Avent
1ère semaine

Dom Guéranger ~ L’Année liturgique
1ère semaine de l’avent

Le lundi de la première semaine de l’avent

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 1

Lavez-vous, purifiez-vous ; ôtez de devant mes yeux la mali­gnité de vos pensées ; cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien ; recherchez ce qui est juste ; secourez l’opprimé ; faites justice à l’orphelin, défendez la veuve ; et, après cela, venez et plaignez-vous de moi, dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; et quand ils seraient rouges comme le ver­millon, ils seront blancs comme la laine la plus pure.

Le Seigneur qui va bientôt descendre pour nous sauver, nous avertit non seulement de nous disposer à paraître devant lui, mais de purifier nos âmes. « Il est bien juste, dit saint Bernard en son 6e sermon de l’avent, que l’âme, qui était tombée la première, soit aussi rétablie la première. Différons donc le soin du corps jusqu’au jour où Jésus-Christ viendra pour le réformer par la résurrection ; car, dans le premier avènement, le Précurseur nous dit : Voici l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. Il ne dit pas les maladies du corps, ni les misères de la chair ; mais les péchés, qui sont la maladie de l’âme et la corruption de l’esprit. Ô corps ! garde-toi donc d’anticiper les temps. Tu peux empêcher le salut de l’âme ; mais tu es impuissant pour le tien propre. Souffre donc que l’âme travaille pour elle, et tâche toi-même de travailler avec elle ; parce que, si tu as part à ses souffrances, tu participeras à sa gloire. Autant tu suspends sa réparation, autant tu retardes la tienne ; et tu ne seras jamais régénéré que Dieu ne voie aupara­vant son image réformée dans l’âme. » Purifions-nous donc, chrétiens : faisons les œuvres de l’esprit, et non plus celles de la chair. La promesse du Seigneur est formelle : il fera succéder la blancheur la plus éclatante aux trop vives couleurs de nos iniqui­tés. Il ne nous demande pour cela qu’une seule chose : c’est que nous consentions à suspendre le cours de nos péchés. Cessez de faire le mal, dit-il, et après cela, venez et plaignez-vous de moi. Ô Sauveur ! dès l’entrée de cette sainte carrière, nous voulons pro­fiter de vos avances. Nous voulons rentrer en paix avec vous, soumettre la chair à l’esprit, réparer nos injustices à l’égard de nos frères, faire succéder les soupirs de notre componction à la voix de nos péchés, qui depuis trop longtemps fatigue vos oreilles.

Autres liturgies

Prose pour le temps de l’avent
(11e siècle, anciens missels romains-français)

Salut à jamais durable, inépuisable vie du monde ;

Lumière qui ne s’éteint pas, ô Rédempteur vraiment à nous !

Ému de compassion, à la vue des générations qui mouraient aux pieds des idoles du tentateur,

Sans quitter les hauteurs du ciel, vous descendîtes aux profondeurs où vous attirait votre clémence.

Puis, par l’élan de votre amour prenant l’humanité,

Vous avez, sur la terre, sauvé tout ce qui était perdu,

Apportant la joie au monde.

Ô Christ ! venez purifier et nos corps et nos âmes.

Faites-en, pour y habiter, vos pures et lumineuses demeures.

Au premier Avent, justifiez-nous ;

Au second, délivrez-nous ;

Afin qu’au jour de grande lumière, où vous jugerez l’univers,

Ornés de la robe immaculée, nous marchions sur vos traces, partout où s’imprimeront vos pas. Amen.

Prière du bréviaire ambrosien
(2e dimanche de l’avent)

Dieu tout-puissant, daignez accorder à toute votre famille le désir d’aller par les bonnes œuvres au-devant de Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur ; afin que, assis à sa droite, nous méritions de posséder le royaume des cieux. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Le mardi de la première semaine de l’avent

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 2

Vision d’Isaïe, fils d’Amos, sur Juda et Jérusalem. Et dans les derniers jours, sur le sommet des monts, sera fondée la Montagne de la maison du Seigneur ; et elle s’élèvera au-dessus de toutes les collines, et toutes les nations y accour­ront en foule. Et les peuples iront en grand nombre, et ils diront : Venez, et montons à la Montagne du Seigneur et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies : et nous marcherons dans ses sentiers, car la loi sortira de Sion, et le Verbe du Seigneur, de Jérusalem.

