Noël
Les laudes

Dom Guéranger ~L’année liturgique
Les laudes de Noël

Les laudes de Noël

V/. O Dieu ! venez à mon aide. R/. Hâtez-vous, Seigneur, de me secourir. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ; Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen. Alleluia.

Le premier psaume des laudes nous montre le Seigneur dans sa force et son infinie grandeur. Sa naissance merveilleuse vient raffermir la terre ébranlée. Il naît dans le temps ; mais il est avant les siècles. La voix des grandes eaux est imposante ; mais la puissance d’Emmanuel est plus irrésistible que l’océan dans ses élancements. Marchons en sa présence, dans une sainteté digne de sa Maison qu’il est venu nous ouvrir.

Ant. Qui avez-vous vu, bergers ? Dites-le-nous ; apprenez-nous quel est celui qui a apparu sur la terre ? — Nous avons vu un nouveau-né, et les chœurs des anges qui louaient le Seigneur. Alleluia ! alleluia.

Psaume 92

Le Seigneur règne, il s’est revêtu de gloire ; le Seigneur s’est revêtu de force, et il s’est armé.

Aujourd’hui, par sa naissance, il affermit la terre : elle ne sera plus ébranlée.

Votre trône, enfant divin, est préparé dès l’éternité : vous étiez avant les siècles,

Les fleuves, Seigneur, les fleuves ont élevé la voix.

Les fleuves ont élevé leurs vagues, avec le bruit des grandes eaux.

Les élancements de la mer sont puissants ; le Seigneur dans son sanctuaire est plus puissant et plus admirable encore.

Vos témoignages, Seigneur, sont dignes de toute notre foi ; la sainteté doit régner dans l’Église, votre maison, durant toute la longueur des jours.

Ant. Qui avez-vous vu, bergers ? Dites-le-nous ; apprenez-nous quel est celui qui a apparu sur la terre ? — Nous avons vu un nouveau-né, et les chœurs des anges qui louaient le Seigneur. Alleluia ! alleluia !

Le psaume suivant convoque tous les habitants de la terre à entrer dans la maison du Seigneur, cette Bethléhem où éclate en ce moment sa présence. Il est le souverain pasteur, et nous sommes ses brebis. Bien qu’il soit le Dieu fort, il est doux et miséricordieux : célébrons sa venue dans l’allégresse et la reconnaissance.

Ant. Une jeune mère a enfanté le roi dont le nom est éternel ; elle unit les joies de la mère à l’honneur de la virginité ; avant elle, on n’a point vu ce prodige ; on ne le verra pas après elle, alleluia.

Psaume 99

Jubilez à Dieu, habitants de la terre : servez le Seigneur dans l’allégresse.

Entrez en sa présence, avec des transports de joie.

Sachez que ce Seigneur enfant, c’est Dieu lui-même : c’est lui qui nous a faits, et non pas nous.

Vous, son peuple, vous les brebis de ses pâturages, entrez sous ses portiques avec des chants de louange ; dans son temple, avec des hymnes, rendez-lui des actions de grâces.

Louez son nom, car il est doux, ce Seigneur ; sa miséricorde est éternelle, et sa vérité demeure de génération en génération.

Ant. Une jeune mère a enfanté le roi dont le nom est éternel ; elle unit les joies de la mère à l’honneur de la virginité ; avant elle, on n’a point vu ce prodige ; on ne le verra pas après elle, alleluia.

Les deux psaumes suivants, que l’Église réunit en un seul, sont le cri de l’âme fidèle vers le Seigneur, au moment où l’aurore paraît au ciel. Dès son réveil, le chrétien a soif du grand Dieu qui l’a créé et qui l’a délivré de ses ennemis. À l’heure où nous sommes, ce Dieu plein de miséricorde est devant nous, dans son berceau ; il vient nous nourrir de sa substance : réjouissons-nous donc en lui. Bientôt, le soleil paraîtra au ciel ; mais déjà l’agneau, soleil de justice, nous illumine de ses doux rayons. Qu’il daigne épancher sa lumière sur toutes les nations ; que la terre le bénisse, ce fruit divin qu’elle a produit.

