3 janvier
Octave de saint Jean l’Évangéliste

Dom Guéranger ~ L’année liturgique
3 janvier, Octave de saint Jean, apôtre et évangéliste.

Dom Guéranger profite des notices qu’il rédige sur les saints pour éclairer l’actualité et apporter des réponses à la crise qui sévissait déjà à son époque. Nous en publierons quelques unes, à l’occasion. Bonne lecture ! Abbé François Pivert.

L’octave de saint Jean achève aujourd’hui son cours : nous avons un dernier tribut d’hommages à rendre au Disciple bien-aimé. Le cycle sacré nous ramènera encore sa glorieuse mémoire, au six du mois de Mai, lorsque, parmi les joies de la résurrection de son Maître, nous célébrerons sa courageuse confession dans Rome, au milieu des feux de la Porte Latine ; aujourd’hui, acquittons notre reconnaissance envers lui pour les faveurs qu’il nous a obtenues de la miséricorde du divin Enfant, en repassant encore quelques-unes des faveurs qu’il a reçues de l’Emmanuel.

L’apostolat de Jean fut fécond en œuvres de salut pour les peuples vers lesquels il fut envoyé. La nation des Parthes reçut de lui l’Évangile, et il fonda la plupart des Églises de l’Asie-Mineure : entre lesquelles sept ont été choisies avec leurs Anges par le Christ lui-même dans la divine Apocalypse, pour figurer les diverses classes de pasteurs, et peut-être, comme plusieurs l’ont pensé, les sept âges de l’Église elle-même. Nous ne devons pas oublier que ces Églises de l’Asie-Mineure, encore toutes remplies de la doctrine de saint Jean, députèrent des Apôtres dans les Gaules, et que l’illustre Église de Lyon est une des conquêtes de cette pacifique expédition. Bientôt, dans ce saint temps de Noël lui-même, nous honorerons l’héroïque Polycarpe, l’Ange de Smyrne, disciple de saint Jean, et dont fut disciple lui-même saint Pothin, qui fut le premier évêque de Lyon.

Mais les travaux apostoliques de saint Jean ne le détournèrent pas des soins que sa tendresse filiale et la confiance du Sauveur lui imposaient à l’égard de la très pure Marie. Aussi longtemps que le Christ la jugea nécessaire à l’affermissement de son Église, Jean eut l’insigne faveur de jouir de sa société, de pouvoir l’environner des marques de sa tendresse, jusqu’à ce que, après avoir habité Éphèse avec lui, elle retourna dans sa compagnie à Jérusalem, d’où elle s’éleva du désert de ce monde jusqu’au ciel, comme chante l’Église, semblable à un léger nuage de myrrhe et d’encens. Jean eut encore à survivre à cette seconde séparation, et attendit, dans les labeurs de l’apostolat, le jour où il lui serait donné à lui-même de monter vers cette région fortunée où son divin Ami et son incomparable Mère l’attendaient.

Les Apôtres, ces vives lumières établies sur le chandelier parla main du Christ lui-même, s’éteignaient successivement par la mort du martyre ; et lui restait seul debout dans l’Église de Dieu. Ses cheveux blancs, comme nous l’apprennent les anciens, étaient ceints d’une lame d’or pour marquer sa qualité de Pontife ; les Églises recueillaient les paroles de sa bouche inspirée comme la règle de leur foi ; et sa prophétie de Pathmos montrait que les secrets de l’avenir de l’Église étaient dévoilés à ses yeux. Au milieu de tant de gloire, Jean était humble et simple comme l’Enfant de Bethléhem, et l’on se sent attendri par ces antiques récits qui nous le montrent pressant dans ses mains sacrées un oiseau qu’il caressait avec tendresse.