Avec quelle complaisance la sainte Église écoute et répète ces belles paroles du prophète : Venez, montons à la Montagne du Seigneur ! Chaque jour de férie, dans l’avent, elle les redit à l’office des laudes ; et tous ses enfants rendent gloire au Seigneur, qui, pour attirer plus sûrement nos regards, s’est fait semblable à une Montagne élevée, mais accessible à tous. Il est vrai que cette Montagne, comme le dit un autre prophète, est d’abord imper­ceptible comme une petite pierre, pour marquer l’humilité du Messie dans sa naissance ; mais bientôt elle grandit à la vue de tous les peuples, qui sont conviés à venir habiter sur ses flancs fertiles, et jusque sur sa cime illuminée des rayons du Soleil de justice. C’est ainsi, ô Jésus ! que vous nous appelez tous, que vous êtes accessible à tous ; que la grandeur et l’élévation de vos mys­tères n’ont rien d’incompatible avec notre faiblesse. Nous vou­lons, dès ce moment, nous joindre à ces flots de peuples qui mar­chent vers vous : voici que nous partons ; nous voulons aller placer notre tente sous vos ombrages, ô Montagne bénie ! Rece­vez-nous ; que nous n’entendions plus les bruits mondains qui s’élèvent de la plaine. Placez-nous si haut, que nos yeux ne voient plus les vanités de la terre. Puissions-nous ne jamais oublier les sentiers par lesquels on arrive jusqu’à ce sommet bienheureux, où la montagne, qui est la figure, s’évanouit, et où l’âme se trouve à jamais face à face avec Celui que les anges contemplent dans un ravissement éternel, et dont les délices sont d’être avec les en­fants des hommes [1] !

Hymne pour le temps de l’avent
(Composée au 9e siècle, Hymnaire du B. Joseph-Marie Tom­masi)

Que le soleil, les astres, la terre et les mers retentissent de l’avènement du Dieu très-haut : que le riche et le pauvre unis­sent leurs chants pour célébrer le Fils du Créateur suprême !

C’est le Sauveur promis jadis à nos pères ; le glorieux fruit d’une Vierge ; le Fils du Dieu puissant, dont la naissance précède l’étoile du matin.

C’est le Roi de gloire qui devait venir régner en Dieu sur les rois, fouler sous ses pieds l’ennemi perfide, guérir le monde languissant.

Que les anges s’en réjouissent de concert ; que tous les peu­ples tressaillent de joie : le Très-Haut vient s’humilier pour sauver ce qui était perdu.

Un Dieu-homme va prendre naissance ; l’auguste Trinité règne à jamais ! Le Fils coéternel au Père, le Seigneur va des­cendre sur la terre.

Que les prophètes élèvent leur voix et qu’ils prophétisent : Emmanuel est déjà près de nous. Que la langue des muets articule des sons ; et vous, boiteux, courez à sa rencontre.

Que l’agneau et la bête féroce paissent ensemble l’herbe des champs ; que le bœuf et l’âne reconnaissent Celui qui gît dans la crèche.

Le signe royal étincelle ; il annonce notre divin chef ; au noble et royal enfant, rois, préparez vos offrandes.

Oh ! quelle heureuse nouvelle entendit la vierge Marie ! En croyant, elle conçoit ; la voilà mère ; et c’est une vierge qui n’a point connu l’homme.

Îles et nations, applaudissez toutes à ce grand triomphe. Cou­rez avec la vitesse des cerfs : le Rédempteur, le voici qui vient.

Que les yeux des aveugles, fermés à la lumière, sachent maintenant percer les ténèbres de la nuit, s’ouvrir à la lu­mière véritable.

Que la nation de Galilée et celle de la Grèce, que la Perse et l’Inde croient en leur Rédempteur ; un Dieu daigne se faire homme : et Verbe il demeure avec le Père.

Louange, honneur, vertu et gloire soient à Dieu le Père, et à son Fils, ensemble avec le Saint-Esprit, dans les siècles éter­nels !

Amen.

