XX
MON CHER PETIT ENFANT À CROQUER
L’ambiance devenait toujours très pénible à l’approche de Noël. Pour comprendre cela il faut connaître la chaude intimité avec laquelle on célèbre cette fête en Hongrie. Pendant ces froides journées de décembre chacun sombrait dans un profond mutisme comme si la grisaille avait aussi glacé nos cœurs. J’avais déjà passé trois Noëls en détention mais, dans la salle des prêtres, nous avions trouvé moyen de célébrer cette grande fête liturgique. Sans rien de spécial pour égayer la veillée, nous étions à même de célébrer la Sainte Messe et, après l’office, de bavarder en évoquant les souvenirs des Noëls de nos jeunes années. Nous prenions notre repas du soir en commun. À cette époque-là, nous obtenions encore des paquets et chacun gardait quelque chose en surprise : un morceau de pain blanc, même s’il était devenu dur comme pierre, ou un peu de confiture ou quelques morceaux de sucre… cela donnait une atmosphère de fête à la soirée.
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