Ce vieillard qui, dans ses jeunes années, avait reposé sur la poitrine de Celui dont les délices sont d’être avec les enfants des hommes ; lui, le seul des Apôtres qui l’avait suivi jusqu’à la Croix, et qui avait vu ouvrir parla lance ce Cœur qui a tant aimé le monde, se plaisait surtout à parler de la charité fraternelle. Sa miséricorde pour les pécheurs était digne de l’ami du Rédempteur, et l’on connaît cette poursuite évangélique qu’il entreprit contre un jeune homme dont il avait aimé l’âme d’un amour de père, et qui s’était livré, pendant l’absence du saint Apôtre, à tous les désordres. Malgré son grand âge, Jean l’atteignit dans les montagnes, et le ramena pénitent au bercail. Mais cet homme si merveilleux dans la charité, était inflexible contre l’hérésie qui anéantit la charité dans sa source, en ruinant la foi. C’est de lui que l’Église a reçu sa maxime de fuir l’hérétique comme la peste : Ne lui donnez pas même le salut, dit cet ami du Christ dans sa seconde épître ; car celui qui le salue communique à ses œuvres de malice. Un jour, étant entré dans un bain public, il sut que l’hérésiarque Cérinthe s’y trouvait avec lui, et il en sortit à l’instant comme d’un lieu maudit. Aussi les disciples de Cérinthe tentèrent-ils de l’empoisonner dans une coupe dont il se servait ; mais le saint Apôtre ayant fait le signe de la croix sur le breuvage, il en sortit un serpent qui témoigna de la malice des sectaires et de la sainteté du disciple du Christ. Cette fermeté apostolique dans la garde du dépôt de la foi le rendit la terreur des hérétiques de l’Asie, et, par là, il justifia ce nom prophétique de Fils du Tonnerre que le Sauveur lui avait donné, ainsi qu’à son frère Jacques le Majeur, l’Apôtre du Royaume catholique.

En mémoire du miracle que nous venons de rapporter, la tradition des arts catholiques a donné pour emblème à saint Jean un calice duquel sort un serpent ; et, dans plusieurs provinces de la chrétienté, en Allemagne principalement, le jour de la fête de cet Apôtre, on bénit solennellement du vin avec une prière qui rappelle cet événement. On a aussi, dans ces contrées, l’usage de boire, à la fin du repas, un dernier coup qu’on appelle le coup de saint Jean, comme pour mettre sous sa protection la réfection qu’on vient de prendre.

La place nous manque pour raconter en détail diverses traditions sur notre Apôtre, auxquelles il est fait allusion dans plusieurs des pièces liturgiques du moyen âge que nous avons citées : on peut les voir dans les légendaires ; nous nous bornerons à dire ici quelque chose au sujet de sa mort.

Le passage de l’Évangile qu’on lit à la messe de saint Jean a été souvent interprété dans ce sens que le Disciple bien-aimé ne devait pas mourir ; cependant il faut bien reconnaître que le texte s’explique sans recourir à cette interprétation. L’Église grecque, comme nous l’avons vu dans ses offices, professe la croyance au privilège de l’exemption de la mort accordé à saint Jean ; et ce sentiment de plusieurs anciens Pères est reproduit dans quelques-unes des séquences ou hymnes des Églises d’Occident que nous avons données, ou que nous avons cru devoir promettre. L’Église romaine semblerait y incliner dans le choix des paroles de l’une des antiennes des laudes de la Fête ; cependant on doit reconnaître qu’elle n’a jamais favorisé ce sentiment, bien qu’elle n’ait pas cru devoir l’improuver. D’un autre côté, le tombeau du saint Apôtre a existé à Éphèse ; les monuments de la tradition en font mention, et aussi des prodiges d’une manne miraculeuse qu’on en a retirée pendant plusieurs siècles.

Il est surprenant toutefois que le corps de saint Jean n’ait été l’objet d’aucune translation ; aucune Église ne s’est jamais vantée de le posséder ; et quant aux reliques particulières de cet Apôtre, elles sont en très petit nombre dans l’Église, et leur nature est demeurée toujours assez vague. À Rome, lorsqu’on demande des reliques de saint Jean, on n’en obtient jamais que de son sépulcre. Il est impossible, après tous ces faits, de ne pas reconnaître quelque chose de mystérieux dans la disparition totale du corps d’un personnage si cher à toute l’Église, tandis que les corps de tous ses autres collègues dans l’apostolat ont une histoire plus ou moins suivie, et que tant d’Églises se les disputent, par parties ou en entier. Le Sauveur a-t-il voulu glorifier, avant le jour du jugement, le corps de son ami ? L’a-t-il soustrait à tous les regards, comme celui de Moïse, dans les desseins impénétrables de sa sagesse ? Ces questions ne seront probablement jamais résolues sur la terre ; mais on ne saurait s’empêcher de reconnaître, avec tant de saints docteurs, dans le mystère dont le Seigneur s’est plu à environner le corps virginal de saint Jean, comme un nouveau signe de l’admirable chasteté de ce grand Apôtre.