Ant. L’ange dit aux bergers : Je vous annonce une grande joie ; car il vous est né aujourd’hui le sauveur du monde, alleluia.

Psaume 62

Ô Dieu ! ô mon Dieu ! je veille vers vous dès le point du jour.

Mon âme a soif de vous, et ma chair se consume pour vous,

Dans cette terre déserte, sans route, et sans eau. Je me présente devant vous, dans votre sanctuaire de Bethléhem, pour contempler votre puissance et votre gloire.

Votre miséricorde est pour moi plus douce que la vie ; mes lèvres ne cesseront de faire entendre vos louanges.

Tant que je vivrai, je vous bénirai ; pour invoquer votre nom, j’élèverai mes mains.

Mon âme s’engraissera de votre substance, ô pain de vie ! et ma bouche s’ouvrira pour des chants d’allégresse.

Je me souviendrai de vous sur ma couche : dès le matin je penserai à vous, parce que vous m’avez secouru.

Je tressaillirai de joie à l’ombre de vos ailes ; mon âme s’est attachée à vous, votre droite m’a soutenu.

Mes ennemis ont en vain cherché ma ruine : les voilà précipités dans les abîmes de la terre ; ils seront livrés au glaive, et deviendront la proie des bêtes dévorantes.

Le juste délivré, semblable à un roi, se réjouira en Dieu : tous ceux qui jurent par son nom recevront des louanges, parce que la bouche de l’iniquité est fermée à jamais.

Psaume 76

Que Dieu ait pitié de nous, et qu’il nous bénisse : que du fond de son berceau, l’enfant divin fasse luire sur nous la lumière de son visage, et qu’il nous envoie sa miséricorde ;

Afin que nous connaissions sur la terre votre voie, ô Emmanuel ! et dans toutes les nations le salut que vous nous apportez.

Que les peuples vous louent, ô Dieu ! que tous les peuples vous rendent hommage.

Que les nations soient dans la joie et l’allégresse ; car vous jugez les peuples dans l’équité, et vous dirigez les nations sur la terre.

Que les peuples vous louent, ô Dieu ! que tous les peuples vous rendent hommage : aujourd’hui la terre a rendu son fruit.

Que ce Dieu, que notre Dieu nous bénisse ; que ce Dieu nous comble de ses bénédictions, et qu’il soit craint jusqu’aux confins de la terre.

Ant. L’ange dit aux bergers : Je vous annonce une grande joie ; car il vous est né aujourd’hui le sauveur du monde, alleluia.

Le cantique, dans lequel les trois enfants de la fournaise de Babylone appelaient toutes les créatures de Dieu à bénir son nom, est chanté par l’Église dans toutes les solennités, à l’office des laudes. Il prête une voix à toute la nature, et convie l’œuvre de Dieu tout entière à louer son auteur : n’est-il pas juste que les cieux et la terre s’unissent aujourd’hui pour rendre hommage au grand Dieu qui vient, par sa présence, relever son œuvre tombée par le péché ?

Ant. La multitude de l’armée céleste se joignit à l’ange, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté, alleluia.

Cantique des trois enfants

Créatures du Seigneur, louez toutes le Seigneur : louez-le et exaltez-le à jamais.

Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur : Cieux, bénissez le Seigneur.

Eaux qui êtes par delà les airs, bénissez le Seigneur : Puissances du Seigneur, bénissez le Seigneur.

Soleil et lune, bénissez le Seigneur : étoiles du ciel, bénissez le Seigneur.

Pluies et rosées, bénissez le Seigneur : vents impétueux, bénissez le Seigneur.

Feux et ardeurs, bénissez le Seigneur : froidures et rigueurs de l’hiver, bénissez le Seigneur.

Brouillards et givres, bénissez le Seigneur : gelées et frimas, bénissez le Seigneur.

Glaces et neiges, bénissez le Seigneur : nuits et jours, bénissez le Seigneur.

Lumière et ténèbres, bénissez le Seigneur : éclairs et nuages, bénissez le Seigneur.

La terre bénisse le Seigneur : qu’elle le loue et l’exalte à jamais.

