Comment j’ai compris pourquoi l’Immaculée devait être mon idéal
par Serge Iciar

Avant propos

Avant de continuer la présentation de l’ouvrage de l’Abbé Stehlin, l’Immaculée notre idéal il nous faut vider la question de sa canonisation.

L’Abbé Stehlin désigne Maximilien Kolbe sous le vocable de saint mais, en insérant une note qui laisse à penser que cette question pouvait faire débat. « Le procès de béatification du Père Kolbe fut ouvert le 16 mars 1960. Le 30 janvier 1969, la congrégation pour la cause des saints approuva le décret d’héroïcité des vertus, et le 14 juin 1971, le décret sur les miracles obtenus par son intercession. Le 17 octobre 1971 eut lieu sa béatification, et le 10 octobre 1982 sa canonisation. Sur la controverse concernant les canonisations actuelles, voir À propos des canonisations de Jean-Paul II, dans « Nouvelles de chrétienté » n° 77, p. 1-14 ; Mgr Lefebvre, L’infaillibilité des canonisations faites par le pape Jean-Paul II, dans « Le Sel de la Terre » n° 42, p. 244-245 ; Abbé Henri Forestier, « La sainteté selon Vatican II », dans La religion de Vatican II, Éditions des Cercles de Tradition de Paris, 2003, p. 75-80 ; Les Saints du Concile, dans « Fideliter » n° 182, p. 4-39.

J’ai donc demandé à M. l’abbé Pivert quelle position on doit tenir quant aux sanctifications et autres béatifications accordées à tout va par Rome. Peut-on désigner Maximilien Kolbe sous le vocable de Saint ? Voici sa réponse : « Les canonisations des papes modernes sont douteuses. Or il ne nous appartient pas de faire le tri entre celles qui pourraient être justifiées et celles qui ne le pourraient pas. Évidemment, nous pourrions accepter les canonisations populaires, par exemple du Padre Pio ou de Maximilien Kolbe, mais nous n’avons pas l’autorité pour cela. Donc, nous n’en reconnaissons aucune. Il est facile de parler de Maximilien Kolbe comme on parle de Don Bosco, sans exprimer la qualité de saint. »

Tel est l’effet du libéralisme par la « libéralité » des canonisations post-conciliaires, le doute est jeté sur toutes les canonisations, même celles qui pourraient être parfaitement justifiées.

M. l’abbé Pivert me demande aussi de faire savoir qu’il met en garde contre la Milice de l’Immaculée établie dans la Tradition et actuellement sous l’autorité de la Fraternité Saint Pie X. Ce serait contredire l’Immaculée que de s’y inscrire et de participer à ses travaux, puisque l’une se rapproche du monde et l’autre nous en éloigne.

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De vous à moi,  cher lecteur,  L’Immaculée notre idéal a été pour moi un véritable traité de théologie et de dévotion mariale. C’est pourquoi je ne suivrais pas le plan de l’ouvrage de l’Abbé K. Stehlin et je commencerai par la partie qui m’a permis de discerner enfin la véritable place de l’Immaculée dans le dessein de Dieu ; sa place dans notre foi, dans le Credo.

J’ai compris alors cette place spécifique au côté de la Sainte Trinité (1er article) qui justifie le culte particulier (culte d’hyperdulie) que seule l’Église catholique lui a rendu[1].

Vous pourrez alors me suivre dans l’étude de la sixième et dernière partie de son livre au rôle particulier que Notre-Seigneur a confié à Notre-Dame dans les derniers temps de l’histoire du monde.

C’est au terme de cette étude que j’ai compris pourquoi l’Immaculée pouvait être cet idéal que Dom Chautard nous proposait comme centre de la vie intérieure. Il s’agit d’orienter une dévotion sentimentale vers la première étape de la consécration, avec le discernement et la prudence auxquels nous sommes appelés par le Père Maximilien Kolbe. (3ème article).

De vous à moi,  cher lecteur, si j’éprouvais une dévotion quasi enfantine pour « ma Maman du ciel » je n’avais pas pris la mesure de l’importance que pouvait avoir la consécration à l’Immaculée pour ma quête spirituelle. Le désir du ciel était pour moi une abstraction. Les pages consacrées à la vie intérieure et aux différentes étapes de la Milice de l’Immaculée ont été pour moi une révélation.  Je vais essayer de vous faire partager cette expérience même si j’imagine que « l’élite » que M. l’Abbé Pivert a rassemblée autour de lui a sûrement dû dépasser cette étape .

