De vous à moi
par Serge Iciar

De vous à moi, cher lecteur : suivez les conseils de lecture de l’Abbé Pivert. Encouragé par notre bon Abbé à vous donner envie de lire les livres qu’il nous recommande, j’en suis arrivé à la conclusion que la meilleure façon de vous recommander ces ouvrages serait de vous faire part du profit que j’en ai tiré.

Je vais donc vous rapporter une expérience récente qui, je l’espère, vous incitera à suivre les conseils de lecture de ce site.

Un jour que j’étais perdu dans mes réflexions, je me suis pris – Dieu me pardonne – à passer en revue tous les prêtres que la Providence m’avait donné de rencontrer durant ces quelques vingt dernières années de ma conversion en me livrant à quelques appréciations pas toujours très charitables.  Le même jour – signe de la Providence ? – arrivé à la lecture de l’Évangile[1], le souvenir m’est revenu de ces prêtres envers lesquels d’instinct j’avais éprouvé des restrictions. « Les âmes, sachons-le bien, perçoivent comme d’instinct, et sans même définir clairement ce qu’elles éprouvent, cette irradiation du surnaturel [2] ». Ne s’ensuit-il pas qu’elles en perçoivent l’absence ?

Or tous, je dis bien tous, sont aujourd’hui des ralliés[3].

Ces pensées m’ont ramené au livre L’Âme de tout apostolat. Je vous ai dit qu’il s’adresse d’une manière générale « aux soldats qui, tout zèle, tout ardeur pour leur noble mission, s’exposent, en vertu même de l’activité qu’ils déploient, au péril de n’être point, avant tout, des hommes de vie intérieure… », mais il n’en reste pas moins vrai que, notamment dans sa dernière partie, il s’adresse explicitement à ses confrères : « revenons aux chers et vénérés confrères à qui nos pages sont réservées ».

Et c’est avec douceur mais sans aucune vaine précaution, que Dom Chautard fait le départ entre celui qui est avant tout un homme de vie intérieure et celui qui « ouvrier de Dieu, tout à la satisfaction de donner cours à son activité naturelle, avait laissé s’évanouir la vie divine, ce calorique divin qui, amassé en lui, rendait son apostolat fécond et protégeait son âme contre le froid glacial de l’esprit naturel. Il avait travaillé mais loin du soleil vivifiant ».

Tout son enseignement est là, nul ne peut être un réservoir débordant de grâces s’il ne les a pas lui même reçues par une vie intérieure intense. Cette vie intérieure d’oraison, qui conduit à l’engagement auprès de l’Immaculée de conserver la Garde du cœur :

« Ma Mère, désormais, j’entendrai ce rappel de votre Cœur, et ma fidélité y répondra par un arrêt énergique et tout d’une pièce. Il pourra n’avoir que la durée d’un éclair, mais il suffira pour que je me pose l’une au l’autre de ces questions : Pour qui est l’action présente ? Comment Jésus agirait-il à ma place ? Cette interrogation intime passée à l’état d’habitude constitue la Garde du cœur. Elle me permettra dans les moindres détails de tenir mes facultés et leurs tendances dans une dépendance habituelle de plus en plus parfaite à l’égard de Dieu vivant en moi ».

Porté à ces jugements n’étais-je pas en passe de manquer au devoir de respect à l’égard des serviteurs de Dieu ? Ou même ne manquais-je pas à la Charité ?

Et là je fus ramené à l’ouvrage de Dom Sarda y Salvany, Le libéralisme est un péché[4] que j’étudiais alors :

« Le prêtre apostat est le premier facteur que recherche le diable pour réaliser son œuvre de rébellion. Il a besoin de la présenter aux regards des gens avec quelque apparence d’autorité ; or, rien ne le sert autant sous ce rapport que le contreseing d’un ministre de l’Église. Et comme malheureusement il se trouve toujours, dans cette sainte Église, des ecclésiastiques corrompus dans leur mœurs, corruption par où l’hérésie chemine le plus communément, ou bien aveuglés par l’orgueil, cause très fréquente aussi d’erreur, il en résulte qu l’Esprit mauvais, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, a eu de tout temps à sa disposition des apôtres et des fauteurs parmi le clergé ».

Comment penser que Jésus pourrait s’accorder avec ces prêtres apostats qui embrassent le Coran en reconnaissant sa sainteté alors que ce Livre conteste Sa divinité et prétend placer Son peuple en soumission (dhimmitude) ?

Comment Jésus aurait-il pu s’accorder à des prêtres qui honorent l’hérésie en la personne de Luther ? Comment Jésus pourrait-il s’accorder à des ecclésiastiques corrompus dans leur mœurs comme celui qui a été nommé président de l’Académie pontificale pour la Vie et Grand-Chancelier de l’Institut pontifical Jean-Paul II. Ce qui en fait un quelque sorte le Ministre de la Famille du Vatican[5]. ?

« Ainsi donc il convient d’enlever toute autorité et tout crédit au livre, au journal et au discours de l’ennemi, mais il convient aussi, en certains cas, d’en faire autant pour sa personne, oui, pour sa personne qui est incontestablement l’élément principal du combat, comme l’artilleur est l’élément principal de l’artillerie et non la bombe, la poudre et le canon. Il est donc licite en certains cas de révéler au public ses infamies, de ridiculiser ses habitudes, de traîner son nom dans la boue. Oui, lecteur, cela est permis, permis en prose, en vers, en caricature, sur un ton sérieux ou badin, par tous les moyens et procédés que l’avenir pourra inventer. Il importe seulement de ne pas mettre le mensonge au service de la justice. Cela non, sous aucun prétexte il ne peut être porté atteinte à la vérité, même d’un iota. Mais sans sortir de ces strictes limites on peut se souvenir de cette parole de Crétineau-Joly et la mettre à profit : La vérité est la seule charité permise à l’histoire, on pourrait même ajouter : et à la défense religieuse et sociale. » (Le libéralisme est un péché).

Mes derniers scrupules sont tombés (mais je ne manquerai pas de m’en confier à mon directeur de conscience).

Cher lecteur, je suis certain que vous avez vécu ce genre d’associations qui ne peuvent survenir qu’entre de nombreuses références. C’est alors que nous mesurons la richesse de nos lectures et que toutes nos lectures en sont elles même enrichies.

« Un de mes professeurs de séminaire nous proclamait : « Si vous ne lisez pas, vous finirez par trahir ! » Voici donc, pour ne pas trahir, quelques textes fondamentaux dont je vous conseille vivement la lecture. » Abbé François Pivert.

Serge ICIAR

[1]    Évangile selon St Matthieu 23, 1-12« Les scribes et les Pharisiens  se sont assis sur la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes, car ils élargissent leurs phylactères et allongent leurs houppes ; ils recherchent les premières places dans les repas, les premiers sièges dans les synagogues, les saluts sur les places publiques, et l’appellation de Rabbi ».

[2]    L’Âme de tout apostolat

[3]    Tous ont franchis le pas avant même que le « coup de tampon » de l’accord pratique ne soit apposé par Rome. Cf. l’article de M l’abbé Pivert commentant les entretiens radiophoniques de Mgr Fellay.

[4]    Le libéralisme est un péché. Qui sera cité Le libéralisme

[5]    CF article du 9 mars 2017 Rome penche vers toutes les déviances.