Monts et collines, bénissez le Seigneur : herbes et plantes qui germez de la terre, bénissez le Seigneur.

Fontaines, bénissez le Seigneur : mers et fleuves, bénissez le Seigneur.

Baleines et tous les habitants des eaux, bénissez le Seigneur : volatiles, bénissez tous le Seigneur.

Bêtes et troupeaux, bénissez tous le Seigneur : enfants des hommes, bénissez le Seigneur.

Israël bénisse le Seigneur : qu’il le loue et l’exalte à jamais.

Prêtres du Seigneur, bénissez le Seigneur : serviteurs du Seigneur, bénissez le Seigneur.

Esprits et âmes des justes, bénissez le Seigneur : Saints et humbles de cœur, bénissez le Seigneur.

Ananie, Azarie, Misaël, bénissez le Seigneur : louez-le et exaltez-le à jamais.

Bénissons le Père et le Fils avec le Saint-Esprit : louons-le et exaltons-le à jamais.

Vous êtes béni, Seigneur, au firmament du ciel : digne de louange, de gloire et d’honneur à jamais.

Ant. La multitude de l’armée céleste se joignit à l’ange, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté, alleluia.

Ces trois derniers psaumes que l’Église réunit en un seul, sont aussi les derniers du psautier. Ils renferment la louange du Seigneur, et convoquent toutes les créatures à le célébrer. Le premier offre un grand rapport avec le cantique des trois enfants ; le deuxième convie les saints à chanter le Seigneur qui les a glorifiés et associés à ses justices ; le troisième invite tout ce qui respire à former, en l’honneur de l’Emmanuel, le plus brillant et le plus harmonieux concert.

Ant. Aujourd’hui un petit enfant nous est né, et il sera appelé Dieu, le fort, alleluia, alleluia.

Psaume 148

Louez le Seigneur du haut des cieux : louez-le dans les hauteurs célestes.

Vous tous, ses anges, louez-le : vous tous qui formez ses armées, louez-le.

Soleil et lune, louez-le : étoiles et lumière, louez-le.

Cieux des cieux, louez-le : eaux qui êtes par delà les airs, louez le nom du Seigneur ;

Car il a dit, et tout a été fait : il a commandé, et tout a été créé.

Il a établi ses créatures à jamais, et pour les siècles des siècles : il en a porté le décret, et sa parole ne passera pas.

Louez le Seigneur, vous qui êtes sur la terre ; dragons, abîmes des eaux,

Feux, grêle, neige, glaces, souffle des tempêtes, qui obéissez à sa parole ;

Montagnes et collines, arbres fruitiers et cèdres ;

Bêtes et troupeaux ; serpents et volatiles empennés ;

Rois de la terre et tous les peuples ; princes et juges de la terre ;

Jeunes hommes et jeunes filles, vieillards et enfants, louez le nom du Seigneur : car son nom seul est grand.

Sa gloire éclate au ciel, et sur la terre, et aujourd’hui il a relevé la puissance de son peuple.

Que sa louange soit dans la bouche de tous ses saints, des fils d’Israël, du peuple qu’il daigna réunir autour de lui.

Psaume 149

Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; que sa louange retentisse dans l’Église des saints.

Que le nouvel Israël se réjouisse en celui qui l’a fait ; que les fils de Sion tressaillent d’allégresse en leur roi.

Qu’ils louent son nom dans les chœurs : qu’ils lui chantent des psaumes au son des tambours et de la harpe.

Car le Seigneur aime son peuple avec tendresse ; il glorifiera, il sauvera ceux qui sont humbles comme l’enfant de Bethléhem.

Les saints tressailliront d’allégresse dans leur gloire ; ils seront comblés de joie sur leurs couches d’honneur.

La louange de Dieu sera dans leur bouche, et le glaive à deux tranchants dans leurs mains,

Pour tirer vengeance des nations, pour châtier les peuples rebelles ;

Pour enchaîner les rois superbes, et contenir les puissants par des liens de fer ;

Pour exercer sur eux le jugement rendu par le Seigneur : telle est la gloire qu’il a réservée à tous ses saints.