Réunissons encore une fois à sa louange les voix mélodieuses des diverses Églises dans les chants de la liturgie. Nous commencerons par extraire quelques répons de son Office, au bréviaire de la sainte Église romaine.

Répons

R/. Celui-ci est Jean qui se reposa sur la poitrine du Seigneur, pendant la Cène : * Heureux Apôtre à qui furent révélés les secrets célestes !

V/. Il a puisé les eaux vives de l’Évangile à la source sacrée du Cœur du Seigneur. * Heureux Apôtre.

R/. Jésus l’aimait ; carie privilège spécial de la chasteté l’avait rendu digne d’un plus grand amour : * Elu vierge par le Christ, il demeura toujours vierge.

V/. Enfin Jésus, mourant sur la croix, recommanda sa Mère vierge à ce disciple vierge. * Elu vierge par le Christ, il demeura toujours vierge.

R/. En ce jour, je te prendrai pour mon serviteur, et je te placerai comme un sceau sur mon cœur : * Car je t’ai élu, dit le Seigneur.

V/. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. * Car je t’ai élu.

Le bréviaire mozarabe contient cette belle prière, en l’Office de saint Jean l’Evangéliste :

Capitule

Les sources vives de votre cœur, Seigneur, sont ineffables, ces sources auxquelles votre bien-aimé disciple, appuyé sur votre sein, a mérité de se désaltérer ; accordez-nous donc de nous attacher étroitement à vos traces, par la mortification de nos sens, et faites, par l’intercession de saint Jean, que le feu de votre amour nous brûle et nous consume, jusqu’à nous rendre un holocauste complet et agréable à vos yeux.

Nous emprunterons aussi la prière suivante au Missel de la même Église gothique d’Espagne :

Oratio

Voyez, voyez, ô Dieu ! les péchés qui nous accablent, et comment, tous les jours, nos œuvres produisent en nous un poison, et nous méritent des supplices, souillés que nous sommes par le venin journalier de notre chair, sans songer à réparer nos forces par l’amendement d’une vie meilleure. Ô vous qui êtes toujours clément ! vous voyez ces choses, et vous attendez que nous revenions à vous par une humble confession ; c’est pourquoi nous implorons l’intercession de Jean votre Apôtre, qui, ayant bu un poison mortel, non seulement en fut délivré par l’invocation de votre Nom, mais encore ressuscita ceux que ce breuvage avait fait périr. Éloignez de nous la licence enflammée de notre chair, et le venin des suggestions de l’ancien ennemi, afin que, nous qui vous honorons dans la foi, soyons délivrés du poison secret de nos vices, comme l’Apôtre Jean demeura intact du venin qu’on lui avait présenté.

Voici encore quelques strophes tirées des menées des Grecs, en l’honneur de l’Apôtre :

En la fête de saint Jean le Théologien, 26 septembre

Abandonnant l’abîme de la mer, tu as pêche les nations comme des poissons, et, avec la ligne de la croix, tu les a toutes attirées sagement à la foi ; car, ainsi que te l’a dit le Christ, tu as été pêcheur d’hommes, les amenant à la piété : c’est pourquoi tu as répandu la connaissance du Verbe. Tu as péché Pathmos et Ephèse par tes discours, ô Apôtre théologue ; prie le Christ Dieu, pour qu’il accorde rémission de leurs péchés à ceux qui fêtent avec amour ta sainte mémoire.

Ta langue, devenue la plume de l’écrivain de l’Esprit-Saint, nous a divinement montré le vénérable et divin Évangile.

Les feux rayonnants de ta grande et divine théologie, ô glorieux Apôtre, illuminèrent la terre resplendissante d’une triple lumière.

Elle a été vraiment la plume rapide de l’écrivain, ta langue déifique qui a merveilleusement écrit la vraie gnose et la loi nouvelle sur les tables de nos cœurs, ô grand théologue !

Scruter les hauteurs des cieux, sonder les abîmes de la mer, c’est chose téméraire et impossible, comme de nombrer les étoiles ou le sable de la mer ; ainsi il ne se peut dire du théologue de combien de couronnes l’a couronné le Christ qui l’aimait, et sur la poitrine duquel il a reposé ; qui l’a rassasié en la Cène mystique, comme le théologien par excellence et l’ami du Christ.