Prière du missel gallican
(Pour la venue du Seigneur, Contestatio)

Ô Dieu, dont la nature propre est la bonté, et dont les volon­tés ne sont sujettes à aucune variation ni changement, mon­trez-vous propice à nos supplications, et daignez témoigner à votre Église cette miséricorde que nous célébrons, en mani­festant à votre peuple l’admirable mystère de votre Fils uni­que ; afin que l’universalité des nations accédant à la vraie foi, les promesses de l’Évangile de votre Verbe soient accom­plies, et que l’adoption universelle étant effectuée, le témoi­gnage de la vérité soit trouvé fidèle. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Le mercredi de la première semaine de l’avent

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 3

Le Dominateur, le Seigneur des armées enlèvera de Jérusa­lem et de Juda la vigueur et le courage, toute la force du pain, toute la force de l’eau, l’homme vaillant, le guerrier, le juge, le prophète, le devin, le vieillard, le capitaine de cinquante sol­dats, l’homme au visage vénérable, l’homme de conseil, le plus sage d’entre les architectes, celui qui a l’intelligence des paroles mystérieuses. Et je leur donnerai des enfants pour princes, et les efféminés domineront sur eux. Car Jérusalem va crouler, et Juda penche vers sa ruine ; parce que leurs lan­gues et leurs œuvres se sont élevées contre le Seigneur, et ont irrité les yeux de sa Majesté. L’impudence de leurs visa­ges rend témoignage contre eux ; et ils ont publié hautement leur péché, comme Sodome, et ne l’ont point caché. Malheur à leur âme ! car on leur rendra le mal qui leur est dû. Quant au juste, dites-lui que tout est bien ; car il mangera le fruit de ses œuvres ; mais, malheur à l’impie, à cause du mal qu’il a fait ! car on lui rendra suivant ses crimes.

Parce que Jérusalem penche vers sa ruine, la force de l’intelligence s’éteint en elle avec toutes les autres forces. Elle ne sait plus où elle va, et elle ignore l’abîme qui doit l’engloutir. Ainsi sont les hommes qui ne méditent point l’avènement du souverain Juge, ceux dont Moïse a dit dans le Cantique : Race sans conseil et sans prudence ; si du moins ils avaient la sagesse et l’intel­ligence pour prévoir la fin des choses ! Le Fils de Dieu vient pré­sentement dans les langes de la faiblesse, dans l’humilité du ser­viteur, et, pour parler avec les prophètes, comme la rosée qui tombe goutte à goutte et sans bruit ; mais il n’en sera pas toujours ainsi. Cette terre, qui supporte nos péchés et notre insensibilité, s’écroulera aussi en présence du Juge terrible. À quoi nous ratta­cherons-nous, si nous n’avons aimé qu’elle ? « Une mort subite arrivée sous vos yeux, dit saint Jean Chrysostome, une secousse de tremblement de terre, la seule menace d’une calamité impré­vue vous consterne et vous abat : que sera-ce alors que la terre tout entière manquera sous vos pieds ; que vous verrez le boule­versement de la nature ; que vous entendrez le son de la trom­pette fatale ; que le souverain Maître de l’univers se montrera à vos regards dans la plénitude de sa Majesté ? Vous avez vu des malheureux traînés au supplice : combien de morts n’ont-ils pas eu à subir avant d’arriver au lieu de l’exécution ! Anéantis par l’épouvante, plusieurs n’ont plus à livrer au bourreau qu’un cada­vre. » Ô terreur de ce dernier moment ! Comment ose-t-on t’affronter, quand, pour t’éviter, il suffit d’ouvrir aujourd’hui son âme à Celui qui vient doux et désarmé, demandant un asile à nos cœurs, et promettant, s’ils veulent le recevoir, de les sauver de la colère à venir ! Ô Jésus ! nous ne sommes pas de force à lutter contre vous au dernier jour ; maintenant vous êtes notre frère, notre ami, un petit Enfant qui va naître pour nous ; nous voulons donc faire alliance avec vous ; et quand nous vous aurons aimé dans votre premier Avènement, nous ne vous craindrons plus dans le dernier. Puissions-nous alors entendre retentir à notre oreille cette parole que vos anges diront aux justes : Tout est bien !

Hymne de l’avent

(Bréviaire romain, à l’office de matines)

Verbe souverain qui sortez du sein éternel du Père, et qui, par une naissance temporelle, venez au secours de l’univers,

Illuminez aujourd’hui nos cœurs, embrasez-les de votre amour ; qu’ils se détachent des choses qui passent, et devien­nent sensibles aux célestes jouissances :

Afin qu’au jour où le Juge, du haut de son tribunal condam­nera les coupables aux flammes, et, d’une voix amie, conviera les justes au ciel,

Nous ne soyons pas du nombre de ceux qui, voués à des feux éternels, seront lancés dans un noir tourbillon ; mais que, favorisés de la vue de Dieu, nous soyons admis à goûter les délices du Paradis.

