Troisième dimanche après l’Épiphanie

Dom Guéranger ~ L’année liturgique
Troisième dimanche après l’Épiphanie

Le mouvement de la fête de Pâques occasionne presque tous les ans un dérangement dans l’ordre selon lequel ils se présentent au missel. La Septuagésime remonte assez souvent jusqu’en janvier, et il arrive même quelquefois que la Quinquagésime précède la fête de la Purification.

À la messe

L’introït nous représente les anges du Seigneur l’adorant au moment de son entrée en ce monde, comme l’explique saint Paul dans l’épître aux Hébreux. L’Église célèbre avec David l’allégresse de Sion et les trans­ports des filles de Juda.

Introït

Anges de Dieu, adorez-le tous ; Sion a appris que le Seigneur est venu, et elle s’est réjouie, et les filles de Juda ont tressailli d’allé­gresse. Ps. Le Seigneur règne : que la terre tressaille, que toutes les îles en soient dans la joie. Gloire au Père. Anges de Dieu.

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, regardez d’un œil favorable notre faiblesse, et étendez, pour nous secourir, le bras de votre majesté. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Mémoire de la très sainte Vierge [1]

Ô Dieu qui, par la virginité féconde de la bienheureuse Marie, avez procuré au genre humain le prix du salut éternel : accordez-nous, s’il vous plaît, de ressentir les effets de l’intercession de celle par qui nous avons reçu l’auteur de la vie, notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils.

La troisième oraison est l’une des deux suivantes :

Contre les persécuteurs de l’Église

Daignez, Seigneur, vous laisser fléchir par les prières de votre Église, afin que, toutes les adversités et toutes les erreurs ayant disparu, elle puisse vous servir dans une paisible liberté.

Pour le pape

Ô Dieu, qui êtes le pasteur et le conducteur de tous les fidèles, regardez d’un œil propice votre serviteur N., que vous avez mis à la tête de votre Église en qualité de pasteur ; donnez-lui, nous vous en supplions, d’être utile par ses paroles et son exemple à ceux qui sont sous sa conduite, afin qu’il puisse parvenir à la vie éternelle avec le troupeau qui lui a été confié. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Épître
Lecture de l’Épître du bienheureux Paul, apôtre, aux Romains. Chap. 12

Mes Frères, ne soyez point sages à vos propres yeux. Ne rendez à personne le mal pour le mal. Ayez soin de faire le bien, non seulement devant Dieu, mais encore devant tous les hommes. S’il est possible, et autant qu’il est en vous, ayez la paix avec tous les hommes. Ne vous vengez pas vous-mêmes, mes très chers Frères ; mais laissez s’éloigner la colère. Car il est écrit : « À moi la vengeance ; c’est moi qui la ferai, dit le Seigneur. » Mais si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger ; s’il a soif, donnez-lui à boire. Car, en agissant de la sorte, vous amasserez des charbons de feu sur sa tête. Ne vous laissez pas vaincre par le mal, mais surmontez le mal par le bien.

Cette charité envers le prochain, que nous recommande l’apôtre, prend sa source dans la fraternité universelle que le Sauveur est venu nous apporter du ciel par sa naissance. Il est venu faire la paix entre le ciel et la terre : les hommes doivent donc aussi avoir la paix entre eux. Si le Seigneur nous recommande de ne pas nous laisser vaincre par le mal, mais de surmonter le mal par le bien, ne l’a-t-il pas fait lui-même lors­qu’il est venu au milieu des enfants de colère pour en faire des enfants d’adoption, au moyen de ses abaissements et de ses souffrances ?

Dans le graduel, la sainte Église continue de célébrer la venue de l’Emmanuel, et convoque toutes les nations et tous les rois de la terre à venir confesser son nom.

Graduel

Les nations craindront votre nom, Seigneur, et tous les rois de la terre redouteront votre gloire. V/. Car c’est le Seigneur qui a bâti Sion, et il s’y fera voir dans sa majesté.

Alleluia, alleluia. V/. Le Seigneur règne : que la terre tressaille, que toutes les îles en soient dans la joie. Alleluia.