Tu as demandé une place terrestre auprès du Christ ; mais lui t’a donné sa poitrine, ô illustre théologue ! Là tu as été gratifié d’une demeure de beauté, tranquille et permanente, ô toi la gloire des Apôtres !

Exaltons en louanges spirituelles, comme le serviteur du Christ, celui qui est la fleur de la virginité, la demeure choisie des augustes vertus, l’instrument de la Sagesse, lé temple de l’Esprit-Saint, la bouche ardente de l’Église, l’œil clairvoyant de la charité, le très vénérable Jean.

Evangéliste Jean, semblable à un Ange, vierge, instruit par Dieu même, c’est toi qui nous as révélé le côté du Christ, source limpide d’où découlent le sang et l’eau ; et ainsi tu as conduit nos âmes à la vie éternelle.

Le moyen âge des Églises Latines a été fécond sur la louange de saint Jean, et nous a laissé de nombreuses séquences en son honneur. Nous en donnerons deux seulement, en commençant par celle d’Adam de Saint-Victor, que nous choisissons comme la plus belle des quatre que le grand lyrique du moyen âge nous a laissées.

Séquence

En la fête de Jean, livrons-nous à la joie ; entonnons avec allégresse un chant à sa gloire.

Que notre bouche proclame ses louanges ; que notre cœur goûte la douceur des joies que Jean amène avec lui.

Il est le disciple chéri du Christ ; reposant sur sa poitrine, il a puisé la sagesse.

À lui le Christ sur la croix a recommandé sa Mère ; vierge, il a été le gardien de la plus pure des vierges.

Au dedans, la charité brûle son cœur ; au dehors, il brille par la dignité de sa vie, par ses prodiges et son éloquence.

Affranchi du joug de la concupiscence, il sort aussi victorieux de la chaudière de l’huile brûlante.

Il a triomphé du poison, commandé en maître à la mort et aux maladies, et terrassé les démons.

Doué d’un tel empire sur la nature, sa compassion pour les affligés ne fut pas moindre que son pouvoir.

Il rétablit un jour des pierreries qu’on avait brisées, et les distribua aux pauvres.

Il portait en lui-même un trésor inépuisable, lui qui transforma des branches d’arbres en or, des cailloux en diamants.

Le Christ son ami, entouré de ses disciples, vient l’inviter au festin éternel.

Il remonte vivant du sépulcre où il était descendu, pour s’asseoir à la table des cieux.

Le peuple en rend témoignage ; tes yeux peuvent le constater ; une manne céleste remplit son tombeau : mets divin qui rappelle le festin du Christ.

Comme Evangéliste, l’aigle est son symbole ; car il fixe le soleil, lorsqu’il contemple le Verbe Principe dans son Père Principe.

Par ses prodiges, il a converti le peuple des Gentils, peuple pervers, la province entière de l’Asie.

Par ses écrits, est éclairée et fortifiée l’Église qui est une.

Salut, ô vase de chasteté, vase plein de la rosée céleste, pur au dedans, resplendissant au dehors, auguste en toutes choses !

Fais-nous suivre la voie de la sainteté ; fais que, par la pureté de nos âmes, nous méritions de contempler un jour l’Unité dans la Trinité.

Amen.

Le beau Cantique qui suit est tiré des anciens Missels des Églises d’Allemagne :

Séquence

Le Verbe de Dieu, né de Dieu, ni fait, ni créé, est venu du ciel : Jean l’a vu, il l’a touché, il l’a dévoilé jusque dans le ciel.

Entre ces sources primitives, vrais ruisseaux de la fontaine de vérité, il a jailli ; il a versé au monde entier ce nectar salutaire qui coule du trône de Dieu.

Il franchit le ciel, il contemple le disque du vrai soleil ; il y fixe toute l’ardeur du regard de son âme ; contemplateur spirituel, comme le Séraphin sous ses ailes, il voit la face de Dieu.

Il a entendu autour du trône ce que les vingt-quatre vieillards chantent sur leurs harpes ; il a empreint du sceau de la Trinité l’or de notre cité terrestre.

Gardien de la Vierge, en écrivant son Évangile, il a fait connaître au monde le mystère secret de la divine naissance. Après l’avoir fait reposer sur le sanctuaire de son cœur, le Christ lui recommande, à lui fils du tonnerre, Marie, son lis sans tache, avec la confiance du mutuel amour qui les unissait.