Au Père, au Fils, et à vous, Esprit-Saint, soient à jamais dans tous les siècles, gloire et honneur, comme il fut toujours.

Amen.

Prière du missel mozarabe

En la messe du 4e dimanche de l’avent, Illation[2]

C’est une chose digne et juste, et vraiment avantageuse pour nous, de faire retentir sans relâche vos louanges, ô Père tout-puissant ! vous qui nous ayant créés dans un état de sainteté et de noblesse, daignâtes, par une miséricorde insigne, après que nous eûmes été séduits par la fraude de l’ancien serpent, nous arracher à la mort. Vous annonçâtes longtemps d’avance que votre Fils, que vous deviez nous envoyer dans la chair, viendrait sur cette terre et naîtrait d’une Vierge ; et vous chargeâtes vos saints de proclamer d’une voix éclatante l’avènement de ce Messie, afin que le monde, préparé par une longue attente, conçût une plus grande joie au jour où, la plénitude des temps étant accomplie, le Sauveur lui serait enfin donné. Donc, nous vous prions et supplions que, de même que, dans votre clémence et miséricorde, vous n’avez pas voulu souffrir que votre créature pérît entièrement, mais l’avez rappelée à la vie par l’humble avènement de votre Fils notre Seigneur ; de même, aujourd’hui, vous daigniez proté­ger, conserver, guérir, défendre et délivrer ce qu’une pre­mière fois vous avez retrouvé, réparé, rappelé à la vie ; afin qu’en ce terrible avènement où il doit reparaître pour juger ceux par lesquels et pour lesquels il a été jugé lui-même, il retrouve ceux qu’il a rachetés en tel état de fidélité, qu’il puisse les posséder éternellement, lui qui les a acquis au prix de son sang.

 

Le jeudi de la première semaine de l’avent

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 4

Je chanterai à mon Bien-Aimé le Cantique de mon proche parent sur sa vigne. Mon Bien-Aimé avait une vigne plantée sur un lieu élevé et fertile. Il l’environna d’une haie ; il en ôta les pierres, il la planta d’une espèce choisie ; il bâtit une tour au milieu, et il y fit un pressoir. Il s’attendait qu’elle porterait de bons fruits ; et elle n’en a porté que de sauvages. Mainte­nant donc, vous, habitants de Jérusalem, et vous, hommes de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne. Qu’ai-je dû faire de plus à ma vigne que je n’aie point fait ? Est-ce parce que j’attendais d’elle de bons raisins, qu’elle n’en a produit que de mauvais ? Maintenant je vous montrerai ce que je vais faire à ma vigne. J’arracherai la haie qui l’entoure, et elle sera expo­sée au pillage : je détruirai le mur qui la défend, et elle sera foulée aux pieds. Je la rendrai déserte : elle ne sera plus ni taillée, ni labourée : les ronces et les épines pousseront des­sus, et je commanderai aux nuages de ne pleuvoir plus sur elle. Or, la maison d’Israël est la vigne du Seigneur des ar­mées, et la race de Juda le plant qu’il aimait. J’ai attendu qu’ils fissent des actions justes, et voilà des iniquités ; qu’ils portassent des fruits de justice, et voilà des cris.

Nous attendons la naissance d’un enfant qui doit paraître sept siècles après Isaïe ; et cet enfant sera le Sauveur du monde. Or, les hommes le persécuteront, l’accableront de calomnies et d’injures ; et à la veille du jour où ils le crucifieront, il leur proposera cette parabole : Il y avait un homme qui était père de famille, et il planta une vigne, l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir, y bâtit une tour et la loua à des laboureurs ; après quoi il partit pour un pays étranger. Or, quand le temps de la vendange fut venu, il envoya ses serviteurs vers les laboureurs pour recueillir ses fruits. Et les laboureurs ayant pris ses serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent celui-ci. Il envoya donc de nou­veaux serviteurs en plus grand nombre que la première fois ; et ils leur firent de même. En dernier lieu, il leur envoya son fils, disant : Au moins ils respecteront mon fils. Chrétiens, le voici qui vient, ce Fils. Le respecterez-vous ? Le traiterez-vous comme le Fils de Dieu, avec l’honneur et l’amour qui lui sont dus ? Voyez quelle progression dans la malice des hommes ! Au temps d’Isaïe, les Juifs ont méprisé les prophètes ; mais les prophètes, quoique envoyés de Dieu, n’étaient que des hommes. Le Fils de Dieu est venu lui-même, et ils l’ont méconnu ; et c’était là un bien plus grand crime que de lapider les prophètes. Quel serait donc le crime des chrétiens qui connaissent celui qui vient ; bien plus, qui sont ses membres par le Baptême, de ne pas lui ouvrir leur cœur, quand il va venir envoyé par son Père ? Quel châtiment ne méri­te­rait pas la vigne ingrate plantée avec tant d’amour, si elle persis­tait à ne donner que des fruits sauvages ? ô Sauveur ! hâtez-vous de nous fertiliser : couronnez-nous de fleurs et de fruits pour le jour prochain de votre Avènement.