Psaume 150

Louez le Seigneur dans son sanctuaire : louez-le au firmament où éclate sa puissance.

Louez-le dans ses merveilles : louez-le à cause de sa grandeur sans bornes.

Louez-le au son de la trompette : louez-le sur le psaltérion et la harpe.

Louez-le sur les tambours et dans les chœurs : louez-le sur les instruments à corde, et dans les concerts.

Louez-le sur les cymbales harmonieuses, louez-le sur les cymbales de l’allégresse : que tout ce qui respire loue le Seigneur.

Ant. Aujourd’hui un petit enfant nous est né, et il sera appelé Dieu, le fort, alleluia, alleluia.

Le capitule qui vient ensuite est le début de l’épître de saint Paul aux Hébreux ; nous le retrouverons avec la suite, à la messe du jour.

Capitule. (Hébr. 1)

Dieu, qui a parlé autrefois à nos pères, en diverses occasions et en diverses manières, par les prophètes, nous a parlé en ces derniers temps par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a fait les siècles.

Sédulius, poète chrétien du 4e siècle, est l’auteur de la gracieuse hymne qui suit :

Hymne

Du point où se lève le soleil, jusqu’aux limites de la terre, chantons le Christ Roi, né de la Vierge Marie.

Le glorieux auteur du monde revêt un corps de servitude ; par la chair il délivre la chair, il sauve de leur perte ceux qu’il avait créés.

Au sein d’une chaste mère descend la grâce céleste ; les flancs d’une vierge ont porté un mystère à elle inconnu.

La demeure d’un sein pudique devient soudain le temple de Dieu ; la vierge intacte et sans souillure conçoit un fils dans ses entrailles.

Elle enfante, cette jeune mère, celui qu’annonça Gabriel, celui que Jean, captif encore au sein maternel, salua par ses tressaillements.

Il a eu pour couche un peu de paille ; il n’a pas eu horreur de la crèche ; il s’est nourri d’un peu de lait, lui qui rassasie jusqu’au petit oiseau.

Les chœurs célestes se réjouissent, et les anges chantent à Dieu ; il se manifeste aux bergers, le pasteur, créateur de tous.

À vous soit la gloire, ô Jésus ! qui êtes né de la vierge : gloire au Père et à l’Esprit divin, dans les siècles éternels.

Amen.

V/. Le Seigneur a manifesté, alleluia. R/. Le sauveur qu’il avait promis, alleluia.

On entonne ensuite le cantique de Zacharie, par lequel l’Église salue, chaque matin, le lever du soleil. Il célèbre la visite du Seigneur, l’accomplissement des promesses de Dieu, l’apparition du divin Orient au milieu de nos ténèbres.

Ant. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, alleluia, alleluia.

Cantique de Zacharie

Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël ; car aujourd’hui il a visité et racheté son peuple.

Et il nous a suscité un puissant sauveur, dans la maison de David, son serviteur ;

Comme il l’avait promis par la bouche de ses saints, de ses prophètes, qui ont prédit dans les siècles passés,

Qu’il nous sauverait de nos ennemis, et de la main de tous ceux qui nous haïssent ;

Qu’il ferait la miséricorde promise à nos pères, et se souviendrait de son alliance sainte,

Du serment par lequel il avait juré à Abraham notre père de faire, dans sa bonté,

Que, délivrés de la main de nos ennemis, nous le puissions servir sans crainte,

Dans la sainteté et la justice, marchant devant lui tous les jours de notre vie.

Et vous, petit enfant, précurseur de l’Emmanuel, vous serez appelé prophète du Très-Haut ; car vous marcherez devant la face du Seigneur,

Pour préparer ses voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut que le messie apporte, aujourd’hui qu’il vient remettre leurs péchés,

Par les entrailles de la miséricorde de ce sauveur notre Dieu, ce divin Orient, qui s’est levé sur nous du haut du ciel,

Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix.

Ant. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté,alleluia, alleluia.

Collecte

Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que la nouvelle naissance de votre Fils unique nous délivre, nous qu’une antique servitude retient sous le joug du péché ; par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.