Évangile
La suite du saint Évangile selon saint Matthieu. Chap. 8

En ce temps-là, Jésus étant descendu de la montagne, des foules nombreuses le suivirent. Et voici qu’un lépreux, venant à lui, l’adorait en disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. Et Jésus, étendant la main, le toucha en disant : Je le veux, sois guéri. Et aussitôt sa lèpre fut guérie. Et Jésus lui dit : Vois, ne dis cela à personne, mais va, montre-toi au prêtre, et offre le don prescrit par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage. Jésus étant entré dans Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui et lui fit cette prière, disant : Seigneur, mon serviteur est chez moi malade au lit d’une paralysie, et il en souffre beaucoup. Et Jésus lui dit : J’irai et je le guérirai. Et le centurion, lui répondant, dit : Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. Car quoique je sois un homme soumis à d’autres j’ai néanmoins des soldats sous moi, et quand je dis à l’un : Va là, il y va ; et à l’autre : Viens ici, il y vient ; et à mon serviteur : Fais cela, il le fait. Or Jésus, entendant ces paroles, fut dans l’admiration, et il dit à ceux qui le suivaient : En vérité, je vous le dis, je n’ai pas trouvé une si grande foi en Israël. Aussi je vous le déclare, beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident, et auront place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux : tandis que les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures, où il y aura pleur et grincement de dents. Et Jésus dit au centurion : Va, et comme tu as cru qu’il te soit fait. Et le serviteur fut guéri à l’heure même.

Le genre humain était malade de la lèpre du péché : le Fils de Dieu daigne le toucher dans le mystère de l’incarnation, et il lui rend la santé ; mais il exige que le malade ainsi guéri aille se montrer au prêtre, et qu’il accomplisse les cérémonies prescrites dans la loi, pour montrer qu’il associe un sacerdoce humain à l’œuvre de notre salut. La vocation des Gentils, dont les mages ont été les prémices, parait aussi dans la foi du centurion. Un soldat romain et des millions d’autres qui lui sont semblables, seront réputés de vrais enfants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, tandis que des fils directs de ces patriarches seront jetés hors de la salle du festin, dans les ténèbres de l’aveuglement ; et leur châtiment sera donné en spectacle à tous les peuples. Dans l’offertoire, l’homme, sauvé par la venue de l’Emmanuel, chante la puissance du Dieu qui a déployé pour notre salut la force de son bras. L’homme était condamné à la mort éternelle ; mais, ayant pour frère un Dieu, il ne mourra pas : il vivra pour raconter les merveilles de ce Dieu qui l’a sauvé.

Offertoire

La droite du Seigneur a signalé sa force ; la droite du Seigneur m’a élevé en gloire ; je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur.

Secrète

Faites, seigneur, nous vous en supplions, que cette hostie efface nos péchés, et qu’elle sanctifie les corps et les âmes de vos serviteurs, pour célébrer dignement ce sacrifice. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

De la Sainte Vierge

Après avoir reçu nos dons et nos prières, daignez, Seigneur, nous purifier par vos célestes mystères, et nous exaucer dans votre clémence.

Contre les persécuteurs de l’Église

Protégez-nous, Seigneur, nous qui célébrons vos mystères, afin que, nous attachant aux choses divines, nous vous servions dans notre corps et dans notre âme. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Pour le pape

Laissez-vous fléchir, Seigneur, par l’offrande de ces dons, et daignez gouverner par votre continuelle protection votre serviteur N., que vous avez voulu établir pasteur de votre Église. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Pendant la distribution du pain de vie, la sainte Église nous rappelle l’admiration qu’éprouvaient les peuples aux paroles de Jésus. Les enfants de l’Église, initiés à tous les mystères, goûtent en ce moment l’effet de cette ineffable parole au moyen de laquelle le Rédempteur a changé le pain en son corps et le vin en son sang.

Communion

Tous étaient ravis des paroles qui sortaient de la bouche de Dieu.

Postcommunion

Seigneur, vous qui nous faites la grâce de participer à de si grands mystères, rendez-nous dignes, s’il vous plaît, d’en recevoir les effets avec vérité. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

De la Sainte Vierge

Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos crimes, et, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, nous fasse goûter les effets du céleste remède que nous avons reçu.

Contre les persécuteurs de l’Église

Nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, de ne pas laisser exposés aux périls de la part des hommes, ceux à qui vous accordez de participer aux mystères divins.

Pour le pape

Que la réception de ce divin sacrement nous protège, Seigneur ; qu’elle sauve aussi et fortifie à jamais, avec ce troupeau qui lui est confié, votre serviteur N., que vous avez établi pasteur de votre Église. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

À vêpres

Les paumes, le capitule, l’hymne et le verset ci-dessus (Temps de Noël).

Antienne de Magnificat

Ant. Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir ; et Jésus lui dit : Je le veux, sois guéri.

Oraison

Ô Dieu tout-puissant et éternel, jetez un regard favorable sur notre faiblesse, et étendez le bras de votre majesté pour nous protéger. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

[1] Ces oraisons ne se disent plus depuis Jean XXIII. Elles montrent quelles sont les principales préoccupations de l’Église.