Prière des églises de France pendant l’avent

(Tirée du prophète Isaïe)

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Ne vous irritez plus, Seigneur, ne vous souvenez plus désor­mais de notre iniquité. Voilà que la cité du Saint est devenue déserte, Sion est dans la solitude, Jérusalem est désolée, cette maison consacrée à votre culte et à votre gloire, où nos pères ont chanté vos louanges.

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Nous avons péché, et nous sommes devenus comme le lépreux ; et nous sommes tous tombés comme la feuille ; et comme un vent impétueux, nos iniquités nous ont enlevés et dispersés. Vous avez caché votre face à nos regards, et vous nous avez brisés par la main de notre iniquité.

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Voyez, Seigneur, l’affliction de votre peuple, et envoyez Celui que vous devez envoyer. Faites sortir l’Agneau qui doit domi­ner sur la terre ; qu’il s’élance de la pierre du désert sur la montagne de la fille de Sion, afin qu’il enlève lui-même le joug de notre captivité.

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Console-toi, console-toi, ô mon peuple ! bientôt viendra ton salut : pourquoi te consumes-tu dans la tristesse ? Pourquoi la douleur s’est-elle emparée de toi ? Je te sauverai, ne crains point : car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Rédempteur.

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Oraison tirée du bréviaire ambrosien

(Au 4e dimanche de l’avent)

Dieu tout-puissant et éternel, qui par l’avènement de votre Fils unique Jésus-Christ notre Seigneur, avez daigné faire luire les rayons d’une nouvelle lumière ; accordez-nous que, de même que nous avons mérité de l’avoir participant de la forme de notre corps par l’enfantement de la Vierge, nous méritions aussi d’entrer en partage du royaume de sa grâce ; lui qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.

 

Le vendredi de la première semaine de l’avent

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 6

L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône sublime et élevé ; et les bords de son manteau remplis­saient le temple. Les Séraphins étaient autour du trône. L’un avait six ailes, et l’autre également six ; de deux ils voilaient leurs faces, de deux ils couvraient leurs pieds et des deux autres ils volaient. Et ils criaient de l’un à l’autre, et disaient : Saint, Saint, Saint, le Seigneur, le Dieu des armées : toute la terre est pleine de sa gloire.

Telle est la gloire du Seigneur au plus haut des cieux : qui pourra la voir et ne pas mourir ? Maintenant, contemplez le même Seigneur sur la terre, dans les jours où nous sommes. Le sein d’une Vierge le contient, lui que le ciel ne pouvait contenir. Son éclat, loin d’éblouir les anges, n’est pas même perceptible aux mortels. Nulle voix ne fait retentir autour de lui ces paroles du Ciel : Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées ! Les anges ne disent plus : Toute la terre est pleine de sa gloire ; car la terre est le théâtre de son abaissement, et d’un abaissement si profond que les hommes mêmes l’ignorent. La Vierge a d’abord été seule dans le secret divin ; bientôt Élisabeth a connu que Marie est Mère du Seigneur ; Joseph ne l’a appris que par la voix d’un ange, et après de cruels et humiliants soupçons. Trois per­sonnes sur la terre savent donc que Dieu est descendu ; c’est par cette voie obscure qu’il rentre dans son œuvre, dont le péché d’orgueil l’avait chassé. Ô Dieu de l’ancienne alliance, que vous êtes grand, et qui ne tremblerait devant vous ? Ô Dieu de la nou­velle Alliance, que vous vous êtes fait petit, et qui ne vous aimerait pas ? Guérissez mon orgueil, principe de toutes mes révoltes ; apprenez-moi à estimer ce que vous avez estimé. Vous créez le monde une seconde fois par votre Incarnation ; et dans cette création, plus excellente que la première, vous opérez par le silence, vous triomphez par l’anéantissement. Je veux m’humilier à votre exemple, et profiter des leçons qu’un Dieu est venu me donner de si haut. Abaissez donc, ô Jésus, toutes mes hauteurs ; c’est une des fins de votre avènement. Je me prête à vous, comme à mon souverain Maître : faites en moi ce qu’il vous plaira.

