Le pape François profane une basilique

La basilique Saint-Pétrone de Bologne
deux fois profanée

Le Pape  a profané deux fois la basilique Saint-Pétrone, lors de sa visite à Bologne le 1er octobre dernier : premièrement il a transformé le lieu saint en salle de banquet et deuxièmement il a identifié la messe à « l’accueil de l’autre ». La deuxième profanation est, hélas, des plus courantes, la première la met bien en valeur.


« Après sa rencontre avec le monde du travail à Bologne (Italie), le pape François s’est rendu à la basilique Saint-Pétrone où il a pris le temps de déjeuner avec les pauvres, les réfugiés et les prisonniers. Le pape les a d’abord assurés de la place primordiale que l’Église accorde aux pauvres. Même si une église est un lieu où on célèbre avant tout « le mystère de l’Eucharistie », a-t-il dit, c’est aussi un lieu où chacun est accueilli tel qu’il est. En plus du déjeuner qu’ils ont partagé, chaque participant a reçu un Évangile, « la nourriture la plus précieuse (…) que nous portons tous dans notre cœur, qui pour nous chrétiens a le bon visage de Jésus ». Puis, le pape a invité les pauvres à apporter le pain de l’amitié et du partage qu’ils ont reçu à d’autres. » La Documentation Catholique

Texte original italien dans l’Ossevatore Romano des 2-3 octobre 2017

Chers frères et sœurs,

Quelle joie de vous voir si nombreux en cette maison ! C’est véritablement comme la maison de notre Mère, la maison de la miséricorde, l’Église qui accueille tout le monde, en particulier ceux qui ont besoin d’une place.

Vous êtes au centre de cette maison. L’Église veut que vous soyez au centre. Elle ne prépare pas n’importe quelle place ou une place différente : au centre et ensemble. L’Église est de tous, particulièrement des pauvres. Nous sommes tous des invités, uniquement par la grâce. C’est un mystère d’amour gratuit de Dieu qui nous veut ici, non par mérite, mais par son amour.

Dans cette maison, on célèbre normalement le mystère de l’Eucharistie, la table sur laquelle sont déposés le pain et le vin qui deviennent le Corps et le Sang de Jésus, rompu et versé pour la multitude des hommes qu’il aime. Que la mathématique de Dieu est étrange : elle ne se multiplie que si elle se divise ! Dressons toujours une table d’amour pour ceux qui en ont besoin.

La charité n’est jamais à sens unique, elle est toujours circulaire et tous donnent et reçoivent quelque chose. Nous recevons tous et nous savons et pouvons tous donner beaucoup. Jésus n’écarte personne, il ne méprise pas. Il a soif et il nous demande de lui donner à boire car il marche avec nous et souffre avec nous. Et précisément nous avons cette cruche, peut-être un peu usée, qui peut lui donner de l’eau, qui est notre cœur ! Notre vie est toujours précieuse et nous avons tous quelque chose à donner aux autres.

À la fin, vous sera remise la nourriture la plus précieuse, l’Évangile, la Parole de ce Dieu que nous portons tous dans notre cœur, qui pour nous chrétiens a le bon visage de Jésus. Il est pour vous ! Il est tourné précisément vers ceux qui en ont besoin ! Prenez-le tous et portez-le comme signe, sceau personnel d’amitié avec Dieu qui se fait pèlerin, sans avoir de place, pour la préparer à tous.

Nous sommes tous des pèlerins, des mendiants d’amour et d’espérance, et nous avons besoin de ce Dieu qui se fait proche et se révèle dans la fraction du pain.

Ce pain d’amour que nous partageons aujourd’hui, apportez-le vous aussi aux autres. Offrez à tous sympathie et amitié. C’est l’engagement que nous pouvons tous avoir. Il y en a grand besoin. Vous avez une sensibilité particulière à saisir la dimension humaine, parce que vous savez ce qu’est la fragilité, le besoin de tendre les mains, de se faire aider en mettant de côté l’orgueil.

Le « Notre Père » que nous réciterons à la fin est vraiment la prière des pauvres. La demande de pain, en effet, exprime la confiance en Dieu pour les besoins fondamentaux de notre vie. Ce que Jésus nous a enseigné par cette prière exprime et recueille la voix de ceux qui souffrent en raison de la précarité de l’existence et du manque du nécessaire. Aux disciples qui demandaient à Jésus de leur enseigner à prier, Il a répondu avec les paroles des pauvres qui s’adressent à l’unique Père dans lequel tous se reconnaissent comme frères. Le « Notre Père » est une prière qui s’exprime au pluriel : le pain qui se demande est « notre », et cela implique partage, participation et responsabilité commune. Dans cette prière, nous reconnaissons tous l’exigence de surmonter toute forme d’égoïsme pour accéder à la joie de l’accueil réciproque.

Aujourd’hui nous pouvons partager notre pain quotidien. Et nous voulons tous en rendre grâce à Dieu.