On lui fait boire un poison mortel ; mais la vertu de la foi préserve son corps virginal ; le supplice même s’étonne que Jean sorte sans atteinte de l’épreuve de l’huile brûlante.

Il commande à la nature : il change les pierres en joyaux précieux ; par ses ordres le rameau de la forêt se durcit et devient or.

Il ouvre les enfers, il commande à la mort de rendre ceux que le poison avait fait périr : il confond d’Ebion, de Cérinthe, de Marcion, les perfides aboiements.

Aigle, il vole sans limite, plus haut que jamais ne volèrent ni poète, ni prophète ; jamais homme ne vit avec tant de clarté le mystère des choses accomplies, le secret des choses à venir.

L’Époux, couvert de la robe de pourpre, vu par les hommes, mais non compris, remonte au ciel, son palais ; il envoie à l’Épouse l’aigle d’Ézéchiel, pour lui apprendre le mystère des cieux.

Ô bien-aimé ! parle de ton bien-aimé ! Dis à l’Épouse quel est l’Epoux : dis quelle est la nourriture des Anges, quelles sont les tètes des habitants des cieux, en la présence de l’Époux.

Révèle le pain qui nous initie à la vérité, cette Cène du Christ que tu goûtas sur la poitrine du Christ : afin que devant l’Agneau, devant son trône, nous chantions par delà les cieux tes louanges, en retour de ta protection.

Nous vous saluons aujourd’hui, le cœur plein de reconnaissance, ô bienheureux Jean ! qui nous avez assistés avec une si tendre charité dans la célébration des mystères de la Nativité de votre divin Roi. En relevant vos ineffables prérogatives, nous rendons gloire à Celui qui vous en a décoré. Soyez donc béni, ô vous l’ami de Jésus, le Fils de la Vierge ! Mais avant de nous quitter, recevez encore nos prières.

Apôtre de la charité fraternelle, obtenez que nos cœurs se fondent tous dans une sainte union ; que les divisions cessent ; que la simplicité de la colombe, dont vous avez été un exemple si touchant, renaisse au cœur du chrétien de nos jours. Que la foi, sans laquelle la charité ne saurait exister, se maintienne pure dans nos Églises ; que le serpent de l’hérésie soit écrasé, et que ses affreux breuvages ne soient plus présentés aux lèvres d’un peuple complice ou indifférent ; que l’attachement à la doctrine de l’Église soit ferme et énergique dans les cœurs catholiques ; que les mélanges profanes, la lâche tolérance des erreurs ne viennent plus affadir les mœurs religieuses de nos pères ; que les enfants de lumière se tranchent d’avec les enfants de ténèbres.

Souvenez-vous, ô saint Prophète, de la sublime vision dans laquelle vous fut révélé l’état des Églises de l’Asie-Mineure : obtenez pour les Anges qui gouvernent les nôtres cette fidélité inviolable qui mérite seule la couronne et la victoire. Priez aussi pour les contrées que vous avez évangélisées, et qui méritèrent de perdre la foi. Assez longtemps elles ont souffert l’esclavage et la dégradation ; il est temps qu’elles se régénèrent par Jésus-Christ et son Église Du haut du ciel, envoyez la paix à votre Église d’Éphèse, et à ses sœurs de Smyrne, de Pergame, de Thyatire, de Sardes, de Philadelphie et de Laodicée ; qu’elles se réveillent de leur sommeil ; qu’elles sortent de leurs tombeaux ; que l’Islamisme achève promptement ses tristes destinées ; que le schisme et l’hérésie qui dégradent l’Orient s’éteignent, et que tout le troupeau se réunisse dans l’unique bercail. Protégez la sainte Église romaine qui fut témoin de votre glorieuse Confession, et l’a enregistrée parmi ses plus beaux titres de gloire, à la suite de celles de Pierre et de Paul. Qu’elle reçoive, de nos jours où la moisson blanchit de toutes parts, une nouvelle effusion de lumière et de charité. Enfin, ô Disciple bien-aimé du Sauveur des hommes, obtenez que nous soyons admis, au dernier jour, à contempler la gloire de votre corps virginal ; et après nous avoir présentés sur cette terre à Jésus et à Marie, en Bethléhem, présentez-nous alors à Jésus et à Marie, dans les splendeurs de l’éternité.