Hymne tirée de l’anthologie des Grecs

(Au 23 décembre)

Chantons dans l’allégresse de nos âmes les cantiques pour l’Avant-Fête de la naissance du Christ ; car Celui qui est égal au Père et à l’Esprit, ayant dans sa miséricorde, par pitié pour nos maux, revêtu cette masse de limon, doit naître en la cité de Bethléhem ; et sa naissance ineffable sera célébrée par les anges et les pasteurs.

Faisons résonner les cymbales, poussons des cris de victoire ; le Christ va se montrer à nous, les prédictions des prophètes seront accomplies. Celui qu’ils ont annoncé devoir apparaître au milieu des mortels, va naître dans la grotte sacrée, et, faible enfant, il gît dans la crèche.

Bethléhem, prépare-toi ; Éden, ouvre tes portes ; prends au­jourd’hui tes habits de fête, ô terre de Juda ! que les cieux se réjouissent, que les hommes tressaillent de bonheur ; pour enrichir la pauvreté d’Adam par l’abondance de sa miséri­corde, la Vie même descend dans une crèche, le riche dans une étable ; et la nature divine n’éprouve ni changement ni confusion.

Mon cœur veille pour vous dès l’aurore, ô Verbe de Dieu ! vous qui, par miséricorde et sans rien perdre, vous êtes anéanti pour l’homme tombé, qui avez pris dans une Vierge la forme d’esclave, donnez-moi la paix, ô ami des hommes !

Que les nues distillent la rosée d’en haut : Celui qui a placé les nuages, le Dieu adorable, descend dans une nuée qui est la Vierge, pour illuminer de son éternelle lumière ceux qui étaient avant lui dans les périls et les ténèbres.

Ô doux enfant ! comment te nourrirai-je ? Comment te serrer dans mes bras, toi qui tiens toutes choses sous ton empire ? Comment t’envelopperai-je de bandelettes, toi qui envelop­pes toute la terre de nuages ? s’écriait la sainte Dame.

Soleil, ô mon Fils, comment te couvrirai-je de langes ? Com­ment te tiendrai-je en ces humbles tissus, toi qui contiens toutes choses ? Comment oserai-je te fixer sans crainte, toi que n’osent regarder ces Esprits aux yeux innombrables ? disait celle qui ne connut point d’homme.

Donc, ô Bethlehem ! prépare toutes choses pour l’enfante­ment. Allez, Joseph, vous faire inscrire avec Marie. Ô crèche vénérable ! ô langes qui portez Dieu ! dans lesquels s’enve­loppe la Vie, le Christ notre Dieu, pour rompre les liens de la mort et enchaîner les mortels à l’immortalité.

Prière du missel mozarabe

(En la messe du 5e dimanche de l’avent)

Seigneur, le jour de votre avènement est proche ; mais nous vous prions, avant de venir à nous, de nous purifier de toute la contagion de nos péchés. Effacez d’abord tout ce que vous auriez à punir au jour de la discussion des consciences ; afin qu’au moment où vous arriverez pour juger avec justice, vous ne trouviez en nous rien à condamner.

 

Le samedi de la première semaine de l’avent

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 7

Et le Seigneur, continuant de parler à Achaz, lui dit : Deman­dez au Seigneur votre Dieu un prodige au fond de la terre, ou au plus haut du ciel. Et Achaz dit : Je n’en demanderai point, et ne tenterai point le Seigneur. Et Isaïe dit : Écoutez donc, maison de David : Est-ce peu pour vous de lasser la patience des hommes, qu’il vous faille lasser aussi celle de mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un signe : voici qu’une vierge concevra, et elle enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel.

