L’Immaculée
dans les derniers temps

De vous à moi, bien cher lecteur, mieux averti que moi en mariologie, mon article précédent a pu vous paraître bien niais pour un « disciple » de la Fidélité catholique. Je suppose cependant qu’en le publiant, Monsieur l’abbé a voulu vous conforter dans votre dévotion en utilisant le zèle d’un néophyte, pour rappeler la doctrine catholique sur la personne et la mission de la Sainte Vierge.

C’est aussi le but de l’Abbé Stehlin qui consacre la sixième partie de son ouvrage à souligner « l’importance du rôle de l’Immaculée dans les derniers temps : Le rôle particulier que Notre-Seigneur a confié à Notre-Dame dans les derniers temps de l’histoire du monde est un fait incontestable ».

Ses arguments tiennent, en premier lieu, dans « le développement inconnu jusqu’alors de la mariologie ». Il constate par ailleurs que Notre Dame « intervient toujours plus dans les différentes apparitions examinées avec soin par l’Église et déclarées authentiques. » En même temps que « surgissent des personnages que l’on peut qualifier de saints marials dont la vie, les écrits et les actes ne peuvent être expliqués que par une intervention spéciale de la Mère de Dieu ».

 LE DÉVELOPPEMENT DE LA MARIOLOGIE

 Contrairement à ce que prétendent les révisionnistes conciliaires, dès les premiers siècles, comme en attestent de nombreux textes, le culte de Marie était très vivant dans l’Église. Et si ce n’est qu’à partir du saint L. M. Grignion de Montfort et au XIXe siècle que la mariologie se développa considérablement, c’est évidemment parce que la Révolution, fille des « Lumières » du XVIIIe et le libéralisme prétendu catholique ont entrepris de détrôner son principal ennemi[1].

Ce vif recours à Marie dura jusqu’au concile Vatican II quand « la nouvelle théologie et les réformes postconciliaires portèrent un coup fatal au développement de l’enseignement sur la Sainte Vierge[2] ». Mais c’est avant tout « A cause du nouvel œcuménisme et du dialogue interreligieux avec les religions non chrétiennes, [qu’] il n’y a pas de place pour Marie, et les dogmes marials sont une pierre d’achoppement pour l’œcuménisme avec les protestants. On pourrait peut-être croire qu’au moins dans les contacts avec les orthodoxes, la Sainte Vierge ne poserait pas de problème, mais même ici on rencontre beaucoup d’obstacles, puisque les orthodoxes ne reconnaissent aucun des dogmes proclamés par l’Église catholique après les sept premiers conciles œcuméniques[3] ».

En revanche, alors que Maximilien Kolbe constatait la coïncidence des apparitions de Fatima avec le bicentenaire de la Franc-maçonnerie, il est non moins évident que le tricentenaire de cette « épiphanie satanique » doit nous inciter à mettre les principales apparitions et surtout celles de Fatima, dans la perspective de l’Apocalypse et ainsi nourrir, avec le cinquième mystère glorieux du Rosaire, notre dévotion à l’Immaculée.

LES GRANDES APPARITIONS MARIALES

« Dans l’histoire de l’Église, de telles apparitions ont toujours existé, mais leur but principal était l’union personnelle du voyant avec Marie, ou bien il consistait en un message à un Ordre religieux en particulier, à un pays, ou même à un groupe limité de fidèles.

En revanche, ce n’est qu’avec les temps modernes que commencent les grandes apparitions à portée mondiale. Il semble que dans la mesure où sur terre le combat contre les droits de Dieu et de l’Église s’intensifie, et où se répand l’esprit matérialiste et libéral de la franc-maçonnerie, dans la même mesure la Sainte Vierge elle-même apparaît de plus en plus souvent, pour fortifier les catholiques dans leur foi, et leur apporter l’aide adéquate contre les dangers qui se font jour ».

 « Guadalupe (1531)[4] ; La médaille miraculeuse (1830)[5] ; La Salette (1846)[6] ; et surtout Lourdes (1858) : ou d’après Maximilien Kolbe, réside le secret le plus profond de la vie intérieure de Marie. A Lourdes, Marie a révélé le fondement spirituel et théologique de sa mission à la fin des temps. « Le but de tout homme est sa divinisation par la médiation de Jésus-Christ auprès du Père — dit le saint — mais c’est par l’Immaculée, Médiatrice de toutes grâces, que l’homme s’unit à Jésus. »

Et enfin, Fatima (1917) : « cette année marque certainement l’apothéose et la victoire de l’offensive antichrétienne : à l’Est, c’est le début du communisme athée, à l’Ouest, la franc-maçonnerie célèbre son 200e anniversaire comme un triomphe sur l’ordre ancien représenté par l’Église.