Le Père Maximilien distingue trois degrés dans la Milice : Dans le premier degré de la Milice de l’Immaculée, chacun se consacre soi-même  à l’Immaculée et cherche à poursuivre le but de la Milice individuellement, selon ses possibilités personnelles et les règles de la prudence. Dans le deuxième degré de la Milice de l’Immaculée, des statuts particuliers et des programmes lient ensemble les membres qui, en unissant leurs forces, veulent plus rapidement en poursuivre le but. Dans le troisième degré de la Milice de l’Immaculée se réalise la consécration sans limites à l’Immaculée. Ainsi elle pourra faire de nous tout ce qu’elle veut et comme elle le veut. Nous sommes entièrement à elle et elle à nous. Nous faisons tout avec son aide, nous vivons et travaillons sous sa protection. Ainsi le premier degré se limite à l’action individuelle, le deuxième ajoute l’action sociale, et le troisième, brisant toute limite, tend à l’héroïsme.

L’Immaculée complément de la Très Sainte Trinité.[2]

Le Père engendre le Fils, et l’Esprit procède du Père et du Fils. Dans ces quelques mots se trouve le mystère de la vie de la très Sainte Trinité et de toutes les perfections dans les créatures[3]

Le Père engendre, le Fils est l’Engendré, l’Esprit est la Conception jaillissante (d’Amour), et c’est là leur vie personnelle, par laquelle ils se distinguent entre eux. Mais ils sont unis par la même Nature, l’existence divine.

Les créatures, selon la loi naturelle qui leur est donnée par Dieu, se perfectionnent, s’assimilent à lui, retournent à lui ; et les créatures intelligentes l’aiment d’une façon consciente, et par cet amour s’unissent de plus en plus à lui, et retournent à lui[4]

(Or) La créature la plus totalement remplie de cet amour, remplie de la divinité : c’est l’Immaculée, l’Immaculée notre idéal.

Sans aucune tache de péché, qui ne s’est en rien séparée de la volonté de Dieu ; unie au Saint-Esprit comme son épouse,… Lui-même est l’Amour en elle,… il la féconde, et cela dès le premier instant de son existence, durant toute sa vie, et jusque dans l’éternité.

Et ainsi le retour à Dieu,…(qui est l’amour), suit un chemin différent de celui de la création.

Le chemin de la création va du Père par le Fils et l’Esprit ; ici, il va, par l’Esprit et le Fils, au Père, c’est-à-dire que, par l’Esprit, le Fils s’incarne dans le sein de l’Immaculée et, par ce Fils, l’amour retourne au Père.

Et elle, (l’Immaculée), insérée dans l’Amour de la très Sainte Trinité, devient, dès le premier moment de son existence et pour toujours, le « complément de la Sainte Trinité ».

Le « complément de la Sainte Trinité » ! J’ai dû lire et relire ce passage pour en saisir toute l’essence. La relation trinitaire est complétée pour l’éternité.

Et par l’Incarnation puis, au sommet de sa Croix par les paroles du Christ : « Femme, voici ton fils. » et « Voici ta mère. » Évangile de Saint Jean (19, 25-27) nous sommes devenus, à notre tour, fils de la Vierge Marie frères de Jésus-Christ « premier-né » (et non pas fils unique, car Marie est devenue mère des hommes).

Car si l’Homme-Dieu premier-né ne fut conçu qu’avec le consentement exprès de la divine Vierge, il n’en sera pas autrement des autres hommes, qui doivent imiter leur Modèle en tout et avec exactitude. C’est dans le sein de la Vierge que l’âme doit renaître selon le moule de Jésus-Christ.

« L’Immaculée, parce qu’elle est mère de Jésus Christ, est corédemptrice ; parce qu’elle est épouse de l’Esprit Saint, elle est dispensatrice de toutes grâces. Elle est notre médiatrice. »

De tout ceci nous pouvons conclure que Marie, comme mère de Jésus, du Sauveur, devint corédemptrice du genre humain, et comme épouse du Saint-Esprit, elle participe à la distribution de toutes les grâces…

Et par aucun autre moyen que par elle, l’amour des créatures ira vers Jésus, et par lui au Père .

Cette vérité consolante est le cœur de la Milice de l’Immaculée, le centre et le foyer de la vie du chevalier de l’Immaculée.

L’action de la Milice de l’Immaculée se fonde sur cette vérité que Marie est la médiatrice de toutes les grâces. Si elle ne l’était pas, tout notre travail et tous nos efforts seraient vains .

Telle est cette vérité consolante qui est devenue mienne et que je voudrais partager avec vous dans mes prochains articles consacrés à l’Immaculée notre idéal.

Serge ICIAR

[1] Ce passé composé n’est pas une faute de style comme nous le verrons.

[2] Troisième partie Marie « Moule » de la Milice, Chapitre 2, p 106 et s

[3] Italiques réservées aux citations du Père Maximilien Kobe

[4] Nombre de citations sont tirées d’un livre inachevé ; le style s’en ressent.