment au fruit de ce très-saint sacrifice. Cependant, encore que cela ne se fasse pas toujours, il ne condamne pas pour cela comme illicites et à titre de particulières les messes auxquelles le prêtre seul communie sacramentellement ; mais il les approuve et les autorise même, puisque ces mêmes messes doivent être estimées véritablement communes, et parce que le peuple y communie spirituellement, et parce qu’elles sont célébrées par un ministre public de l’Église, non seulement pour lui, mais aussi pour tous les fidèles qui appartiennent au corps de Jésus-Christ.

Chapitre 7 : De l’eau que l’on mêle avec le vin dans le calice

Le saint concile avertit aussi que l’Église a ordonné aux prêtres de mêler de l’eau au vin qui doit être offert dans le calice, tant parce qu’il est à croire que Notre-Seigneur Jésus-Christ en a usé de la sorte, que parce qu’il sortit de son côté de l’eau avec le sang ; et que par le mélange que l’on fait dans le calice, on renouvelle la mémoire de ce mystère ; outre que par là même on représente encore l’union du peuple fidèle avec Jésus-Christ qui en est le chef, les peuples étant signifiés par les eaux dans l’Apocalypse de saint Jean.

Chapitre 8 : En quelle langue la messe doit être célébrée.

Quoique la messe contienne de grandes instructions pour les fidèles, il n’a pourtant pas été jugé à propos par les anciens Pères qu’elle fût célébrée partout en langue vulgaire. C’est pourquoi chaque église retenant en chaque lieu l’ancien usage qu’elle a pratiqué, et qui a été approuvé par la sainte Église romaine, la mère et la maîtresse de toutes les églises ; afin pourtant que les brebis de Jésus-Christ ne souffrent pas de faim, et que les petits enfants ne demandent pas du pain sans trouver qui leur en rompe, le saint concile ordonne aux pasteurs, et à tous ceux qui ont charge d’âmes, que souvent au milieu de la célébration de la messe ils expliquent eux-mêmes, ou fassent expliquer par d’autres, quelque chose de ce qui se lit à la messe, et particulièrement qu’ils s’attachent à faire entendre quelque mystère de ce très-saint sacrifice, surtout les jours de dimanches et de fêtes.

Du sacrifice de la messe

Canon 1 Si quelqu’un dit qu’à la messe on n’offre pas à Dieu un véritable et propre sacrifice, ou qu’être offert n’est autre chose que Jésus-Christ nous être donné à manger : Qu’il soit anathème.

Canon 2 Si quelqu’un dit que par ces paroles (l Cor. Il, Luc. 22) : Faites ceci en mémoire de moi, Jésus-Christ n’a pas établi les apôtres prêtres, ou n’a pas ordonné qu’eux et les autres prêtres offrissent son corps et son sang : Qu’il soit anathème.

Canon 3 Si quelqu’un dit que le sacrifice de la messe est seulement un sacrifice de louange et d’action de grâces, ou une simple mémoire du sacrifice qui a été accompli à la croix, et qu’il n’est pas propitiatoire, ou qu’il n’est profitable qu’à celui qui le reçoit, et qu’il ne doit point être offert pour les vivants et pour les morts, pour les péchés, les peines, les satisfactions, et pour toutes les autres nécessités : Qu’il soit anathème.

Canon 4 Si quelqu’un dit que par le sacrifice de la messe on commet un blasphème contre le très saint sacrifice de Jésus-Christ consommé en la croix, ou qu’on y déroge : Qu’il soit anathème.

Canon 8 Si quelqu’un dit que les messes auxquelles le prêtre seul communie sacramentellement sont illicites, et que pour cela il en faut faire cesser l’usage : Qu’il soit anathème.

Canon 9 Si quelqu’un dit que l’usage de l’Église romaine de prononcer à basse voix une partie du canon et les paroles de la consécration doit être condamné ; ou que la messe ne doit être célébrée qu’en langue vulgaire ; ou qu’on ne doit point mêler d’eau avec le vin qui doit être offert dans le calice, parce que c’est contre l’institution de Jésus-Christ : Qu’il soit anathème.

Décret touchant les choses qu’il faut observer et éviter dans la célébration de la messe

Il sera aisé à chacun de juger quel soin il faut apporter pour célébrer le très saint sacrifice de la messe avec tout le respect et toute la vénération dont on doit user dans les choses de religion, si on considère que celui qui fait l’œuvre de Dieu avec négligence est traité de maudit dans les saintes Lettres. Car, si nous sommes nécessairement obligés d’avouer que les fidèles ne peuvent exercer aucune œuvre si sainte ni si divine que ce mystère terrible dans lequel cette hostie vivifiante, par laquelle nous avons été réconciliés à Dieu le Père, est tous les jours immolée sur l’autel par les prêtres, il parait assez clairement qu’il faut mettre tout son soin et toute son application pour faire cette action avec la plus grande netteté et pureté intérieure du cœur, et la plus grande piété et dévotion extérieure qu’il est possible.