La même année, Notre-Dame se manifeste à Fatima, sommet de tout le mouvement marial des derniers siècles. Le 13 juillet 1917, les enfants voient l’enfer, ainsi que d’innombrables âmes sur le chemin de la damnation éternelle. « Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde entier la dévotion à mon Cœur Immaculé » . Le dernier recours est son Cœur Immaculé auquel le monde entier, mais surtout la Russie, doit être consacré. Le troisième secret de Fatima parle de la victoire de Satan dans l’Église par l’apostasie et le modernisme. C’est pourquoi il n’y a plus qu’un seul moyen de salut pour cette époque si troublée que traverse l’Église, cette époque de son martyre mystique ; et ce moyen, c’est le Cœur Immaculé de Marie. Dans les décennies suivantes, Fatima, et la dévotion mariale qui en a découlé, ont influencé la vie de l’Église d’une manière décisive ».

Ils détermineront Maximilien Kolbe dans son apostolat . C’est ce que nous verrons dans le prochain et dernier article consacré à cet ouvrage où nous synthétiserons : les chapitres consacrés à : La M.I. et le Grand Secret de Fatima ; à la trahison de La Milice de l’Immaculée et au devoir de la M.I. a notre époque. En revanche nous ferons l’impasse sur la présentation des « personnages que l’on peut qualifier de saints marials» dont l’intérêt devrait vous inciter à acquérir et surtout à lire L’Immaculée notre Idéal.

Serge Iciar

 

[1]    Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci t’atteindra à la tête, et toi tu l’atteindras au talon (Ge 3:15) .

[2]    Alors que « Durant la préparation du Concile Vatican II, la commission centrale des évêques reçut plus de 600 vota (souhaits et motions que le concile devait traiter), demandant que le prochain concile œcuménique proclame d’une façon spéciale l’enseignement sur la bienheureuse Vierge Marie. 311 vota demandaient la proclamation du dogme de la médiation universelle de Marie, 127 la définition d’autres dogmes, par exemple Marie Corédemptrice »

[3]    « A cause de ces attaques contre la mariologie, la dévotion mariale de beaucoup de catholiques fidèles risque de se détacher de son fondement dogmatique et de sombrer dans un sentimentalisme subjectif. Et c’est ainsi que beaucoup sont victimes d’ « apparitions » fausses voire hérétiques (par exemple Ohlau ou Medjugorje) ».

[4]    « au moment même où en Europe l’hérésie protestante arrachait à l’Église catholique huit millions de fidèles, les apparitions de la Sainte Vierge les 9, 10 et 12 décembre 1531 sur le Mont Tepeyac à Mexico », et l’impression miraculeuse de son image sur le manteau du « Bienheureux Juan Diego dans laquelle les Indiens voyaient un signe du triomphe de Marie sur leurs dieux, plus de dix millions de païens se convertirent en très peu de temps, et en quelques années, toute l’Amérique du Sud devint catholique ».

[5]    « En 1830 une nouvelle révolution (les Trois Glorieuses) accélère la phase sociale de la Révolution. A la même époque, au même endroit, à Paris, rue du Bac, la Sainte Vierge apparut avec autour d’elle un cadre lumineux de forme ovale, sur lequel était écrit en demi-cercle et en lettres d’or : Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. Elle ordonne à sœur Catherine Labouret : Faites graver une médaille sur ce modèle La Très Sainte Vierge ordonne à sœur Catherine : Les personnes qui la porteront obtiendront beaucoup de grâces. Les grâces seront très nombreuses pour tous ceux qui la porteront avec confiance ! »

[6]    « Le libéralisme se propage y compris à l’intérieur de l’Église (surtout en France) et se répand dans toute l’Europe et en Amérique du Nord. Tels sont les débuts du modernisme. La Sainte Vierge apparaît de nouveau en France, cette fois le 19 septembre 1846, à la Salette, à deux enfants, Mélanie et Maximin. On appelle ce message « l’apocalypse marial », car il traite des derniers temps et de l’antéchrist. D’une manière terrifiante, Notre-Dame y décrit la décadence et l’apostasie du clergé ainsi que celle des nations, et elle demande prière et pénitence. »

L’ouvrage L’Immaculée notre idéal, par l’abbé Stehlin, est en vente à notre librairie, ici.