Mélanie Calvat nous enseigne le courage dans la foi

Extraits du livre : Lettres au Chanoine de Brandt

Lettre 244, p. 81

Castellamare, 23 novembre 1882

Mon très Révérend Père,

Que Jésus soit aimé de tous les cœurs !

…Il y a toujours eu, dans tous les temps, des hypocrites, des Pharisiens qui, sous le voile du zèle, condamnent non le vrai mal, mais ceux qui le condamnent, comme le Secret, et nos Pharisiens d’aujourd’hui laissent imprimer et lire les mauvais livres qui sont contre Dieu, contre les vérités éternelles, et ils condamnent le Secret, qui condamne leur conduite, comme autrefois ils condamnaient la doctrine de Notre Seigneur Jésus-Christ. Pauvres évêques ! Prions pour eux, ils sont dignes de compassion et de pardon de notre part…

Si les personnes qui se disent bonnes chrétiennes continuent de rester aplaties par terre, notre France ne comptera plus de martyrs. Je suis indignée de voir que nous n’avons plus la foi, non, plus de foi. Les œuvres sont ordinairement le fruit de la foi. Or, je lisais hier, dans le Pélerin, que les briseurs de croix étaient entrés dans une école congréganiste enlever la croix « et les religieuses priaient pour ces malheureux ».

Mon Dieu, moi je me suis senti le désir de prier pour ces religieuses, qui savent fort bien que le Christ est leur Père, leur Époux, leur Ami, leur Sauveur, leur Juge et leur récompense dans l’éternité. Comment, il n’y en a pas eu une d’elles qui ait pris la défense de son Dieu crucifié ! Pas eu une qui ait pris la croix dans ses bras et dit à ces malheureux : « Vous me romprez les mains, les bras, vous m’emprisonnerez et vous m’ôterez la vie si vous voulez, mais vous n’insulterez pas mon Dieu, qui sera mon Juge et le vôtre. » Non, on a laissé faire, C’est incroyable… A cela quelqu’un m’a répondu : « Si on avait fait cela, on aurait fait fermer l’école. »

Ô Dieu ! Est-ce que cet exemple aux enfants et au public n’aurait pas fait plus de bien ? Est-ce que les Martyrs, les Apôtres, n’auraient pas aussi pu dire : « Si nous mourons, nous ne pourrons plus instruire le peuple ? » Non, mais c’est qu’ils avaient la foi et le feu de l’amour de Dieu dans le cœur, et leur zèle était bien réglé, tandis que nous, nous n’avons ni foi ni zèle, et par conséquent pas d’amour de Dieu. C’est incroyable ; je ne comprends plus rien. On n’aime plus le bon Dieu en France : pauvre France ! Si les Juifs étaient dans le sein de l’Église, je croirais que nous sommes à la sixième époque, à la fin du monde.

Lettre 288, p. 133

Cannes, le 4 mars 1886

Mon très cher Père, l’avenir s’assombrit de plus en plus et la mal triomphe toujours. Dès le commencement, lorsque l’on abattait les croix, que l’on chassait les religieux, je ne cessais de le dire : « Il faut défendre notre sainte religion et nos signes de salut ; il ne faut pas donner nos croix ; il ne faut pas donner du terrain à nos ennemis ; il faut qu’il y ait du sang versé pour la bonne cause, il faut se laisser couper en morceaux plutôt que de laisser enlever nos croix, sinon après cela, on voudra autre chose, etc. etc. »

On n’en a rien fait ; l’ennemi a vu que nous avions plus peur des foudres des hommes que de la foudre de Dieu : nous avons reculé et ils ont avancé…

Lettre n° 218, p. 55

Pauvre France ! …c’est incroyable l’orgueil des hommes, c’est la Tour de Babel, mais nous sommes bien plus coupables qu’on ne l’était alors.

Certes, ce n’est pas avec l’orgueil que l’on peut combattre le choléra, ministre de Dieu.

Sœur Marie de la Croix

Textes publiés par le Bulletin des Amis de Saint François de Sales, C. P. – 1950 Sion – Suisse – www.amissfs.com