Que notre cœur soit rempli d’espérance et de joie, en entendant cette belle et douce prophétie : Une Vierge concevra et elle en­fantera. Ces paroles renferment le salut du monde, comme ces autres paroles expliquent sa ruine : La femme prit le fruit et en mangea, et elle en donna à son mari. Elle est donc venue, cette Vierge promise ; le divin fruit est dans ses entrailles. Par elle, la prévarication d’Ève est réparée, le monde est relevé de sa chute, la tête du serpent est écrasée. Dieu lui-même est plus glorifié dans la fidélité de cette seconde Vierge, qu’il n’avait été outragé par l’infidélité de la première. Le consentement de Marie obtient une part immense dans le salut du monde. Sans doute, c’est le Verbe lui-même qui vient ; « mais, dit saint Bernard dans son 2e Sermon de l’avent, Marie est la voie par laquelle il vient ; c’est de son sein virginal qu’il sort, comme l’époux de la chambre nuptiale. Tra­vaillons donc à monter vers Jésus par Marie ; puisque c’est par elle qu’il est descendu vers nous. Or, donnez-nous accès auprès de votre Fils, vous, Bénie, vous qui avez trouvé grâce, Mère de la Vie, Mère du salut ; qu’il nous reçoive de vous, celui qui par vous nous a été donné. Que votre intégrité soit l’excuse de notre souillure ; que votre humilité, si agréable à Dieu, obtienne le pardon de notre vanité ; que votre abondante charité couvre la multitude de nos péchés, et que votre glorieuse fécondité nous procure la plé­nitude des mérites. Ô notre Dame, notre Médiatrice, notre Avo­cate ! réconciliez-nous avec votre fils, recommandez-nous à votre fils, présentez-nous à votre fils. Faites, ô bénie Vierge ! par la grâce que vous avez trouvée, par la prérogative que vous avez mé­ritée, par la miséricorde dont vous êtes la Mère, que celui qui par votre moyen a daigné se faire participant de notre infirmité et de notre misère, nous rende, par votre intercession, participants de sa gloire et de sa béatitude. »

Prose en l’honneur de la Sainte Vierge
(Composée par Abailard ; elle se trouve dans tous les missels romains-français)

Dans son amour pour l’homme, Dieu va députer à la Vierge, non un ange ordinaire, mais l’Archange appelé Force de Dieu.

Qu’il se hâte d’envoyer pour nous le vaillant messager ; que la nature soit vaincue par l’Enfantement d’une Vierge.

Que le Roi de gloire, dans sa naissance, triomphe de la chair ; qu’il règne et commande ; qu’il enlève des cœurs le levain et la rouille du péché.

Qu’il foule aux pieds le faste des fronts superbes ; qu’il mar­che dans sa force sur les têtes altières, le Dieu puissant dans les combats.

Qu’il chasse dehors le prince du monde ; qu’il partage avec sa Mère le commandement qu’il exerce avec le Père.

Pars, ange, annonce ces biens ; et par ton puissant message, lève le voile de la lettre antique.

Approche d’elle et parle : dis-lui en face : Je vous salue. Dis-lui : Ô pleine de grâce. Dis : Le Seigneur est avec vous. Dis encore : Ne craignez point.

Recevez, ô Vierge ! le dépôt de Dieu ; par lui vous consomme­rez votre chaste dessein : et votre vœu demeurera intact.

La Vierge entend et accepte le message ; elle croit et conçoit, et enfante un fils, un fils admirable,

Le Conseiller de la race humaine, le Dieu-homme, le Père du siècle futur, l’immuable Pacificateur.

Veuille ce Dieu immuable assurer notre stabilité, de peur que l’humaine faiblesse n’entraîne dans l’abîme nos pas indécis.

Mais que l’auteur du pardon, qui est le Pardon lui-même, que la Grâce obtenue par la Mère de grâce, daigne habiter en nous.

Qu’il nous octroie la remise de nos péchés ; qu’il efface nos méfaits ; qu’il nous donne une patrie dans la cité du ciel.

Amen.

Prière du sacramentaire gallican
(En la vigile de Noël)

Emmanuel, Dieu avec nous. Christ Fils de Dieu, qui avez déclaré devoir naître d’une Vierge, vous qui comme Seigneur avez créé Marie, cette mère dont vous êtes né le fils ; daignez nous accorder, à nous qui comme elle avons été par vous tirés du néant, d’obtenir une récompense semblable à celle que lui a méritée sa foi.

[1]     Prov. 8, 31.

[2] L’illation est la prière proclamée à haute voix avant le canon de la messe et qui correspond à la Préface, dans le rite latin, mais avec une forme plus développée